samedi 11 juillet 2015

Jean 6:41-51 le pain spirituel et le pain matériel dimanche 12 août 2018



Jean 6 :41-51

41 Les Juifs maugréaient à son sujet, parce qu'il avait dit : C'est moi qui suis le pain descendu du ciel. 42 Ils disaient : N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous, nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : « Je suis descendu du ciel ! »

43 Jésus leur répondit : Ne maugréez pas entre vous. 44 Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. 46 Non pas que quelqu'un ait vu le Père, sinon celui qui est issu de Dieu ; lui a vu le Père.

47 Amen, amen, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. 48 C'est moi qui suis le pain de la vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50 Le pain que voici, c'est celui qui descend du ciel, pour que celui qui en mange ne meure pas. 51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.


Les pauvres du temps de Jésus, comme beaucoup de frustrés de tous les temps ont fondé leur espérance sur le fait qu'une vie meilleure les attendait dans l'au-delà où ils auront du pain à satiété. Mais  pourquoi le pain de l’espérance devrait-il rester au ciel ? Pourquoi faut-il mourir de faim pour espérer en profiter après sa mort ? Pourquoi ce pain ne pourrait-il pas devenir accessible, à ceux qui le revendiquent, avant que la mort le leur offre généreusement dans un ciel qui reste  encore inaccessible? Peut-on défier Dieu et s’approprier maintenant ce qu’il nous destine pour plus tard ? C'est cette question, bien que non formulée dans  le texte de l’Evangile de Jean qui semble être cependant présente d’une  manière incisive dans la pensée que Jésus exprime ici ?

Le monde mal partagé entre riches et pauvres a toujours posé question à ceux qui s'interrogent sur l'absence de justice  ici  bas C'est pour cela qu'il y a  des gens qui prétendent ne pas croire en Dieu. Il y en a d’autres qui affirment le contraire. Ces deux opinions  contradictoires ne sont pas forcément si éloignées l’une de l’autre, car elles répondent  à des convictions intérieures qui ne sont basées  que sur une simple impression. Les  premiers ont parfois fait des expériences spirituelles qui les confortent dans leur position sur Dieu. Ceux qui prétendent ne pas croire, appuient leur  opinion  sur des expériences négatives où Dieu, selon eux,  n’aurait pas répondu à leur attente. D’autres enfin appuient leurs convictions  sur le fait que  l’idée du vide métaphysique leur est insupportable et ce convainquent alors de la nécessité de la présence de Dieu.  

Il est vrai que la contemplation de notre monde a quelque chose de déconcertant. Chacun essaye  de se rallier à un raisonnement  qui l’amène  à voir de la cohérence  dans sa situation personnelle et d’y inclure la présence de Dieu  ou de la  rejeter.  Celui qui est né sous une bonne étoile dans un milieu favorisé et dans une famille sans problème prétendra qu’il n’y est pour rien, qu’il bénéficie d’une grâce imméritée  qui ne peut relever que de Dieu. Il en profite donc avec bonne conscience.  Il  considère  qu'il relève de son bon droit  de vivre agréablement en consommant tout ce que son statut de privilégié lui permet, puisque c’est le hasard, ou la divine providence qui l’ont voulu ainsi.

 A l’opposé celui qui est né sous une mauvaise étoile, dans un milieu défavorisé prétend qu’il est  aussi  dans  son bon droit de se plaindre, de penser que sa situation est injuste  et d’exiger  que la société se réorganise autrement. Il peut même en  appeler à la justice divine pour justifier  ses revendications et les arguments bibliques ne manquent pas. Pour l’un  comme  pour l’autre il est de son bon droit d'expliquer le bien fondé de sa situation : soit d'accepter son sort avec reconnaissance pour l’un, soit de protester avec véhémence pour l’autre.  Il range Dieu, s’il croit en lui dans le camp des défenseurs de l’opinion qui est la sienne.  S'il ne croit pas en lui, il justifie par les évidences son absence de foi.

On peut se demander en quoi Dieu serait en cause  dans tout cela puisque c’est en son nom  que  certains justifient leurs privilèges  en son nom et que d’autres se croient invités  à la révolte en son nom. En attendant, les famines se poursuivent, les inondations  font des ravages, et la sécheresse continue à tuer le bétail et à faire des victimes parmi les populations assoiffées, sans  que ceux qui ne subissent pas un tel sort ne changent  en quoi que ce soit à leur style de vie, à part exception.

Depuis bien longtemps, ceux qui croient tenir de Dieu  leur situation favorable ont élaboré des doctrines  qui  invitent  les moins favorisés, c'est à dire les autres, à se rallier à une théologie de l’espérance en vertu de laquelle c’est au ciel, à l’issue de leur parcours terrestre qu’ils trouveront un compensation à leur mauvais sort et que le pain  leur y sera donné en abondance. C’est ainsi, toutes doctrines confondues que  le monde des croyants, enfermé dans cette logique implacable  croit devoir  subsister  jusqu’à la consommation des siècles.

Pour revenir à notre texte, les croyants que nous sommes, pensent d'abord  que Jésus en parlant du pain descendu du ciel ne fait pas allusion à un pain matériel, mais qu'il avait dans l’idée de nous parler du pain de la sainte Cène. Il s'agirait d' un pain  spirituel dont Dieu ferait profiter dès maintenant ceux qui croient en lui et qui mettent leur espérance dans ses promesses . Mais Jésus  ne se contente pas de  donner une valeur spirituelle à ce pain. Il lui a donné une valeur matérielle  quand il l'a  concrétisée dans le dernier repas partagé avec ses disciples. 

C'est pour  le partager matériellement  que  nous nous rassemblons en communauté  où tous le reçoivent à part égale. Le pain spirituel qui nous fait vivre l’éternité et la résurrection de Jésus prend alors une dimension matérielle que  nous sommes invités à partager symboliquement dans un morceau de pain bien concret.  Mais Jésus ne s’arrête pas là, il nous invite à  partager ce même pain dans une dimension plus vaste qu'il  étend   à l'humanité entière. 

Toutes les fois que cela se produit,   la nécessité du moment nous invite à confondre le pain spirituel et le pain matériel. C’est alors que la présence de Dieu se concrétise et qu’elle se fait bien réelle sur terre. Jésus ne conçoit  pas que le pain de l'eucharistie  ne prenne  pas une dimension  qui dépasse la liturgie que nous célébrons pour impliquer de la même façon, le partage de toutes les ressources de la planète. Cet enseignement de Jésus devient alors la  réalité par laquelle  Dieu prolonge son  œuvre de création  en rendant tous les hommes solidaires dans une même réalité de partage.

Qui osera dire alors  qu’il ne croit pas en Dieu ou qu’il ne croit plus en Dieu alors que Dieu ne cesse de faire pression sur nous sur nous pour que nous fassions évoluer le monde en le changeant  pour qu'il prenne la dimension que Dieu a toujours voulu pour lui. Heureux alors est celui qui comprend de quelle manière Dieu se veut être présent dans ce monde. 

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