lundi 20 novembre 2017

Marc 13:33-37 Veillez et priez - Dimanche 3 décembre 2017



Veillez et prier  Marc 13/33-37

Marc 13/ Prenez garde, veillez et priez car vous e savez quand sera le moment. 34 Il en sera comme d’un homme qui, partant en voyage, laisse sa maison, donne autorité à ses esclaves, à chacun sa tâche, et commande au gardien de la porte de veiller. 35 Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de maison : le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou au matin ; 36 craignez qu’il n’arrive à l’improviste et ne vous trouve endormis. 37 Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.  

Écoutez : N’est-ce pas le pas d’un homme que l’on entend sur la route ? Il marche, indifférent aux paysages changeants qu’il traverse. Il trouve que tout est terne et monotone. Il n’entend pas le chant des oiseaux qui accompagnent ses pas et il maudit le vacarme qu’ils font et qui l’empêche de penser. Parfois son pied butte sur un des rares cailloux qui par hasard se trouve sur l’asphalte bien lisse ! Comment pourrait-il avancer sur ce mauvais chemin maugrée-t-il ? Où va-t-il ainsi, ce grincheux à l’humeur morose ? Il ne sait pas. 

Il se croit placé là pour accomplir son destin en suivant le chemin de sa vie qui ne mène nulle part. Il n’a pas de véritable compagnon de route et cache son désarroi dans une indifférence affichée. Insensible à tout ce qui l’entoure, il s’appesantit sur lui-même et ne songe qu’à se plaindre. Mais cette indifférence aux événements cache son angoisse, car en fin de compte il a peur. Mais il ne se l’avoue pas car seuls les faibles et les enfants ont le droit d’avoir peur. 

De quoi a-t-il peur ? Qui l’effraye ainsi ? Il ne saurait dire la nature du malaise qui l’étreint. Si d’aventure un compagnon de route règle ses pas sur les siens, c’est leurs angoisses qu’ils mettent en commun, et au lieu de s’exorciser mutuellement, elles ne font que s’accroître en se nourrissant l’une l’autre.

Ce phénomène de peur inavouée qui se cache derrière un marasme ostensible, n’est pas habituel. Il est exceptionnel. Mais périodiquement il s’impose aux masses qui en ressentent collectivement les symptômes. Il arrive, comme dans les temps qui courent, que l’histoire des hommes soit traversée de moments où un tel état de déréliction (pour employer un mot savant) se généralise et n’épargne aucune couche sociale. Chacun pense la chose naturelle si bien qu’aucun ne s’interroge vraiment sur son origine. Une explication trop facile n’est sans doute pas la bonne : c’est la crise dit-on, mais quelle crise? Comme si ce mot recouvrait à lui seul toutes les terreurs humaines. 

Une autre explication facile que l’on entend souvent, est celle du manque de repères et de la perte du sens. Ceux qui éprouvent ce sentiment n’arrivent pas à trouver hors d’eux-mêmes, ou au fond d’eux-mêmes une explication plausible. Leurs références à Dieu se sont altérées, au point qu’ils ne font plus confiance à celui en qui ils croyaient encore il y a peu. Ils s’en sont séparé sans même s’en apercevoir  Ils ne croient plus en celui en qui ils voyaient comme un divin compagnon de route. Leur parcours se fait désormais solitaire. C’est alors un silence consternant qui fait écho à la voix de ce Dieu qui jadis déplaçait des foules de fidèles par milliers.

Le vide ne se satisfait jamais du vide et bien vite ce sont d’autres formes de Dieu qui prennent la place de celui que l’on ne connaît plus. Ces nouvelles divinités sont différentes de ce Dieu désormais oublié. Comme toujours les hommes se construisent des idoles pour répondre à leurs manques et ils espèrent qu’elles donneront du sens à ce qui n’en a plus. C’est ainsi qu’ils conjurent leurs peurs. Ils ont agi ainsi de tout temps. Si les idoles ont changé de visage au cours des siècles, elles recouvrent toujours la même réalité, elles sont construites par les hommes pour répondre aux angoisses du moment, même s’ils savent pertinemment que ces angoisses, c’est eux qui les ont provoquées.  A nous de leur donner les noms qui nous conviennent le mieux. 

