vendredi 16 septembre 2016

Rois 5: 14-17 Guérison de Naaman le lépreux dimanche 9 octobre 2016

Chers lecteurs de ce blog,  Nous avons pendant des années essayés de vous proposer un sermon à propos des textes de l’Évangile indiqués pour  chaque semaine. Cette année nous allons rester fidèles aux autres textes. Pour les sermons concernant  l’Évangile, il vous suffira d'indiquer leurs références  sur votre moteur de recherche et vous trouverez les textes publiés les années précédentes.




2 Rois 5 :14-17



Guérison de Naaman le « lépreux » 


1 Naaman, le chef de l'armée du roi d'Aram, était un homme important aux yeux de son seigneur ; il jouissait d'une grande considération, car c'est par lui que le SEIGNEUR avait donné la victoire à Aram. Mais cet homme, ce vaillant guerrier, était « lépreux ». 2 Lors d'une expédition, des troupes araméennes avaient ramené captive, du pays d'Israël, une petite fille. Elle était au service de la femme de Naaman. 3 Elle dit à sa maîtresse : Oh ! si mon maître allait chez le prophète qui est à Samarie, celui-ci le débarrasserait de sa « lèpre » ! 4 Naaman vint dire à son seigneur : La jeune fille d'Israël a parlé de telle et telle manière. 5 Alors le roi d'Aram dit : Vas-y ; j'enverrai une lettre au roi d'Israël. Il partit en prenant avec lui dix talents d'argent, six mille pièces d'or et dix vêtements de fête. 6 Il apporta au roi d'Israël la lettre, où il était dit : Avec cette lettre je t'envoie Naaman, mon serviteur, afin que tu le débarrasses de sa « lèpre ». 7 Après avoir lu la lettre, le roi d'Israël déchira ses vêtements et dit : Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire vivre, qu'il s'adresse ainsi à moi afin que je débarrasse un homme de sa « lèpre » ? Constatez, je vous prie, qu'il me cherche querelle ! 8 Lorsque Elisée, l'homme de Dieu, apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il fit dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Laisse-le venir chez moi, je te prie, et il saura qu'il y a un prophète en Israël. 9 Naaman vint avec ses chevaux et son char et s'arrêta à l'entrée de la maison d'Elisée. 10Elisée envoya un messager lui dire : Va te laver sept fois dans le Jourdain ; ta chair redeviendra saine, et tu seras pur. 11 Naaman s'irrita ; il s'en alla en disant : Je me disais : Il sortira et se tiendra devant moi, il invoquera le nom du SEIGNEUR (YHWH), son Dieu, il agitera sa main sur l'endroit malade et débarrassera le « lépreux » de sa « lèpre ». 12 Les fleuves de Damas, l'Abana et le Parpar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pouvais-je pas m'y laver pour devenir pur ? Il repartit en fureur. 13 Mais ses serviteurs vinrent lui dire : Si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? A plus forte raison s'il te dit : « Lave-toi et sois pur ! »



 14 Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; alors sa chair redevint comme celle d'un petit garçon : il était pur.

15 Il revint vers l'homme de Dieu, avec toute sa suite. Lorsqu'il fut arrivé, il se présenta devant lui et dit : Je sais qu'il n'y a pas de Dieu sur toute la terre, si ce n'est en Israël. Maintenant, accepte, je te prie, un cadeau de ma part. 16 Elisée répondit : Par la vie du SEIGNEUR, au service duquel je me tiens, je n'accepterai pas. Naaman insista pour qu'il accepte, mais il refusa. 17 Alors Naaman dit : Dans ce cas, je te prie, qu'on me donne, à moi, ton serviteur, de la terre, la charge de deux mulets ; car je ne veux plus offrir ni holocauste, ni sacrifice, à d'autres dieux qu'au SEIGNEUR (YHWH) .

Traduction de la Bible Second révisée.  Pour ce sermon nous utiliserons toute la péricope et non pas  seulement le passage en référence

Quand la  Bible attire notre attention sur un miracle, il ne faut pas se laisser séduire par l’aspect merveilleux de la situation qu’elle présente, car le miracle ne vise pas à provoquer notre admiration au sujet d’un personnage particulier qui aurait été méritant des faveurs de Dieu, si c’est ce que nous  cherchons à y découvrir, nous ferions fausse route.  Le miracle vise avant tout à nous révéler un aspect de Dieu auquel nous n’aurions pas encore prêté attention.

