mardi 28 avril 2015

Matthieu 28:16-20 conclusion de l'Evangle - dimanche 31 mai 2015





Matthieu Chapitre 28


La résurrection de Jésus


1 Après le sabbat, alors que le premier jour de la semaine allait commencer, Marie-Madeleine et l'autre Marie vinrent voir le sépulcre. 2 Soudain, il y eut un grand tremblement de terre ; car l'ange du Seigneur, descendu du ciel, vint rouler la pierre et s'asseoir dessus. 3 Son aspect était comme l'éclair et son vêtement blanc comme la neige. 4 Les gardes tremblèrent de peur et devinrent comme morts. 5 Mais l'ange dit aux femmes : Vous, n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. 6 Il n'est pas ici ; en effet, il s'est réveillé, comme il l'avait dit. Venez, regardez le lieu où il gisait, 7 et allez vite dire à ses disciples qu'il s'est réveillé d'entre les morts. Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit.

8 Elles s'éloignèrent vite du tombeau, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. 9 Mais Jésus vint au-devant d'elles et leur dit : Bonjour ! Elles s'approchèrent et lui saisirent les pieds en se prosternant devant lui. 10 Alors Jésus leur dit : N'ayez pas peur ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. 


Le récit des gardes


11 Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville et racontèrent aux grands prêtres tout ce qui était arrivé. 12 Ceux-ci, après s'être rassemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent 13 en leur ordonnant : Dites : « Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous étions endormis. » 14 Et si le gouverneur l'apprend, nous userons de persuasion envers lui et nous ferons en sorte que vous ne soyez pas inquiétés. 15 Ils prirent l'argent et agirent selon les instructions qui leur avaient été données. Et cette histoire s'est propagée parmi les Juifs jusqu'à ce jour. 


Le Ressuscité envoie ses disciples en mission


16 Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus avait désignée. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes ; 18 Jésus s'approcha et leur dit : Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. 19 Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, 20 et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.



Pour ne pas gâcher notre plaisir d’être provoqués par les derniers événements qui ont concernés  la fin de Jésus, il nous faut lire le chapitre 28 dans son ensemble et ne faut pas réaliser de rupture dans le déroulement  du chapitre comme le propose la lecture pour ce jour du verset 16 au verset 20. Il nous  faut donc  lire  tout le chapitre sans quoi nous ne verrons  pas comment la résurrection de Jésus,  son message aux disciples, son ascension et notre propre résurrection sont étroitement liés, car tout se tient dans ce chapitre.

L’auteur entraine son lecteur dans une envolée magistrale qui le bouscule de telle sorte qu’il ne sait plus lui-même dans quel univers il se tient, tant la réalité du monde céleste et  celle du monde présent sont confondues. Il entraine son lecteur dans un rêve qu’il ne maîtrise pas, mais les rêves ne sont pas faits pour être maîtrisés. Ils s’emparent de notre esprit  pour nous révéler ce qui est caché en nous.  En lisant ces lignes nous avons du mal à distinguer ce qui relève du songe plutôt que de la  réalité. Même les lieux, s’ils sont nommés ne se localisent pas forcément dans l’espace, mais tout ce qui est dit prend du sens si nous nous laissons saisir par tout ce qui est dit sans résister.

A la fin de ce parcours qui se fait comme un parcours initiatique, celui qui s’approprie  ce texte découvre que bien qu’il soit  informé de  tout ce qu’il doit savoir sur Jésus, sur le monde et sur lui-même, il aura du mal à en rendre compte, car le récit ne lui propose pas de s’évader dans une extase mais l’invite à entrer  en action. Il se sent  poussé par le dynamisme que le récit a mis en lui.

Il est remarquable  qu’un auteur puisse dire tant de choses en si peu d’espace et en si peu de temps. Il décrit la réalité du monde où nous nous  trouvons avec ses craintes et ses angoisses confrontés aux mesquineries aux machinations humaines. Il décrit en même temps  l’intimité avec le Christ  qui nous  entraine dans une autre réalité qui se trouve ailleurs.  C'est vers cet ailleurs  que le Christ dirige nos pas. Il nous a fait passer en quelques lignes de sa résurrection à la nôtre et de la nôtre à son ascension et nous ne savons plus où nous sommes vraiment.