Régulièrement, comme si c’était un exutoire, des rumeurs venues des fins fonds du monde se répandent et contrarient la quiétude artificielle que se sont chèrement acquise les humains. On se souviendra des peurs de l’an mille qui n’avaient d’autres fondement que le changement de millénaire. Le Moyens âge terrorisé par l’idée de l’enfer a trouvé son apaisement dans la Réforme. Aujourd’hui c’est le réchauffement de la planète  qui crée des angoisses d’autant plus fortes qu’elles sont scientifiquement étayées.

 Curieusement, la rumeur se répand, selon laquelle  ceux qui gèrent le monde sont en train d’en perdre le contrôle. Il est facile alors d’écrire ou de dire que c’était écrit, que le Tout Puissant l’avait prévu, que les voix du Seigneur sont impénétrables, et que tel est le destin du monde. Si telle est la clé de l’énigme, tout cela ne correspond pas à l’image de Dieu telle que Jésus Christ nous l'a donnée. 

Le Dieu de Jésus Christ cherche à nous libérer de nos peurs et non à les provoquer. Il agit avec amour et compassion. Il est lent à la colère et prompt à la miséricorde. Comment aurait-il pu décider à l’avance de ses moments de colère  dont on l’accuse et les inscrire dans le marbre, comme s’il avait prévu ses mouvements d’humeurs des siècles en avance. Il n’est pas logique qu’il se mette en colère à jours et à heures prévus comme se l’imaginaient les contemporains de Jésus ou comme le pensent aujourd’hui ceux qui à partir du Livre de l’Apocalypse calculent la date où Dieu a prévu de se mettre en colère.

Dans ce long passage de l’Évangile de Marc dont nous n’avons retenu qu’un extrait, Jésus ne cache pas que des événements terribles peuvent se produire, (la destruction de Jérusalem par les armées de Titus est peut être là en toile de fond de ce passage) mais il n’accuse pas Dieu son Père de les provoquer, au contraire Jésus cherche à nous mobiliser pour que le jour où des événements dramatiques se produisent, nous ne soyons pas démunis et désemparés, car l’histoire des hommes est régulièrement traversée par des catastrophes dont ils ne sont pas forcément responsables. 

Si Jésus nous mobilise pour faire face au danger, c’est qu’il est possible de le surmonter et qu’il ne vient pas de Dieu. Certainement il ne cautionne rien de catastrophique, car Dieu ne programme ni ses moments de colère, nous l’avons vu, ni les malheurs qui s’abattent sur les hommes, mais il fait appel à leur sagesse pour les prévenir. 

Si plus avant dans le même Évangile, Jésus fait état d’événements annonciateurs, ce n’est pas pour nous alarmer, mais pour que nous mettions notre sagesse en éveil pour interpréter ce qui se passe et prendre les dispositions appropriées.

 Certains lecteurs de l’Évangile prétendent que dans de telles circonstances, la foi ne nous dicte qu’une seule attitude possible : celle de l’attente patiente dans la prière ! Mais tel ne semble pas être l’avis de Jésus. S’il n’exclut pas la prière, il la préconise même, il donne priorité à l’action de veiller. Pour lui l’attitude du croyant est d’abord dans l’agir et non pas dans le subir. 

La sagesse consiste donc à savoir que Jésus nous entraîne à l’action, car c’est dans l’action que la vie se manifeste et prend ses droits. Dieu ne cherche pas à rassembler un peuple qui subit, mais qui relève ses manches et se met à l’œuvre, car ce sont les hommes d’action inspirés par Dieu qui ont en eux les solutions de l’avenir.

Certes, ils  saisissent ce que Dieu leur suggère de faire dans la prière, car Dieu agit avec eux, et les mains des croyants sont les mains avec lesquelles Dieu agit. Mais  Dieu ne nous envoie pas son esprit pour que nous restions inactifs en attendant une délivrance qui ne viendra que si nous décidons d’entreprendre. Veillez donc nous dit Jésus afin de devenir les moteurs de ce monde que Dieu se plait à accompagner, car c’est ainsi qu’il nous aidera à conjurer nos peurs.

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