jeudi 29 mars 2018

Jean 20/19-31 - Une autre approche de la résurrection dimanche 8 aril 2018


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Jean 20,19-31

19 Le soir de ce même dimanche, les portes de la maison où les disciples se trouvaient [rassemblés] étaient fermées car ils avaient peur des chefs juifs; Jésus vint alors se présenter au milieu d'eux et leur dit: «Que la paix soit avec vous!»
20 Après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21 Jésus leur dit de nouveau: «Que la paix soit avec vous! Tout comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.»
22 Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit! 23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.»

24 Thomas appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25 Les autres disciples lui dirent donc: «Nous avons vu le Seigneur.» Mais il leur dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n'y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas.»
26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint alors que les portes étaient fermées, se tint au milieu d'eux et dit: «Que la paix soit avec vous!»
27 Puis il dit à Thomas: «Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois!»
28 Thomas lui répondit: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus lui dit: 29 «Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru!»


Grâce à ce texte, nous allons plonger au cœur du message chrétien et nous allons toucher du doigt la vérité de l’Evangile sans omettre les questions que cela peut nous poser. Mais avant d’aller plus loin nous allons-nous livrer à un petit quitz qui nous aidera à mieux nous situer en face de la multiplicité des propos que l’on tient à au sujet des religions contemporaines.  Demandons-nous honnêtement quel et le fondement de la religion chrétienne et en quoi consiste le message de Jésus ?

Nous voilà tous en train de nous livrer à un débat intérieur et de nous demander ce qu’il y a de fondamental dans le message de Jésus pour ce monde. Bien évidemment  c’est  le message d’amour qui nous vient spontanément à l’esprit. Jésus ne résume-t-il pas son Evangile dans l’injonction à aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme nous-mêmes ? Pour  renforcer  ce message, ne dit-il pas aussi que Dieu lui-même est amour et que c’est à la manière dont nous nous aimerons les uns les autres que nous serons perçus comme des disciples de Jésus.

Certes, l’amour est fondamental  dans les Ecritures, mais il n’est pas exclusif de l’enseignement de Jésus. Les prophètes avant lui en ont parlé et bien souvent les récits bibliques donnent à Dieu une attitude qui révèle le profond amour dont il fait état dans son comportement vis-à-vis des hommes. La Bible ne s’ouvre-t-elle pas sur un récit qui relate cette attitude d’amour de Dieu. Il nous est raconté en son tout début que Dieu intervint dans le cours de l’histoire de Caïn pour l’inciter à vivre après qu’il ait tué   son frère Abel. Dieu força alors Caïn à vivre  et le marqua même d’un signe pour qu’on ne le tue pas.  Toute la spécificité de Dieu est dans ce geste et c’est par amour que Dieu contraignit Caïn  à vivre.

Si ce n’est donc pas l’amour qui est spécifique du message de Jésus, même si c’est  par lui qu’il rend compte de la réalité de Dieu, c’est le don de la vie, sans autre alternative  qui caractérise Jésus dont l’Évangile s’achève sur un long développement  introductif à  la résurrection qui est décrite comme le don suprême de la vie que Dieu nous réserve.

 Plus du quart  des Évangiles nous rapportent comment Jésus donne sa vie par amour afin que nous héritions de la vie  et que nous l’ayons en abondance. On a beaucoup glosé sur ces  textes dits de la passion, et on a préféré parler  plutôt du sacrifice que de la vie de Jésus, plutôt que de la vie que Dieu donne aux humains, car c’est  en les ouvrant à ce mystère qu’il les rend participants à la résurrection. La résurrection nous rend accessibles à la vie que Dieu propose de partager avec chacun de nous comme il le fit pour Jésus.

