vendredi 11 septembre 2015

Genèse 2:18-24 la sollicitude de Dieu - dimanche 4 octobre 2015


" Il n'est pas bon que l'homme soit seul "


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Le SEIGNEUR Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis. 19Le SEIGNEUR Dieu façonna de la terre tous les animaux de la campagne et tous les oiseaux du ciel. Il les amena vers l'homme pour voir comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le nom dont l'homme l'appellerait. 20L'homme appela de leurs noms toutes les bêtes, les oiseaux du ciel et tous les animaux de la campagne ; mais, pour un homme, il ne trouva pas d'aide qui fût son vis-à-vis. 21Alors le SEIGNEUR Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. 22Le SEIGNEUR Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise à l'homme, et il l'amena vers l'homme. 23L'homme dit :
Cette fois c'est l'os de mes os,
la chair de ma chair.
Celle-ci, on l'appellera « femme »,
car c'est de l'homme qu'elle a été prise.
24C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.


Qui en toute bonne foi  peut être sûr de la réalité du Dieu auquel il s’adresse. Ce  Dieu lui apparaît sous divers aspects suivant ses  états  d’âme du moment. Il  peut être tout à la fois le Dieu bon et compatissant, lent à la colère ou le Dieu sévère qui  punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième génération. Habituellement nous nous accommodons de ces différents aspects et nous nous référons à lui en pensant plutôt à sa miséricorde qu’à sa sévérité. Mais nous restons pleins d’interrogations  à son sujet quand  nous constatons que nos prières restent sans réponse et qu’il semble rester bien peu actif face aux détresses de ce monde. 

Faute de mieux nous nous contentons  à conduire nos vies comme nous le pouvons, nous savons depuis toujours distinguer le bien du mal et nous nous nous  efforçons le mieux possible à  respecter les critères qui nous viennent des écrits de la Bible. Les dix commandements restent incontournables et décident pour nous de la volonté du Seigneur qui grâce à eux trace devant nos pas une route plane et sans détour. Pourtant nous savons que  face au silence de Dieu qui ne répond que rarement à nos demandes nous devons  prendre nos responsabilités et décider de la bonne  attitude face à des  situations qui  ne nous paraissent  pas déterminantes.     Pourtant nous faisons confiance à ce Dieu qui préside à nos destinées d’une manière immuable et qui gère le monde qu’il a créé pour nous offrir le meilleur avenir possible. Nos confessions de foi, des plus anciennes aux plus récentes, nous confortent dans cette attitude et nous affirmons avec foi et détermination : « je crois en Dieu le Père Tout puissant… »

Mais en méditant  ainsi dans l’intimité  de notre âme, dans la solitude de laquelle  nous aimons nous retirer,  nous craignons cependant de nous égarer dans nos seules pensées et de créer un Dieu à l’image de nos désirs qui ne serait pas conforme à sa révélation,; C'est alors  qu’une parole issue d’un texte bien connu vient nous  bousculer et s’impose à nous, et c’est la voix de Dieu qui nous interpelle : «  Il n’est pas bon que l’homme soit seul !... »

Voila qu’ici Dieu change de ton, il introduit une note  restrictive dans les actes créateurs qu’il a  entrepris  comme s’il constatait que l’humain qu’il avait créé n’était pas terminé et  restait en cours de création, comme si le chantier de sa création devait encore s’améliorer. Nous sommes  d’ailleurs en droit de nous demander à qui s’adresse cette remarque. La fait-il à l’intention de l’être humain en cours d’achèvement ou s’adresse-t-il cette remarque à lui-même.  Il apparaît alors comme soucieux  de parfaire sa création mais n’est pas sûr du bon résultat. Il  apparaît ici sous un jour nouveau.  Il prend l’attitude de  celui qui ne cesse d’accompagner l’humain pour  sans cesse  l’améliorer, au risque d’un échec éventuel, ce qui ne va pas manquer de se produire.

Ici Dieu n’apparaît pas sous les traits auxquels la tradition nous a habitués. Il prend un aspect différent  de celui qu’il a dans le  chapitre précédent  où il est présenté comme celui qui  crée en restant maître de la situation. Les plus futés parmi vous vont immédiatement  réagir pour nous dire que ce récit n’appartient pas à la même tradition littéraire, ce qui est facile de repérer pour les spécialistes puisque le style n’est pas le même et Dieu y est appelé d’un nom différent.  Elohim a fait place à Yahvé.  Mais qu’est ce que cela change ? Si  Dieu y est présenté sous deux aspects différents, ce   n’est pas seulement dans la manière de le nommer   qu’apparait la difficulté  mais c’est surtout dans son comportement.  On a pris l’habitude d’appeler ce texte « le récit de la création de la femme », mais si nous l’appelions «  récit de la sollicitude de Dieu »  la pointe deviendrait différente  et toutes les polémiques au sujet de la femme s’estomperaient. C’est ce que nous  allons voir.

