jeudi 29 janvier 2015

Marc 9:2-10 La transfiguration dimanche 1 mars 2015




2 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduit seuls à l'écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux : 3 ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle qu'il n'est pas de teinturier sur terre qui puisse blanchir ainsi. 4 Elie avec Moïse leur apparurent ; ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Pierre dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. 6 Il ne savait que dire, car la peur les avait saisis. 7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée survint une voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ! 8 Aussitôt ils regardèrent autour d'eux, mais ils ne virent plus personne que Jésus, seul avec eux. 
9 Comme ils descendaient de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu jusqu'à ce que le Fils de l'homme se soit relevé d'entre les morts. 10 Ils retinrent cette parole, tout en débattant entre eux : que signifie « se relever d'entre les morts » ?

La montagne a la faculté de nous faire rêver. Elle s’offre à nous comme un défi qui nous invite au dépassement. Il nous faut faire des efforts pour atteindre son sommet, mais une fois atteint, son air vivifiant, ses pentes  parfois enneigées, la beauté de la flore ou de la faune s’offrent à nous comme l’antichambre de la sérénité. Tout se passe en nous  comme si on frappait à la porte de Dieu. Nombreux sont les courants religieux qui ont  utilisé cette impression de paix que donnait l’ascension dans les hauteurs.

Les anciens n’ont-ils pas fait de l’Olympe, entouré de nuages la mystérieuse demeure des dieux de l’antiquité ? Ce mythe subsiste encore de nos jours, et nos âmes éprises de mystique cherchent à  se ressourcer dans l’isolement et le ravissement des hauteurs.  Ne nous étonnons donc pas si les évangélistes, témoins de Jésus, nous ont entraînés sur les hauteurs du mont Tabor, où on a pris l’habitude de situer cet événement, pour y vivre une rencontre ineffable avec Jésus.  Ils  nous racontent comment  trois de ses principaux collaborateurs  ont eu le privilège de faire cette expérience de plénitude.

Les Ecritures nous font part de nombreuses expériences semblables faites par les principaux témoins de la  révélation.  C’est sur la montagne qu’ils ont  trouvé le chemin qui mène à Dieu. Le premier d’entre eux est sans doute Moïse qui vint chercher sur le Mont Sinaï les tables gravées par le doigt de Dieu. Très impressionné par la présence du divin et rempli de la pureté ineffable de l’Éternel, Moïse ne supporta pas le retour chez les hommes   que  leurs péchés rendaient incompatibles avec Dieu, pensait-il. Il ne put dominer ses sentiments et dans son courroux cassa les tables de pierre. Il croyait  ainsi faire écho à la colère qu’il pensait devoir  être celle de Dieu irrité par la perversion humaine. Il se trompait lourdement.

Il est en effet  fréquent que  les hommes  croient qu’ils ont été transformés par la pureté qu’ils auraient acquise au contact de Dieu. C’est alors qu’ils se fourvoient sur les sentiments du Seigneur et  qu’ils lui prêtent  des  élans de colère alors qu’au contraire  il  éprouve une grande compassion à l’égard des hommes qui s’écartent de lui.

Ceux qui croient s’être purifiés au contact de Dieu deviennent  souvent intolérants et insupportables. C’est pour éviter que les amis de Jésus éprouvent ces mêmes sentiments  que l’on  nous raconte que Jésus ne voulut pas prolonger la présence de ses amis sur la montagne et  les contraignit très vite à redescendre vers les hommes.

Après ce moment  d’égarement, où il brisa les tables, Dieu  montra  à Moïse la bonne voie à suivre. Il  dut rebrousser chemin, gravir à nouveau la   montagne, tailler à nouveau de nouvelles tables et revenir vers son peuple pour le guider à nouveau vers la terre promise. Plus tard,  à la fin de sa vie c’est à nouveau sur une montagne  que  Dieu mit un terme à son existence terrestre  pour le faire entrer dans son éternité en un lieu connu de lui seul.          ( Deutéronome 34:5-6)

