dimanche 4 janvier 2015

Marc 1:21-28 l'autorité de Jésus dimanche 1 février 2015


Marc 1 : 21-28 l’autorité de Jésus
21 Ils entrent dans Capharnaüm. S'étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner. 22Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité, et non pas comme les scribes.
23Il se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui s'écria : 24 Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu ! 25 Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme. 26 L'esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri. 27 Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu'est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ! 28 Et sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée.

Le monde souffre depuis ses origines de toutes sortes de maux qui ont amené les hommes à se poser des questions sur les origines du mal et sur le rôle que Dieu peut jouer dans les difficultés qui s’opposent à nous.  C’est  à ce problème que Jésus est confronté au tout début de son enseignement public. C’est à la manière dont  il relèvera ce défi  que dépendra le succès qu’il aura par la suite.
Qui guérira tous ceux qui sont malades dans leur cœur, dans leur corps et dans leur âme ? Qui soignera notre société de ce mal mystérieux qui la ronge et qui fait perdre ses repères à chaque individu ? Qui pourra nous dire la vérité sur notre vie ?
Toutes ces questions étaient déjà dans le cœur des gens qui croisèrent Jésus dans la synagogue de Capharnaüm où il avait pris ses habitudes. Ils étaient étonnés et surpris de l’autorité qui émanait de lui. Mais les opinions les divisaient cependant à son sujet. Un jour, il était bien reçu, le lendemain on ramassait des pierres pour lui faire un mauvais sort. Tout était confus pour ces gens en quête de vérité !

C’est alors qu’une voix  s’éleva dans la synagogue comme pour faire de la surenchère  aux opinions contradictoires au sujet de Jésus.  Elle lui  demandait quel rôle il jouait et s’il n’avait pas partie liée avec le démon. De qui cherchait-il la perte ?

Ne soyons pas surpris si cette mise en cause de Jésus se passe dans une synagogue, un lieu de prière car c’est de Dieu qu’ils attendaient tous une réponse à leurs questions, et ce jour là, comme ce sera son habitude par la suite, Jésus va s’opposer au discours habituel que l’on tient en ce lieu en guérissant  celui qui l’a interpelé.

L’interpellation sort de la bouche d’un malade mental qui normalement n’avait pas sa place en ce lieu. Son intervention produisit l’étonnement et la stupeur. Le possédé prononça une véritable confession de foi à l’envers en forme d’interrogation : « es-tu venu pour notre perte?» La perte de qui ? De ceux qui ne sont pas normaux ou des gens qui par leur attitude perturbent les saintes assemblés ? Sans doute pas, mais cela pourrait bien être la perte des démons, de ces esprits malins qui s’opposent à Dieu, qui rendent les hommes malades et que Jésus se propose de détruire. Car contrairement  à la crédulité populaire de l’époque, Jésus leur conteste toute autorité et s’attaque à eux parce qu’ils déforment l’image de Dieu dont ils limiteraient le pouvoir, à moins que Dieu se serve d’eux pour exercer son autorité et son jugement sur nous, ce que Jésus  conteste aussi.

Beaucoup d’hommes sont malades, pas seulement de maladies mentales, mais aussi de maladies physiques et sociales. La société aussi est malade avons-nous dit en commençant, et Jésus est venu pour soigner ceux qui souffrent, qui sont désorientés et qui désespèrent. La synagogue est le lieu où l’on parle de Dieu et où on cherche le sens de la vie. Ce lieu est particulièrement bien choisi, et c’est là que Jésus, signifie au nom de Dieu, qu’il a vocation  d’aider les hommes à découvrir  le sens de leur vie, même s’il doit mettre à mal l’enseignement de ceux qui  enseignent habituellement en ce lieu. Loin de prêcher la fatalité  ou le jugement de Dieu sur le malade, il  le guérit.  En agissant ainsi il présente un tout autre aspect de Dieu, il oppose à la tradition un Dieu  qui libère et aide les hommes à vivre la vie là où elle est mise en cause. Déjà les charbons ardents s’accumulent sur sa tête.

