dimanche 19 octobre 2014

Matthieu 25:31-46 le jugement dernier - dimanche 23 novembre 2014



                                              Le jugement denier Cathédrale de Bourges



Matthieu 25:31-46 le jugement dernier - dimanche 26 novembre 2017

                                              Le jugement denier Cathédrale de Bourges

Le jugement dernier

31 Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur son trône glorieux. 32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Il séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres : 33 il mettra les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche. 34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; héritez le royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35 Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais étranger et vous m'avez recueilli ; 36  j 'étais nu et vous m'avez vêtu ; j'étais malade et vous m'avez visité ; j'étais en prison et vous êtes venus me voir. »

37 Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger ? — ou avoir soif, et t'avons-nous donné à boire ? 38 Quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous recueilli ? — ou nu, et t'avons-nous vêtu ? 39 Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous venus te voir ? » 40 Et le roi leur répondra : « Amen, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela pour l'un de ces plus petits, l'un de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »

41 Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges. 42 Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire. 43 J’étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. » 44 Alors ils répondront, eux aussi : « Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim ou soif, étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, sans nous mettre à ton service ? 45 Alors il leur répondra : Amen, je vous le dis, dans la mesure où vous n'avez pas fait cela pour l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. » 46 Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes, à la vie éternelle.


Voila, tout est dit : Le salut par les œuvres semble finalement être la conclusion  de tout l’enseignement de Jésus qui s’achève avec cette parabole sur une condamnation sans appel de tous ceux qui manqueront aux règles de l’altruisme C’est la morale qui triomphe au détriment de la grâce. Les Réformateurs n’ont plus qu’à aller se rhabiller.

Nous sommes tellement choqués par cette conclusion que nous pensons,  à  coup sûr  que cette parabole  doit avoir une autre explication que celle  qui consiste à juger sévèrement ceux qui ont manqué aux règles de la plus élémentaire charité. C'est ce que nous allons essayer de voir au risque d'être accusés de manipuler l’Évangile.

Jésus fustige donc d’une volée de bois vert tous ceux qui auront l’audace de ne pas aimer leur prochain d’une manière significative. Il fait de l’altruisme une règle tellement rigide que tous se sentent coupables et responsables à l’énoncé du verdict.
Ou alors donne-t-il du Dieu traditionnellement reconnu par tous comme le Dieu de justice, une image tellement détestable qu’ils se rallieront à une autre image de Dieu révélée par Jésus dans son ultime sacrifice.

 Au début de l’Évangile Jésus recommandait d’aimer son prochain et il ne laissait pas entendre  que tout manquement  à ce précepte  aurait pu   entraîner la condamnation à mort  que ce texte suggère. Ici il se transforme en juge et prononce une sentence sévère. L’évangile qui se veut libérateur, devient tout à coup accusateur, et Jésus qui était sensé pardonner tous les hommes entre dans un autre rôle, si bien que nous avons du mal à le reconnaître.

Ce n’est pas seulement le contenu de cette parabole qui est déroutant, c’est que les  philosophes et les moralistes de notre temps tiennent  le même langage. Ils nous reprochent de ne pas faire grand cas de tous les affamés, de ne pas savoir accueillir les étrangers, de ne pas se soucier des malades dans les hôpitaux et de n’avoir aucun égard pour ceux qui sont en prison. Le prix de cette  attitude serait le déclin de nos sociétés et la fin  du monde occidental.

La société civile d’aujourd’hui tient donc le même discours que celui que les Églises tenaient jadis et qu’elles tiennent encore. Ce discours  visait à dominer les masses en les culpabilisant.  Il prétendait que le salut de chaque individu dépendait de la manière dont chacun se repentait de ses erreurs et de  ses manquements aux règles d'amour. Après s’être repenti chacun devait corriger ses actions insuffisantes. Seuls  ceux qui se soumettaient aux exigences de  ce discours  avaient un espoir de salut.  Mais si l’Eglise enseignait cela, cet enseignement était loin d’être respecté par ses dirigeants ! C’est le même constat que nous faisons à l’égard des dirigeants de nos sociétés modernes.

Si nous portons notre attention sur les médias d’aujourd’hui, nous y lisons à chaque ligne de leurs éditoriaux que la société occidentale est responsable de tous les maux de la planète : La pollution bien sûr, la famine des pays pauvres, le climat d’insécurité dans le moyen Orient, j’en passe. Mais à la différence du discours que l’on reprochait et que l’on reproche encore aux Églises, les médias ne laissent place à aucun espoir car ceux qui se mettent à l’œuvre pour secourir la détresse des autres n’en font pas encore assez pour inverser le cours des choses. Coupables ou non tous subiront le même sort.

