lundi 4 avril 2016

Actes 7:55-60 dimanche 8 mai 2016



Actes 7 :55-60

 55 Mais Étienne, rempli d'Esprit saint, fixa le ciel et vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. 56 Il dit : Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu ! 57 Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles ; tous ensemble ils se précipitèrent sur lui, 58 le chassèrent hors de la ville et le lapidèrent. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul. 59 Tandis qu'ils le lapidaient, Étienne priait en disant : Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! 60 Puis il se mit à genoux et cria : Seigneur, ne les charge pas de ce péché ! Et, après avoir dit cela, il s'endormit dans la mort.

Les progrès techniques de nos civilisations, et la manière dont ils se mettent en œuvre donnent-ils une image de l’évolution de la société telle que Dieu l’envisage ? L’Église et la multitude de ses chapelles et de ses  divisions donne-t-elle une bonne image de l’instrument dont Dieu a besoin pour gérer le monde ?  Ce sont bien évidemment  les questions que l’on se pose depuis toujours. Alors que les années  succèdent aux années, on espère, sans y croire, que la réponse est positive. Le monde d’aujourd’hui est-il meilleur que celui de jadis et les humains sont-ils aujourd’hui plus heureux qu’hier ? La réponse n’est pas évidemment la même pour tous. L’amour constitue-t-il le lien privilégié qui unit les hommes entre eux  ou bien, est-ce que ce terme ne sert  pas  à masquer  la manière subtile  que  les uns utilisent  pour dominer les autres  afin que rien ne change?

Quiconque pense à Dieu et essaye de méditer sur le cours des choses ne peut éviter de se poser la question.

Certes, les projets de Dieu restent clairs, pour tout lecteur de la Bible qui essaye de la lire avec intelligence sans penser avec fatalisme que tout est écrit  à l’avance. C’est pourquoi, nous devons veiller à respecter la liberté de Dieu et à accepter qu’il ne soit pas contraint par notre interprétation des textes pour  ne pas l’enfermer  dans nos a priori conventionnels.  En effet, les Ecritures ne rendent  pas nos pensées captives d’un passé immuable qui contiendrait les clés du présent et du futur. Les Ecritures contiennent un dynamisme qui projette leurs lecteurs en avant pour construire des projets de vie avec Dieu. Dieu est un Dieu qui invite ceux qui le comprennent à tenter l’aventure.

Il pousse Abraham à l’accompagner vers un avenir dont celui-ci ne connaît pas l’issue. Il entreprend un projet semblable avec Moïse, même si celui-ci, rattrapé par  sa propre mort, doit s’arrêter en route et laisser un autre prendre sa suite. Il fera  un projet de même nature avec Noé qui se montrera cependant incapable de le mener  à bien. ( lisez les récits de Noé jusqu’au bout  Genèse 9 :18-29).  Dans le même genre de  situation, mais bien pire que celle de Noé, Dieu  s’intéressera à Caïn accablé par son péché, et le poussera à entreprendre malgré tout, la construction d’un avenir inimaginable.

Bien sûr, me dira-t-on, une partie de ces histoires sont légendaires et sont le fruit des arrangements successifs qui les ont portées jusqu’à nous pour en faire la Parole de Dieu, mais qu’importe,  car elles portent toutes la même conviction selon laquelle le projet de Dieu pour l’avenir consiste à défier les obstacles que le péché met devant nos pas.  Ils consistent à construire un avenir meilleur pour les hommes dont l’amour sera le ciment. Jésus en sera l’exemple le plus saisissant et nous amènera à sa suite sur le chemin du salut.

Cette longue méditation sur la manière dont Dieu  pousse les hommes à  courir le risque de construire un avenir nous amène à rejoindre maintenant Étienne,  figure emblématique de l’Église naissante.  Encore à ses débuts cette église connait le désordre en son sein. Elle devra le surmonter sous peine de disparaître. Des différents ont surgi entre chrétiens d’origine grecque et chrétiens d’origine juive,  et ces derniers se sont crus supérieurs aux autres. Ce sont les plus faibles qui en pâtirent, c'est-à-dire les femmes qui n’avaient pas le soutien d’un mari.  Alors qu’ils encouraient le risque de la persécution, les premiers chrétiens avaient  du mal à comprendre que l’amour était une une donnée constitutive de l’Évangile  et qu’il fallait la mettre réellement en pratique avant de se mêler de  proclamer auprès des autres, qu’il était le ferment de l’avenir du monde. 

Étienne est un des  sept membres de la communauté à avoir été mis à part par ses chefs, pour résoudre ce problème. Tout indique qu’il a réussi dans cette entreprise. Dieu le poussa donc à aller plus loin et à sortir de la communauté pour  apporter le message au dehors. Plein de zèle, il se jeta à corps perdu dans l’entreprise qui consistait à gagner à l’enseignement de Jésus les juifs les plus accessibles, c'est-à-dire ceux issus de la même  origine païenne que lui. Le défi était apparemment facile puisqu’il avait marché pour lui, mais rien n’est simple dans la société des hommes. Ce qui a réussi un jour, ne réussit pas toujours.

Catastrophe, le projet capota, et de fil en aiguille, les incompréhensions en appelant d’autres, c’est le sanhédrin qui s’en mêla et la lapidation qui s’en suivit. Le diacre Étienne s’endormit dans  la mort, sous le regard aimant de Dieu. Sa mort est décrite  ici, dans les mêmes termes que celle de Jésus.  Le projet de Dieu était-il d’en arriver là ? L’amour de Dieu n’était-il pas plus fort que la mort ? Sa main bienveillante  se révélait-elle inefficace ?

Bien qu’Étienne ait fait ce qu’il fallait, il faut bien constater que le projet qu’il portait au nom de Dieu a échoué. Mais un projet qui échoue ne contrarie pas pour autant  le dynamisme de Dieu !  Alors que nous nous indignons  et que même nous accusons Dieu d’impuissance, celui-ci se risquait déjà à mettre en œuvre un autre projet.  Y aura-t-il quelqu’un pour  y entrer et s’engager avec lui  à poursuivre le combat ?

Pendant  qu’on assassinait Étienne à coup de pierres, un jeune homme, chargé du vestiaire nourrissait sa haine contre la secte qui offensait par son existence l’orthodoxie juive. Qui était-il ? La question est simplement ouverte ici, mais nous savons son avenir. La question était maintenant de savoir si le projet de Dieu de mettre  en action un homme de haut niveau dans ce même projet allait réussir.   Un sursaut dynamique allait-il se produire pour que l’homme ouvre les yeux à une vérité qui n’était pas encore la sienne ?

L’habileté de Luc le narrateur nous laisse dans l’expectative.  Alors que la persécution s’accroissait, le dynamisme créateur de Dieu suscitait le dynamisme des hommes.  Saul fut saisi, se tourna vers Dieu  et devint Paul.  Dieu apparemment invisible et silencieux continuait à assumer la charge  qu’il s’était assigné à lui-même depuis toujours, celle de provoquer les hommes,  par son  esprit  à entrer dans un élan de vie porteur de leur  destinée.  Telle est sans doute la réponse qu’attendaient les questions que nous avons posées en ouvrant ce propos. Dieu peut tout  quand les hommes de bonne volonté mettent leurs pas à la suite de ceux de Jésus et acceptent que le souffle dynamique de Dieu les mobilise. Les projets entrepris peuvent tourner court, mais jamais Dieu ne se lasse d’en formuler d’autres et de provoquer les hommes à y entrer.

Illustrations : statue d’Étienne de Robert Barillot à Valenciennes

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