 Quel serait ici le mérite de Naaman  qui justifierait qu’il bénéficie de la faveur de Dieu? Il serait un  général Syrien qui aurait vaincu les armées d’Israël grâce à la faveur de Dieu.  Au premier abord, tout se passe comme si Dieu  était passé à l’ennemi et protégeait l’adversaire. Mais la protection de Dieu n’aurait pas été aussi efficace qu’il y paraît puisque Naaman  fut frappé de la lèpre, maladie entachée de la malédiction divine. Il y a ici une contradiction dans les intentions divines que nous ne découvrirons peut-être pas. Certes, il fut miraculeusement guéri, c’est le sujet du récit, mais au prix de notre incohérence, c’est à se demander quel jeu Dieu joue ici ?

L’origine du miracle est suspecte elle aussi, car le miracle se produira grâce à l’intervention audacieuse d’une jeune  israélite capturée par les troupes de Naaman,  réduite en esclavage par ses soins et mise au service de sa maisonnée. C’est elle qui le mit sur la voie de la guérison en parlant d’un prophète puissant en Israël capable de le guérir. C’est ainsi que tout commença.  A la fin du récit le général  ennemi fut guéri  et la jeune esclave  fut oubliée.  Il est difficile de raconter une histoire plus injuste et d’en rendre grâce à Dieu.

Que le lecteur sache maintenant que l’histoire fut écrite à l’époque où Israël était retenu en exil à Babylone. Elle  relaterait un événement qui s’était produit 3 siècles plus tôt. On peut imaginer que la jeune fille puisse être identifiée au peuple captif toujours en espoir de libération si bien qu’il est vraisemblable d’imaginer que la jeune esclave espérait sa libération en récompense du succès du voyage que de son maître allait entreprendre pour obtenir sa guérison. C’est une extrapolation que l’on peut faire mais qui n’est nulle part suggérée. On  sait cependant  que les prophètes de l’exil ont entretenu l’espoir d’une libération qui ne se produisit que cinquante ans  après le début de la captivité du peuple.

Même si le récit est allégorique, on comprend mal pourquoi Dieu consentit à ce miracle en faveur  d’un général  ennemi.  A moins que l’universalisme que l’on trouve alors dans les récits  des prophètes de l’exil soit en train de s’installer dans l’esprit des narrateurs. Ce récit porte-t-il en lui l’espérance selon laquelle tous les peuples seraient invités à rejoindre la foi d’Israël ? On nous montrerait alors ici par quel chemin Dieu ferait passer tous les hommes pour les gagner à sa cause.

Si derrière le personnage de Naaman, nous voyons l’humanité en quête de Dieu, malade de sa propre ignorance et désireuse de trouver  la vraie voie de Dieu, mais enfermée dans  ses vanités humaines, si derrière la jeune fille esclave, nous voyons les croyants d’Israël privés de liberté lors de l’exil babylonien, confrontés aux injustices qui les accablent et pourtant remplis d’espérance en ce Dieu qui sauve, si nous voyons dans tout cela nos propres questionnements sur la foi, l’espérance et la présence de Dieu dans le monde, nous risquons de découvrir comment Dieu aide les hommes à se frayer un chemin au travers  vicissitudes du monde.

En écoutant ce récit dont nous n’avons pas de raisons de douter de ses  origines historiques, nous gardons cependant à l’esprit l’idée que les écrivains bibliques ont cherché à répondre aux questions qui habitaient l’esprit de leurs contemporains au moment de l’exil. Dieu pouvait-il abandonner son peuple dans la tourmente ? L’espérance qui l’animait encore était-elle justifiée ? Dieu peut-il nous ab      donner ?

