jeudi 30 novembre 2017

Esaïe 40/1-11 Consolez mon peuple dimanche 10 décembre 2017


Esaïe 40 :1-11
 «Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.
2 Parlez au cœur de Jérusalem, criez-lui que sa période de combat est terminée, que sa faute est expiée, qu'elle a reçu de l’Éternel le salaire de tous ses péchés.»
3 *Une voix crie dans le désert: «Préparez le chemin de l’Éternel, faites une route bien droite pour notre Dieu dans les endroits arides!
4 Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline abaissées. Ce qui est tortueux sera redressé et les endroits rocailleux aplanis.
5 Alors la gloire de l’Éternel sera révélée, et au même instant tout homme la verra. Oui, c'est l’Éternel qui l'affirme.»
6 Une voix a dit: «Proclame un message!» Et j'ai répondu: «Que dois-je proclamer?» «*Toute créature est comme l'herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs.
7 L'herbe sèche et la fleur tombe quand le vent de l’Éternel souffle dessus. Vraiment, le peuple est pareil à l'herbe:
8 l'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.»
9 Monte sur une haute montagne, Sion, pour annoncer la bonne nouvelle! Élève avec force ta voix, Jérusalem, pour proclamer la bonne nouvelle! Élève ta voix, n'aie pas peur! Dis aux villes de Juda: «Voici votre Dieu!» 10 Le Seigneur, l’Éternel vient avec puissance, et son bras lui assure la souveraineté. Il a son salaire avec lui et sa récompense est devant lui.
11 Pareil à un berger, il s'occupera de son troupeau, il prendra les agneaux dans ses bras et les portera contre sa poitrine; il conduira les brebis qui allaitent.


Une bourrasque venue d’ailleurs tourbillonne en plein désert et noie dans un nuage de sable les effets d’un mirage grandiose.  On y voit  des engins affairés à niveler le sol du désert.  Ils construisent des autoroutes  qui conduisent vers un horizon encore inconnu.  Cette vision nous décrit comment Dieu fait son entrée dans l’inconscient humain. Les bruits qui accompagnent tout ce llabeur ne sont pas le fait du vacarme causé par les travaux, mais  sont le fait de voix humaines  qui se cofondent avec la voix divine.  Dieu  ainsi unit son action à celle des humains et sa voix se mêle à la leur. C’est à nous  d’être assez observateurs pour  comprendre ce qui se passe.

C’est l’espérance qui nous visite et nous parle d’avenir. Elle défie les terreurs humaines que nous construisons journellement  en observant ce qui se passe  sans laisser à Dieu la place qui lui revient. Contrairement au climat ambiant, ces voix nous décrivent un avenir prospère vers lequel Dieu avance  avec solennité et s’investit avec puissance. Mais
ce n’est qu’une vision ! Bien heureux celui ou celle dont la foi lui permet de voir ce qui reste encore caché à ceux qui ne croient pas.  Si cette vision est destinée à Israël en pleine débâcle, elle nous est destinée à nous aussi quand nous pensons à notre avenir.

Au moment où ces choses se passent, rien ne permet à Israël d’envisager  cet avenir prospère. L’exil a fermé à tout jamais les portes de l’espérance. La colère de Dieu semble s’être appesantie sur son peuple. La ville sainte a été investie, ses murs ont été sapés, ses notables exilés, sa noblesse assassinée, son roi martyrisé. La faute commise, justifiant un tel châtiment reste inexpliquée et demeure imprécise. C’est alors que la voix de Dieu change de ton : « le combat est terminé dit-elle,  Jérusalem  est graciée, elle a reçu de l’Éternel au double de ses péchés ». Qui peut dire mieux ?

Sans doute avons-nous là un texte de circonstance. Les exilés ont besoin de relever la tête pour rester un peuple cohérent à l’heure de l’épreuve afin d’affronter le châtiment  qu’il a sans doute mérité. Mais de châtiment, il n’y en a pas. Si  des fautes ont été commises et ont provoqué le désastre, celui-ci n’est pas le fait de la volonté divine. Ce n’est pas Dieu, contrairement  à ce qu’ils croient qui a provoqué le désastre et l’épreuve subie  n’est pas une punition divine.

