vendredi 8 décembre 2017

Luc 1:46-55 - le Magnificat - dimanche 17 décembre 2017



Luc 1 46-55

46 Marie dit: «Mon âme célèbre la grandeur du Seigneur
47 et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur,
48 parce qu'il a porté le regard sur son humble servante. En effet, voici, désormais toutes les générations me diront heureuse,
49 parce que le Tout-Puissant a fait de grandes choses pour moi. Son nom est saint,
50 et sa bonté s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent.
51 Il a agi avec la force de son bras, il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
52 Il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les humbles.
 53 Il a rassasié de biens les affamés et il a renvoyé les riches les mains vides.
54 Il a secouru Israël, son serviteur, et il s'est souvenu de sa bonté
55 - comme il l'avait dit à nos ancêtres - en faveur d'Abraham et de sa descendance pour toujours.»

Si l’irruption de Dieu dans notre vie quotidienne pouvait provoquer une transformation du monde aussi spectaculaire  que  celle  qui se trouve décrite dans le magnificat, ce merveilleux poème que l’Évangile de Luc place dans la bouche de Marie, qu’il en soit ainsi ! 

Pourquoi subirions-nous ce monde si triste et si cruel quand Dieu n’y est pas, alors que si nous l’invitions,  sa présence   pourrait le faire  irradier en nous de mille feux  et nous faire avoisiner  le monde des anges qui gravitent  en cavalcades scintillantes autour du trône de Dieu.  Les artistes qui ont construit les cathédrales et les ont enluminées de vitraux multicolores ont essayé de rendre compte de cette réalité en nous donnant l’illusion qu’un tel paradis était possible.

Illusion ! Le mot vient d’être prononcé. Par la magie du verbe, par la beauté de la lumière colorée, par le merveilleux pouvoir de l’imaginaire,  les hommes se donnent l’illusion de croire qu’ils peuvent pour une nuit ou quelques heures transformer la réalité du monde et lui donner l’aspect de ce que Dieu voudrait.

Mais trêve d’illusion, Dieu appartient à une autre réalité.  La présence de Dieu  ne relève  pas de l’illusion, même s’il lui arrive, de nous faire comprendre ses mystères par la magie de la poésie. Dieu nous donne le moyen  de mettre sa présence en évidence si nous voulons  bien rester en communion avec lui et faire l’effort  de l’écouter. Nous réaliserons alors avec nos propres mains les projets que Dieu  nous  promet de mettre en œuvre. Dieu ne nous berce pas d’illusions, mais il nous entraîne vers une réalité possible pour peu que nous y mettions de la bonne volonté, cela nécessite  cependant notre collaboration.

C’est pour nous faire entrer dans cette compréhension des  choses que  des images évoquant la précarité humaine traversent toute la Bible. Elles parlent  d’espérance là où les hommes sont le plus fragilisés  et sont en but  à l’arrogance des puissants qui prétendent régenter les choses de ce monde, comme si le monde était soumis à leurs  lois. Dieu  suggère qu’il y a toujours un temps possible pour s’opposer aux oukases que les puissants imposent aux petits. Il dit clairement   qu’il  désapprouve toujours les torts qui sont faits aux humbles, aux petits et aux faibles.  Ainsi malgré la puissance qu’ils croient détenir, malgré la force qu’ils croient avoir à leur disposition, Dieu oppose sa réprobation à ceux qui s’imposent par la violence. Il   leur laisse entendre qu’ils n’agissent pas selon  le cours normal de l’histoire et qu’elle  se retournera, tôt ou tard, contre tout ce qu’ils s’efforcent de faire.