Au matin de Pâques, la tombe était vide et aucun des 4 évangiles ne nous dit qu’il y ait eu un témoin à l’événement. Les gardes placés devant le tombeau dormaient, ses amis qui se terraient chez eux ne virent donc rien. Au petit matin, les femmes arrivèrent trop tard. Un peu plus tard, les deux disciples qui le croisèrent sur la route d’Emmaüs ne le reconnurent pas tant qu’il resta visible à leurs côtés  et Marie Madeleine le confondit avec le jardinier.  Personne ne put donc dire quoique ce soit de l’événement et pourtant, le bruit se répandit que Jésus  était vivant, et  ils crurent à cette réalité.  La joie fit place au doute, la sérénité devint foi, la résurrection devint vérité.

La foi lentement prenait place dans leur conscience. Dieu silencieusement travaillait en eux pour accomplir  son œuvre  de conviction intérieure. Tous furent convaincus du fait que l’impossible s’était réalisé sans qu’ils puissent en dire quoi que ce soit. La mort était dépassée par Dieu pour que s’accomplisse le mystère de la résurrection dont personne n’avait rien vu et ne voyait toujours rien. L’impossible prenait valeur de vérité.

De même que Dieu est invisible, de-même la vie nouvelle qu’il répand sur quiconque  reste invisible. Chacun découvrait alors que tout cela se passait au fond de lui-même et que Dieu y prenait place.  La vie nouvelle  s’installait en chacun d’eux et chacun devait désormais l’alimenter par les gestes d’amour que l’Esprit lui inspirait.

Comme je pense avoir tout dit, je pourrais m’arrêter là. Mais,  je n’ai pas encore parlé de Thomas  et comme il est  l’acteur principal de ce récit vous n’y trouverez pas votre compte. Alors que beaucoup dans l’Église naissante était dans l’euphorie, les sceptiques dont Thomas faisait partie, étaient en recherche de la preuve matérielle que tout cela s’était réellement passé. Ils voulaient voir pour croire.  C’est encore aujourd’hui notre problème car nous aussi, nous voudrions rencontrer  des témoins crédibles pour croire vraiment. Dans l’Eglise naissante,  on dressa la liste des compagnons de Jésus qui étaient sensés l’avoir vu vivant et plus tard, au moment de la rédaction des Évangiles on rapporta les récits de leurs rencontres,  mais les plus marginaux dont Thomas qui n’avaient rien vu  jouaient  les frustrés, c’est pourquoi ce petit récit prit sa place dans l’Évangile pour donner de la place à ceux qui n’y trouvaient pas leur compte.

C’est donc ici un récit  concernant  le plus  frustré des compagnons de Jésus qui a été rapporté. Il voulait le voir, il voulait le toucher, il voulait  la preuve sensible  d’un événement  dont il pourrait rendre compte.  Il voulait que ce qui allait marquer son âme  commence par être visible.  Pour dire les choses d’une manière plus triviale, il voulait que le sang sur les plaies de Jésus ne soit pas sec  plus de 10 jours après sa mort pour qu’il puisse le toucher de ses doigts. Il était à la recherche de Dieu dans le monde des morts vivants et cela  n’avait que peu de chances d’aboutir. C’est dans cet état d’esprit qu’il se trouve au moment où on rapporte la scène.

Mais quand enfin cela se passe, et que l’occasion s’offre à lui de le toucher, Jésus lui offrit son  corps meurtri et  il ne le toucha  pas. Il venait  de franchir le mur qui le séparait  de l’invisible pour s’approprier dans son âme la réalité à laquelle il ne croyait pas encore. La certitude que la vérité sur la résurrection ne se touche pas était en train de s’imposer à lui. La résurrection ne se voyait pas, elle était le résultat d’une démarche intérieure initiée en lui par Dieu. La foi ouvrait alors la porte à une vérité incroyable qui le concernait lui et les autres. La porte de la maison qui était fermée s’ouvrait alors sur une autre réalité toute intérieure.

Tout ce qui est décrit ici comme visible n’était en réalité  visible que pour les yeux de la foi. Jésus devenu invisible aux yeux de ses amis prenait désormais une autre réalité pour leur foi et il les entraînait avec eux dans la vie qui commençait  pour eux à l’instant même où la résurrection devenait réalité pour eux.

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