Cette interrogation de Dieu au sujet de  l’humain  en cours de création a de quoi nous surprendre car il a été dit jusqu’à maintenant  que tout ce qui avait été fait par Dieu était bon, et même très bon  pour ce qui est de l’homme. Le récit que  nous avons lu semble dire qu’il pourrait en être autrement. Cette hypothèse nous fait voir Dieu sous un autre jour.  Dieu suggère que quelque chose dans sa pensée créatrice pourrait lui échapper et que l’humain, objet de tant de  sollicitude de sa  part pourrait  s’écarter de  son contrôle et n’en faire qu’à sa guise. Dieu ici échappe à l’image qu’on s’en fait et pourtant elle est porteuse d’espérance. Depuis le début de ce récit Dieu manifeste son amour pour l’humain qu’il vient de créer.  Contrairement au premier récit, il nous est dit  qu’il a placé l'humain dans un  jardin  avec des animaux et des végétaux qu’il a charge de garder et d’entretenir. A peine établi dans ses fonctions,  l’humain  doit travailler afin de collaborer à la création de Dieu. Tout cela a été mis en place pour que tout cela fonctionne pour le mieux être de l’humain dont on sent s’affirmer  les sentiments de Dieu pour lui. On voit déjà se profiler le portrait du Dieu Père sur lequel Jésus insistera  dans l’Évangile.
 C’est parce que Dieu aime, qu’il s’inquiète. Ainsi l’amour de Dieu accompagne l’humain en même temps que celui-ci  prend place  dans la création.

Si cette évolution dans laquelle l’humain est désormais engagé n’est pas contrôlée dès le départ, le projet risque de capoter. Il faut donc lui mettre des limites  pour éviter les dérapages possibles que Dieu entrevoit, c’est pourquoi il inscrit   la mort à l’horizon comme une barrière nécessaire à tout dépassement.  Il n’empêche que Dieu fait le pari que cette créature pour laquelle il éprouve de la tendresse est perfectible. Seule la pratique de l’amour dont elle est destinée à partager la vertu avec Dieu peut la sauver d’une perte  possible. Dieu rend alors l’humain capable  d’amour.  Son seul guide et sa seule sauvegarde c’est d’être capable d’aimer un autre lui-même.  Dieu prévoit alors que l’humain peut désormais s’accomplir dans l’amour partagé.

Il n’y a pas de supériorité du nouvel être par rapport à l’autre, ou vice versa,  puisqu’ils sont issus de la même substance et font partie de la même réalité car ils sont chair de la même chair et partagent la même sexualité.  Chacun se tient en vis-à-vis de l’autre comme seul secours possible sur le chemin de la vie. L’amour devient  la seule règle possible à l’évolution de l’humanité.

Si ça dérape,  si l’humanité transgresse ces nouvelles règles, que se passera-t-il ? La suite de l’histoire nous le montre. La vie deviendra plus dure, mais Dieu qui est tout amour ne pourra désormais que s’appliquer à lui-même la règle qu’il a donnée à l’homme et à la femme nouvellement créés et déjà  en situation d’échec.  Dieu, dans son amour pour lui, ne laisse pas l’homme seul. Désormais commence la longue  histoire  de la relation de l’humanité  avec Dieu  qui ne se terminera que quand on aura  compris  avec Jésus que Dieu a plongé depuis les origines de l' l’humanité l’homme   dans une longue histoire d’amour avec lui et avec ses semblables et que c’est  avec ce défi   que devra désormais évoluer l’humanité.


Bien évidemment il y a un autre chapitre à écrire à la suite de mon propos, c’est celui de notre rencontre avec Jésus  Christ qui s’est lui-même immergé dans cet état d’amour pour nous guider sur les chemins de la vie. Tout au long de ce récit, nous n’avons fait allusion à aucun jugement, à aucune sanction car nous n’avons pas voulu nous attacher à cet autre visage du Dieu  sévère et vengeur que la Bible nous présente à maints endroits, car à la suite de Jésus nous découvrons que celui présenté aujourd’hui éclipse tous les autres et impose l’amour comme seul chemin possible d’évolution à l’humanité.

Pour ce même jour voir aussi Marc 10:2-16


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