dimanche 8 mars 2015

Marc 16:1-8 : La résurrection de Jésus - dimanche 1 avril 2018



Marc 16/1-8
La résurrection de Jésus

1Quand le jour du sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie mère de Jacques, et Salomé achetèrent des huiles parfumées pour aller embaumer le corps de Jésus. 2Très tôt le dimanche matin, au lever du soleil, elles se rendirent au tombeau. 3Elles se disaient l'une à l'autre : « Qui va rouler pour nous la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? » 4Mais quand elles regardèrent, elles virent que la pierre, qui était très grande, avait déjà été roulée de côté. 5Elles entrèrent alors dans le tombeau ; elles virent là un jeune homme, assis à droite, qui portait une robe blanche, et elles furent effrayées. 6Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ; vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qu'on a cloué sur la croix ; il est revenu de la mort à la vie, il n'est pas ici. Regardez, voici l'endroit où on l'avait déposé. 7Allez maintenant dire ceci à ses disciples, y compris à Pierre : “Il va vous attendre en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.”  » 8Elles sortirent alors et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes de crainte. Et elles ne dirent rien à personne, parce qu'elles avaient peur.

Il y aurait une certaine outrecuidance de la part d’un prédicateur à  vouloir donner un enseignement  sur la résurrection alors que chacun de nous a une idée personnelle sur la question et qu’il s’appuie sur des expériences spirituelles qui ne  se démontrent pas. Certains même pensent que le concept est dépassé et qu’il relèverait d’une  forme de pensée des premiers siècles de notre ère qui n’aurait plus cours aujourd’hui.  La science moderne semble nier la possibilité d’une telle réalité, quoi que le transhumanisme émette de nouvelles idées sur la question

Nous nous contenterons pour notre part de recevoir ce texte de l’Evangile de Marc en essayant d’écouter ce qu’il cherche à  nous dire tout en exerçant un esprit critique à son égard.

Nous savons que l’Evangile de Marc est le plus ancien des Evangiles et qu’il s’appuie donc sur  les plus anciens documents  qui nous soient parvenus concernant Jésus. Il s’achève sur le dernier verset que nous avons lu : « Elles ne dirent rien à personne parce qu’elles avaient  peur. » Les versets suivants ( 9 à 20) font partie d’une finale apocryphe rajoutée à l’Evangile au deuxième siècle pour lui donner une fin acceptable.

L’Evangile s’achève donc sur le récit  de la peur qui s’empare des femmes après qu’elles aient découvert que le tombeau était vide et après qu’elles aient entendu l’ange  qui  leur parlait. Par un tel comportement elles manifestaient non seulement  leur désarroi mais l’incohérence de leur attitude depuis le début du récit.  L’intervention du messager divin, qui devait les rassurer ne fait que déclencher leur panique puisque elles s’enfuirent et ne dirent rien à personne. Mais elles ont bien du parler à un moment ou à un autre, puisque l’affaire a été connue après coup.  Le messager divin n’a donc pas été rassurant, comme il se  devrait,  mais au contraire, il n’a fait qu’augmenter leur inquiétude.

Depuis le début  du récit, les femmes  manifestaient leur malaise. Il est dit qu’elles partirent au lever du soleil non sans avoir pris la précaution d’acheter des aromates. Mais qui pouvait bien en vendre si tôt le matin alors qu’il ne faisait pas encore jour ? Et d’où venaient-elles ? Peut-être de  Béthanie où elles auraient toutes passé la nuit chez Lazare et Marie avec les apôtres. Mais, c’est  à plusieurs kilomètres de Jérusalem, et le déplacement leur aurait pris beaucoup de temps ! On n’en sait finalement rien, et tout cela  semble flou et  n’est guère cohérent.  Etait-ce  une clause de style de la part du rédacteur pour nous faire comprendre  le grand malaise dans lequel elles étaient déjà ?  Tous ces détails ont été soigneusement étudiés, car le texte n’était pas le produit spontané d’un simple témoin. Il a été rédigé plus de vingt ans après l’événement et l’auteur a surement pris le temps de peser ses mots.