L’Evangéliste Marc qui rapporte cet incident a déjà pris position sur cette question. Il en fait un des points essentiels du message de Jésus puisqu’il place ce récit en tout début d’Evangile. Il nous dit que Jésus s’adresse aux gens avec une autorité que les professionnels de la religion n’ont pas. Il les accuse clairement, de manquer d’autorité personnelle. L’autorité qu’ils ont ne leur vient pas d’eux-mêmes, ils l’empruntent à la tradition et à la Loi qu’ils sont sensés respecter.  Pourtant,  ils ne sont pas en vérité par rapport à  Dieu puisque Jésus peut susciter, au nom de Dieu, une amélioration de la vie là où eux ne font rien ou n’ont rien pu faire. Quant à Jésus qui ne cite pas forcément les Ecritures à tout bout de champ, il tient son  autorité directement de Dieu.

Pourtant, si Jésus ne parle pas sous l’autorité de la tradition, sa parole risque d’être prise pour blasphématoire. Tout ceux qui sont là ne sont pas des naïfs, ils savent exercer leur esprit critique et aimeraient pourvoir identifier en Jésus le messager de Dieu à coup sûr, mais quelle preuve ont-ils ? Cette question devient du même coup la nôtre.

Ce serait aller un peu vite en besogne que de dire qu’elle lui vient du saint Esprit parce qu’il reste aussi insaisissable que Dieu et  il ne confirme en rien l’action de Jésus qui  pourtant, sans répondre directement à cette question nous donne des éléments de réponses. Il est suffisamment explicite pour que notre esprit se mette au travail et trouve tout seul la solution. C’est dans le dialogue avec l’individu qui l’a interpelé que cela va se passer.

Il  réfute le qualificatif de Saint de Dieu, dont il le désigne. Il refuse qu’on l’enferme dans un personnage qui aurait la science infuse et la réponse à tout, du fait de sa proximité avec Dieu car, c’est cela que l’on attend de lui. On attend qu’il donne une parole forte et indiscutable, qu’il opère des miracles sans ambigüité et  à la demande et que sa seule présence suffise à changer le monde. Jésus ne se situe pas dans ce rôle, sans quoi depuis deux mille ans on s’en serait aperçu. Jésus a été parfois enfermé dans ce personnage, mais il a toujours réussi à s’en sortir. Pourtant les clercs ont toujours cherché à l’y ramener.

On aimerait cependant maintenir Jésus dans ce rôle « d’être exceptionnel » que lui-même récuse et d’y enfermer Dieu avec lui. Nous cherchons  à l’enfermer dans les titres glorieux que nous lui reconnaissons dans nos traditions et que nous aimerions  imposer aux autres. C’est à se sujet que les croyants se  divisent  entre eux  et se font la guerre. Ils s’affrontent au nom de vérités qui sans être fausses ne sont pas forcément absolues. Ils créent des mouvements de division qui les opposent aux autres et les amènent à se séparer entre eux. La vérité sur Jésus est sans doute ailleurs.

Quand pour leurs malheurs l’un de ces courants différent des autres, dispose de l’oreille du pouvoir temporel, il n’est pas rare que celui-ci mette à son service le bras armé de ses soldats pour forcer la main à ceux qui ne croient pas comme eux. C’est ainsi que les religions entrent en guerre et s’en prennent à la vie des hommes. Toute l’histoire des hommes est pleine de tels affrontements. Ne soyons donc pas surpris si Dieu reste à l’extérieur de ces combats et nous suggère de voir les choses autrement.

Si maintenant il nous fallait  donner une réponse au sujet de l’autorité de Jésus, puisque c’est la question de ce jour, il nous  faudrait éviter de  prendre place parmi ces sages qui se divisent au nom de leur vérité. C’est  dans la bouche même de Jésus que nous trouverons une réponse : « les aveugles voient, les infirmes marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent. et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » dit il dans Matthieu 11/5 reprenant Esaïe 61/1

Jésus se présente comme le témoin de la puissance de vie qui habite chaque individu et qu’il s’acharne à  restaurer quand elle est déficiente, menacée ou détruite. Il ne détient pas d’autre puissance apparente de la part de Dieu que celle de susciter la vie là où elle est en difficulté. Il vient  mettre en nous la conviction qu’il a capacité de redonner de l’énergie à tous ceux qui sont en manque d’espérance et qu’il met en chacun d’eux la possibilité de se dépasser, de se relever quand ils sont tombés, et en fin de parcours de recevoir une vie qui dépasse la vie  quand celle-ci semble anéantie par la mort.



Illustrations: Matteo da Milano Missel museun of art Cleveland Ohio USA

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