On a bien souvent tendance à  croire que le malheur  que nous subissons auraient pour origine l’action de Dieu qui vengerait son honneur à la suite d’une faute commise contre lui, mais la voix qui raisonne à leurs oreilles par la bouche du prophète ne dit pas cela. Elle nous fait apparaître  sous les traits d’un berger qui fait paître son troupeau, qui  rassemble ses agneaux et les porte en son sein.  Esaïe n’est pas le seul à se servir de cette image bucolique . Le psaume 23 puisera son inspiration à la même source : «  le Seigneur est mon berger dira-t-il, je ne manquerai de rien » et plus tard Jésus reprendra cette même image dans l’Evangile de Jean où il se présente  comme le berger qui ira jusqu’à donner sa vie pour que ses brebis aient la vie en abondance.

Mais si les brebis dont il est question ici sont en danger, sont-elles  coupables d’une faute quelconque ?  Il semble plutôt  que ce soit  leur nature qui les rende vulnérables à toutes sortes de prédateurs dont Dieu chercherait à les protéger.  Elles n’auraient en aucune façon mérité les dangers qui les menacent.

Il n’empêche que subsiste chez beaucoup  d’humains  l’idée que leurs  difficultés seraient la conséquence d’une faute commise  qui serait punie  par une  sanction divine.  Ainsi la Bible nous rend témoins de deux images différentes de Dieu qui cohabitent, bien qu’elles soient contradictoires. Quand l’épreuve nous atteint, Sommes-nous coupables ou responsables ?   Dieu nous punirait-il de fautes commises ou nous protégerait-il du mal  que nous aurions attiré sur nous par notre négligence ?  Bien souvent,  nous nous sentons coupables des événements qui nous arrivent alors que nous n’en sommes peut-être que responsables. Et pas toujours !

Nous vivons souvent comme si Dieu faisait le recensement de nos actions et les classait  en catégories différentes,  qu’elles soient, bonnes, acceptables ou mauvaises et agirait par rapport à nous en fonction de ce classement. Ce serait le salut pour les œuvres bonnes et le châtiment à des degrés différents pour les autres. La Réforme nous a appris à voir les choses autrement.

Elle nous a appris que   Dieu n’est nullement responsable du mauvais sort qui nous arrive.  Si je sors sans me couvrir et que j’attrape un rhume, je subis mon mauvais sort  sans pour autant être puni par Dieu pour ma négligence.  C’est cet aspect des choses que la Bible semble avoir retenu plutôt  que l’autre. C’est la situation que propose Jésus dans la parabole de la brebis égarée.

Pourquoi s’est-elle égarée ? Nul ne le sait, mais on peut supposer qu’elle a trouvé de l’herbe plus tendre à l’écart du troupeau et que poussée par la gourmandise, elle s’est séparée des autres, puis s’est perdue. Le berger court alors le risque  de laisser les autres dans le désert pour voler au secours de la négligente et la prendre en charge. Si elle est négligente  elle encourt des ennuis qui peuvent être mortels.  Si elle  est responsable de son sort, et que  ce sort tourne mal  elle  n’en est pas pour autant punie d’une manière ou d’une autre, même si le loup la mange.  La Fontaine a brillamment explicité cela. C’est en faveur de ce Dieu qui se tient à côté de ceux qui sont en danger que plaide Jésus et c’est ce rôle qu’il demande qu’on lui attribue quand on l’élève au rang de Dieu et qu’on en fait son fils.

L’image de ce Dieu bienveillant traverse toute les Ecritures. Elle s’oppose à cette autre image du Dieu de justice que nous avons tendance à adopter comme la seule possible. C’est la voix de celui qui crie dans le désert  et qui est répétée chaque fois que la détresse s’empare de nous. Elle est proclamée ici par Esaïe, plus tard elle le sera par Jean baptiste. Elle retentit au fond de  notre cœur, elle frappe nos sens et nous interpelle afin que nous fassions les bons choix et que nous discernions  la compassion qu’elle nous apporte et non la culpabilité à cause des erreurs commises.


Dieu est donc  celui qui nous accompagne dans les difficultés de la vie, mais s’il est notre compagnon de route, il n’est pas pour autant le Dieu qui transforme les choses à notre avantage. La vie avec Dieu est donc un compagnonnage discret avec lui. Elle nous responsabilise dans nos actions et nous aide à découvrir toutes les voies possibles où Dieu oriente nos pas.

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