Pour que nous comprenions la réalité à laquelle il nous invite à participer l’auteur ne se prive pas d’utiliser le langage symbolique de la littérature biblique où l’ange joue son  rôle traditionnel. Il se fait porteur de la parole de Dieu.  Il joint son geste à la parole  et  il roule la pierre. Mais si la présence de l’ange  et le sens profond de son geste nous troublent, il faut attendre la suite du récit   pour comprendre qu’il  libère ainsi  la vie  retenue dans des lieux secrets. Il  la libère pour la plus grande gloire de Dieu, ça nous le savons,  mais aussi  pour donner de  l’espérance aux hommes, et c’est nous  qui  allons en devenir les principaux instruments.

C’est sur ces bonnes paroles qu’il nous laisse le soin de comprendre la suite. Jésus  fait de nous des témoins de Dieu pour un monde qui reste celui que  l’on connaît avec  ses mesquineries dont nous avons un exemple dans la  manière dont les gardes négocient  leur témoignage avec les prêtres. Mais il nous charge  aussi de porter  aux hommes l’espérance dont ils ont besoin. C’est en effet par nos mains, par notre cœur et par nos paroles que le saint Esprit accomplira cette mission. Les hommes pour vivre et espérer doivent  croire que l’avenir relève du domaine de Dieu. A notre tour de prendre le relais de l’ange qui a ouvert la porte à la vie en forçant les portes du tombeau.

Certes, tout ce langage est symbolique,  mais les symboles sont faits pour être analysés puis traduits dans un langage compréhensible.  La description de l’ange, dans un premier temps, serait plutôt de nature à nous rendre incrédules et à provoquer notre réflexion qui nous dit que raisonnablement ce récit est incohérent, s’oppose à notre raison et risque de nous faire perdre la foi. Mais pour alimenter notre réflexion Interrogeons-nous alors pour savoir qui était là  pour voir la scène décrite ici ? Personne !  Si personne n’a vraiment vu la scène qui nous a été racontée c’est  que l’auteur de cet Évangile a choisi le langage du merveilleux pour nous aider à comprendre ce qui se cache derrière cet événement. Nous devons  à notre tour faire un effort pour comprendre que dans la littérature biblique les anges sont avant tout des  messagers de Dieu et agissent  sur son  injonction. Ici, l’ange ouvre la tombe pour que la vie se répande. Il exprime ainsi le fait que Dieu est le maître de la vie, c’est cela qui est important.  Cette action  trouvera son explication dans la bouche de Jésus lui-même qui envoie  ses disciples, et nous avec eux, vers ce monde où nous sommes et qui doit trouver  son espérance dans la vie qui vient de Dieu et que nous sommes chargés de répandre. Action de l’ange et paroles de Jésus se font écho pour nous préciser le sens de notre mission qui est de rendre l’espérance au monde qui n’en a pas au nom même de Dieu qui nous envoie.

Le monde où nous sommes n’aurait aucun sens et irait immanquablement à sa perte si l’espérance en la vie lui faisait défaut. C’est dire le rôle unique et particulièrement responsable que Jésus confie à ses disciples et aux églises qu’ils vont fonder, et à nous-mêmes qui sont leurs successeurs.

Mais qu’est-ce que l’espérance de la vie, si non cette certitude que la réalité de l’existence où nous vivons a du sens, car tous doivent avoir la possibilité d’être heureux ? Ce bonheur collectif ne sera pas le fruit d’un miracle qui se produira à la fin des temps, mais il est le résultat conjugué de toutes les actions des hommes qui se donneront la main pour changer le monde afin qu’il évolue dans ce sens.  Tel est le projet de Dieu pour l’humanité entière et telle est la mission qu’il nous confie.

Il y a dans ce monde tant de gens privés d’espérance de vie que plus rien n’aurait de sens si Dieu ne rappelait par de nombreuses manières que c’est avec cette utopie qu’il se propose d’être présent au milieu de nous. C’est lui qui met au cœur de chacun cette espérance et il motive des hommes et des femmes pour mettre en œuvre toutes les réalités possibles pour que l’espérance subsiste. Quiconque prend ce projet au sérieux devient à son tour un ange de lumière qui contribue  à  rouler la pierre qui pèse sur tous ces cœurs qui ont besoin qu’on les brise pour libérer tous les projets de bonnes actions qui sont déjà en gestation en eux. 

Illustrations: La résurrection vue par Jean Cocteau: Chapelle Notre Dame de Jérusalem à Fréjus

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