Habités par ces questions, nous pouvons aller à la rencontre de Naaman. Imbu de sa prestance de général vainqueur, il croit qu’il peut se sortir de sa situation sans perdre sa prestance alors que la maladie qui l’a atteint risque de le défigurer  et d’anéantir  sa vie sociale. Le statu de notable  se croit supérieur  à tous ceux qui lui sont inférieurs est incompatible avec  la vie que Dieu propose à tout un chacun. Nous allons voir comment Dieu le conduit à  renoncer à tout ce qui flatte  son orgueil  pour le  prix de la vie  qu’il lui propose. Sa conversion à ce Dieu qui fait cas de sa personne, indépendamment de ses privilèges va pourtant  le rend heureux. C’est là que se tient le vrai miracle.

Mais d’abord Naaman doit renoncer  à tout ce qui le valorise à ses propres yeux. Nous en avons l’énumération dans les préparatifs qu’il fait pour son voyage. Il met dans ses bagages tout ce qui caractérise son rang, dix uniformes et vêtements d’apparat, la lettre de recommandation du roi de Syrie dont seul un haut dignitaire  peut se prévaloir, une escorte digne de son rang. Toute cette opulence a pour effet de produire la terreur du roi d’Israël qui le reçoit  et qui croit déceler un piège dans tout cet artifice. Conduit chez le prophète Elysée, puisque tel est le but de son voyage, celui-ci ne le reçoit pas et lui fait dire d’aller  se baigner dans un ruisseau boueux, le Jourdain  qui coule à quelques dizaines de kilomètres de là. Ce n’est pas digne de lui et il se met en colère devant ce manque d’égards à son endroit. Il faut la sagesse de ses serviteurs pour qu’il ne reparte pas et obéisse à la recommandation du prophète. Mais  il n’est pas arrivé au bout de ses peines. Il doit s’humilier lui-même, se défaire  de ses beaux vêtements  et se  mettre à nu devant toute sa suite avant d’entrer dans les eaux. C’est alors que se produisit le miracle.

Le miracle est-il dans sa guérison  ou dans l’acceptation  d’avoir reconnu qu’il était un simple humain contraint par des événements indépendants de sa volonté à se comporter comme un citoyen ordinaire. Le résultat de sa guérison le ramène à un état d’ enfant.  «  Sa chair devint claire comme la chair d’un jeune garçon » Cette remarque nous renvoie à la rencontre de Jésus avec  Nicodème quand il lui dit : «  si un homme ne naît de nouveau, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » Jean 3ss. Mais il n’est pas encore quitte. Sa fortune qu’il a emportée, que va-t-il en faire ?  Le prophète la dédaigne, « Va en paix lui dit-il »  en la refusant.

Pour en arriver à l’acte de foi qu’il confesse alors, il a fallu l’intervention anonyme d’une modeste esclave victime de ses propres faits d’armes, il a fallu l’action convaincante de tous ses serviteurs qui l’ont accompagné et conseillé avec sagesse. Dieu a mobilisé  tous ces hommes et ces femmes pour arriver à sa conversion.

Et maintenant il appartient à chacun de se demander où se situe  vraiment le miracle ? Il est sans doute dans tout ce déploiement de personnages que Dieu a mis en action pour le convaincre de partir et pour l’accompagner  tout au long de son voyage. Il est aussi, bien entendu dans la vie nouvelle dont il se trouve revêtu en sortant de l’eau, comme une anticipation du baptême.

 Si l’histoire est allégorique, nous  trouverons dans l'explication du retour  d’exil d’Israël la récompense que la jeune esclave espérait .

Mais direz-vous encore :   « Vous n’avez pas parlé de Jésus dans tout ce sermon ! » Il n’est pas besoin de parler de lui pour qu’il soit présent.  C’est bien à cause de Jésus et de son regard sur les  Ecritures que j’ai compris ce texte comme j’ai tenté de l’expliquer. Si non j’aurais considéré que Dieu avait été injuste et qu’il n’aurait pas sauvé Naaman par grâce mais pour d’autres intérêts.   Si l’histoire a une issue favorable pour Naaman et l’a amené à la découverte de la patience, de l’amour et  de la persévérance de Dieu, l’histoire nous dit aussi que Dieu déploie la même force et la même énergie pour chacune et chacun de nous, et  certainement aussi  pour la jeune esclave dont nous avons interprétée l’issue heureuse par allégorie. Cela   n’a sans doute pas échappée à la sagacité de l’écrivain biblique qui a fait confiance à notre culture biblique pour nous laisser le découvrir.

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