C’est dans  la logique que nous venons de décrire que s’inscrit l’intervention de Marie. Elle rassemble dans  ses paroles toute l’espérance des petits et la puissance qui émane de son propos met en eux assez de dynamisme pour  donner du courage à ceux qui n’en ont plus. Elle inscrit solidement en eux la certitude qu’un jour ils auront la force de réaliser ce  qu’elle promet,  si bien que ses paroles laissent entendre que Dieu habite le futur. La voix de Marie fait échos à tant d’autres voix qui, à leur manière ont porté les mêmes promesses. Entendez la voix des prophètes qui  annoncent que tous les peuples  se rallieront à cette cohorte de gens   qui montent en chantant à la montagne du Seigneur. Ils saluent  avec audace une ère nouvelle qui se réalisera parmi les hommes  par la grâce de Dieu. La vache et l’ours partageront le même gîte et le petit enfant jouera  près du terrier du serpent.  C’est Agar qui survécu  dans le désert à la colère de Sarah  et qui vit son fils Ismaël échapper à la soif mortelle. Jonas près d’être englouti dans les flots, n’entend-t-il pas la voix de l’espérance alors qu’il est dans le ventre du poisson ?

Pour entendre toutes ses voix  et qu’elles deviennent  réalité en lui, il faut que chacun constate que c’est Dieu qui  les inspire  et construise une espérance en lui.  L’espérance,  est ce sentiment qui nous habite et qui nous rappelle constamment que notre Dieu est créateur.  Elle est  comme un  ciment  qui  lui sert à construire en nous un dynamisme porteur d’une force capable de défier tout ce qui nous est hostile.  Dieu n’agit pas  en nous comme par miracle pour répondre à notre attente passive, mais c’est son esprit qui  mobilise en nous les forces de réaction qui nous permettront d’attendre le temps opportun pour accomplir ses promesses.

Mais à côté de ces voix multiples qui font écho à celle de Dieu, nous entendons aussi  ces voix qui nous sont si pénibles à percevoir et qui portent en elles les plaintes des peuples opprimés et réduits en esclavage. C’est la terre elle-même qui se permet de crier en lieu et  place des peuples quand leurs voix n’ont plus la force de  dire leur indignation.  C’est la terre  qui crie  l’horreur d’Abel assassiné par son frère. C’est la terre qui s’insurge  à cause du sang des innocents massacrés sous les fenêtres de Marie qui ne doit son salut et celui de son fils que dans la fuite devant les sbires d’Hérode.

La protestation des Ecritures  contre toutes ces atrocités ne fait que souligner la réalité du monde présent, elle ne dit nullement la fatalité à laquelle Dieu se soumettrait par la force  des choses,  mais elle dit la nécessité  de rendre efficace  l’espérance  qui maintient solidement en chaque croyant  sa patience et sa faculté  d’attendre  le temps opportun pour  agir.

Dieu fait entendre sa voix dans un monde qui  se perdrait  sans l’espérance qu’il lui donne. L’espérance est  le premier acte créateur de Dieu en nous, c’est par elle qu’il détruit les trônes des puissants et  que les innocents  ne subissent pas les caprices irresponsables des tyrans, c’est par elle que la maladie n’entraîne pas irréversiblement dans la mort ceux qui luttent pour la vie.  C’est par l’espérance que Dieu  créé  au cœur des humains  une possibilité d’agir. Elle  s’oppose à toutes  les forces obscures qui habitent  les hommes tant  qu’ils ne sont  pas éclairés par une  volonté  d’agir pour le bien de tous. C’est ainsi que Dieu crée en nous  un désir puissant pour modifier le cours des choses.

Dieu fait ainsi aux hommes en recherche, des propositions telles que lentement ils se  rallient à lui et donnent du crédit à ces voix prophétiques, comme celle de Marie. Ils se mettent ainsi, au service de Dieu. Ils attendent  de lui un acte créateur d’espérance pour que le monde avance dans le sens où Dieu le souhaite. Ainsi nous progressons avec Dieu pour que ce monde devienne la réalité de demain.  Cette réalité ne pourra vraiment se réaliser que lorsque la bonne volonté des hommes entrera, par la puissance de l’esprit en harmonie avec la volonté de Dieu.

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