Elles ont aussi oublié d’apporter avec elle un levier dont elles auraient du se munir pour  manœuvrer le rocher à l’entrée de la tombe et aucun homme fort et solide  ne les accompagnait pour opérer la manœuvre.  Pourquoi n’ont-elles pas mis les hommes de l’entourage de Jésus au courant de leurs intentions, car c’était non seulement une entreprise difficile qu’elles entreprenaient, mais aussi une opération dangereuse ? Elles envisageaient tout simplement d’ouvrir la tombe d’un proscrit, condamné à mort, sans aucune autorisation des autorités compétentes. Et nous savons que l’autorité romaine n’aurait pas été tendre si elles avaient été surprises  

En abordant ce récit d’une manière plus  pointue, on découvre que l’auteur a plus cherché à créer une ambiance qu’une description précise de l’événement. Il prépare son lecteur à partager le choc spirituel qu’ont ressenti les femmes et à l’introduire dans le climat de doute et de stupéfaction que pourrait produire en lui le constat de la résurrection.

Nous l’avons compris, le but du récit est d’en arriver à nous préparer à accepter  la réalité de la résurrection comme évidente. C’est maintenant le problème de la pierre trop lourde pour être manœuvrer qui se pose. En effet,  la pierre, comme  tout le reste, doit avoir, elle aussi une signification symbolique. Elle sépare non seulement le monde des morts de celui des vivants, mais elle signifie aussi que c’est Dieu lui-même qui a la possibilité de libérer le lieu de la mort et d’y introduire la vie qui prend l’aspect rassurant d’un personnage divin. Il n’a pas à proprement parler l’aspect d’un ange, mais plutôt celui d’un humain. Il n’émane de lui aucune  lumière, il ne présente aucun aspect remarquable qu’on serait enclin à attribuer à un personnage divin, pas d’auréole, encore moins d’ailes, juste une apparence blanche. On ne pourrait faire plus simple et plus rassurant et pourtant elles auront peur. 

Ce personnage est porteur d’une parole. N’est-ce pas par la Parole que Dieu se caractérise dans les Ecritures ? Cette parole est un envoi. C’est en Galilée, dans leurs maisons qu’elles doivent retourner, là où elles vivent, c’est là qu’il y aura une suite, car ici, il n’y a plus rien à voir.

Tout a été raconté pour signifier  que Dieu a pris possession du domaine de la mort et que les humains ne peuvent rien comprendre à ce mystère. Il n’y a aucun  argument qui puisse donner de la cohérence à tout  cela. La pierre présente à l’entrée de la tombe devient inutile puisqu’à l’intérieur de la tombe  il  n’y a rien, si non la certitude de la présence de Dieu. Il y a de quoi avoir peur, car  les témoins se sentent démunis devant tout cela. C’est même effrayant pour elles de constater que Dieu est si proche et que malgré tout il reste invisible. Comment dire cela aux autres ? Mieux vaut se taire sans quoi ils les prendraient pour des folles.

L’Evangile s’arrête là et désormais on prendra pour des fous tous ceux qui parleront de résurrection, car il n’est pas dans la nature humaine de croire que Dieu maintienne la vie quand la mort s’est manifestée. Pourtant, si vous croyez en Dieu, si vous croyez qu’il est maître de la vie, comment pouvez-vous penser qu’il ne peut pas  vous garder en vie quand bien même vous seriez morts ?

Quelle suite donner à tout cela maintenant ? Il n’y a plus qu’à renvoyer chacun vers sa Galilée d’origine, comme l’ange a invité les femmes à le faire. Nous sommes invités à aller vers ces lieux de vie où la vie suit son cours. C’est là que Dieu nous réserve à chacun des expérience spirituelles et personnelles où la vie viendra visiter notre âme, provoquer notre conscience et susciter en nous des mouvements de foi qui feront de nous des intimes de Dieu.

La foi devient alors cette prise de conscience qui se produit en nous et qui nous amène à constater que plus rien ne nous sépare de Dieu ni dans ce temps, ni dans un autre. La pierre qui a été dressée entre Dieu et nous par tous les obstacles de  l’existence est définitivement roulée et Dieu nous envoie, au-delà de nous-mêmes accomplir notre destin d’homme ou de femme. Allez raconter cela à ceux qui ne croient  pas ! Ils vous prendront pour des fous, comme ce fut le cas pour l’apôtre Paul qui fut tourné en ridicule  quand il voulut en parler aux gens d’Athènes. Mais là est le prix du témoignage  que notre foi nous invite à rendre dans ce monde où nous vivons aux côtés de ceux qui ne croient pas.



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