C’est sur une montagne, dans un moment d’extase que Dieu se révéla en toute plénitude à Élie, et c’est après cette expérience qu’il mit fin à son ministère.  Ce prophète est mal connu car la Bible ne lui a réservé aucun livre qui porte son nom, mais la tradition l’a élevé au rang de prince des prophètes. Pourtant, de caractère fougueux et emporté,  il prit à son compte ce qu’il croyait être la colère de Dieu et massacra les prophètes de Baal qui s’opposaient à lui croyant plaire ainsi à son divin Seigneur. Lui aussi  s’était égaré. Croyant obéir à Dieu, il n’avait écouté que sa propre passion  et s’était complètement fourvoyé. Il avait complètement dénaturé Dieu, dans l’image qu’il s’en était faire.  Tout chercheur de Dieu est ainsi menacé de se tromper à son sujet   s’il s’écoute lui-même au lieu de chercher à entendre son Seigneur.  Le chemin qui ramena Élie à la raison fut long. Il le suivit  solitaire et  jusqu’à ce qu’il arrive sur une montagne, où  après un long pèlerinage,  Dieu se manifesta à lui tout plein de douceur et de tendresse dans le souffle d’un zéphire tiède et apaisant.

Après cette expérience, si un retour parmi les hommes lui fut concédé, c’est pour se  choisir un successeur,  Élisée. Il fut alors enlevé dans les cieux sur un char de feu à bord duquel, il pu contempler  la présence de Dieu  dans les mains duquel il fut recueilli et ne mourut pas. ( 2 Rois 2)

Curieusement ce sont ces deux là qui rejoignirent Jésus dans la vision qui fut accordée  aux 3 apôtres qui firent sans la comprendre vraiment  une expérience de vie et de résurrection. Ils ont eu le bonheur d’anticiper par cette vision des temps derniers. Cette expérience devint pour eux un enrichissement personnel dont ils auront besoin par la suite pour témoigner auprès des hommes des projets de vie et d’éternité que Dieu réserve à tous  Mais une expérience en cours de d’exécution ne signifie pas la fin du parcours et Jésus  les contraignit à tourner leur pas vers la vallée pour  se mettre au service des autres et partager  avec eux les effets de la vie éternelle qui  ce jour là s’empara d’eux  dans ce moment d’extase.

Beaucoup aspirent à faire des expériences spirituelles significatives,  certains en ont même fait  et éprouvent le regret qu’elles ne se soient pas prolongée. Après les avoir faites, le retour au milieu de leurs semblables les ramène toujours à leurs problèmes humains. Ils oublient souvent que de telles expériences doivent les rendre modestes, car elles ne se sont produites  que pour  enrichir leurs relations  avec les hommes. Moïse nous l’avons vu, n’a pas supporté son retour  au milieu de  ses  semblables,  quant aux  apôtres, Jésus les a accompagnés  sur le chemin du retour pour éviter qu’ils ne  trébuchent.  Le contact avec le   divin est une  expérience  qui peut devenir redoutable car celui qui un jour s’est trouvé dans ce cas là risque de se prendre pour un ange et de se brûler les ailes. Il peut s’égarer loin de Dieu s’il n’y prend garde alors qu’il en a été tout proche.

Jésus est particulièrement attentif au fait que ceux qui font une  expérience très forte  avec Dieu  n’en perdent pas les bénéfices au contact des autres hommes, c’est pourquoi, comme les 3 apôtres il les accompagne sur leur chemin de retour vers les autres, car si Dieu  les a enrichis par sa présence, il n’en sera que plus exigent  pour le témoignage qu’ils auront à rendre.  Martin Luther King, reprenant cette vision à son compte avait  dit qu’il avait  vu le peuple de Dieu marcher main dans  la main,  noirs et blancs vers une humanité réconciliée. Mais si la vision avait été belle et bonne, la réalité qui l’attendait en arrivant en bas dans la vallée  se confondit avec la balle des tueurs.

Il ne nous a pas été dit ce que Jésus lui-même a vu du haut de la montagne, mais il y a fort à parier qu’il a vu un peuple plein de vie, transformé par l’éternité que  Dieu lui donne  et qui s’est mis à avancer  au milieu d’une humanité avide d’espérance. C’est ainsi qu’il a vu, son Église, à l’ombre de sa croix  en marche vers le Royaume. Mais il a vu aussi la sueur et les larmes, les déceptions et le sentiment de lassitude de tous ceux qui persévèrent dans la foi  et qui avancent sans voir que grâce à leur  courage et à leur ténacité des signes significatifs, prometteurs d’espérance sont décelables. C’est cela qu’il vous est donné  d’entrevoir et de  partager à l’issue de ce sermon, juste avant que l’on dise amen.


illustrtions: Ascension d'Elie de Giuseppe Angeli
                  Mort de Moïse de Gustave Moreau

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