Comment donc s’en sortir ? Il nous faut sans aucun doute retrouver le langage de l’Évangile qui en dépit de  cette fin terrible n’enferme pas les hommes dans leur culpabilité, mais leur donne l’espérance d’une issue heureuse en tout cas  pour ceux qui agissent selon les bons préceptes de l’altruisme. Si nous essayons de pénétrer plus à fond cette parabole, nous constaterons que malgré le rejet des coupables, elle s’achève sur la promesse de la vie éternelle pour les justes. Une partie donc de la société échapperait donc à la condamnation. C’est le dernier mot du texte. Le but de ce long discours culpabilisant est donc d’ouvrir l’avenir sur une possibilité de vie. Cette vie donnée par Dieu sera éternelle. Mais nous l’avons compris, cette conclusion passe mal aujourd’hui, car les promesses d’un ’au-delà  heureux ne font plus recette.

Nos contemporains se sont détournés des églises traditionnelles parce que leur langage culpabilisant qui masquait l’espérance était devenu insupportable. Ils gardent cependant en eux une soif de spiritualité. Même s’Ils vont jusqu’à gommer complètement la réalité de Dieu, ils  retiennent cependant qu’il existe encore chez certains  l’idée d’un esprit de bonté, de fraternité et d’amour qui soufflerait sur le monde et dont toutes les religions seraient dépositaires. Ils n’ont pas cessé d’être animés par des idées généreuses avec lesquelles ils construisent une foi à leur propre dimension et se tracent pour eux-mêmes des voies d’espérance. Mais si l’homme moderne reste un homme spirituel, il a pourtant rejeté Dieu dont le visage traditionnel ne lui convient plus et il n'entend plus cette parabole qui semble pourtant être présentée ici comme le testament spirituel de Jésus.
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Ne se trouvant plus à l’aise dans les religions reconnues, l’homme d’aujourd’hui ne se sent pas non plus à l’aise dans la société civile qui tient le même langage que les églises qu’il a rejetées et qui en plus a détruit l’espérance. Pourtant cette société moderne ne lui a-t-elle pas tout donné ? En tout cas, on essaye de le lui faire croire. Elle lui a donné la possibilité de confort, la puissance économique, la consommation en abondance, l’éducation et l’enseignement, mais en même temps elle a créé l’angoisse du lendemain et la peur de tout perdre, sans solution de remplacement. L’espérance a cessé de faire partie du langage autorisé.

Dans cet univers que j’ai brossé sombre à souhait, Jésus se présente donc  avec cette parabole comme celui qui accuse. Il vient avec les attributs d’un juge et siège au tribunal de Dieu. Il répond ainsi aux souhaits de ceux qui veulent le faire Dieu et il prend ainsi la place de son Père jugeant le monde. Personne ne peut échapper à son jugement. Qui parmi nous, même les plus saints, pourraient mériter le salut qu’il propose ? Personne, car nous resterons toujours  coupables de manquement aux règles de l’humanité la plus élémentaire.

Celui qui parle ainsi, c’est le Jésus couronné de gloire qui trône en majesté sur le tympan de nos cathédrales, c’est celui qui juge et qui condamne, ce n’est pas celui qui est messager d’espérance pour ce monde, ce n’est pas le témoin de Dieu qui  dans les lignes suivantes va entamer son long calvaire au cours duquel il est dit  que c'est à cause de l'humanité défaillante  qu'il donne sa vie, non pas pour que les hommes soient condamnés mais qu'ils aient la vie en abondance. Pourquoi alors cette  parabole accusatrice  dans laquelle nous avons du mal à entrer?  Pourquoi Jésus se met-il en scène sous les traits d’un juge arrogant ?
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Tout simplement parce que nous sommes à un des tournants de l’Évangile ! Dans les pages qui vont suivre va commencer la longue série des textes de la passion qui vont donner une autre couleur à la réalité sur Dieu. Et qui vont à tout jamais anéantir ce Dieu vengeur.

Finie alors l’idée de Dieu-juge entouré de sa cour d’archanges trônant avec son fils pour punir le monde infidèle. Terminée l’image de ce Dieu qui se met en colère pour préserver sa majesté divine quand elle est offensée. C’est maintenant une autre réalité de Dieu que Jésus va proposer au monde par sa mort qui défie la mort et par sa résurrection qui offre la vie aux hommes quand celle-ci semble avoir disparue. L’image de Dieu qui s’impose désormais à nous, c’est celle du Dieu qui donne la vie, et qui offre aux hommes l’espérance quand l’avenir semble compromis. En entrant volontairement dans le temps de sa passion Jésus détruit à tout jamais l’idée que Dieu nous accuse de quoi que ce soit et nous rend coupables de quoi que ce soit. Son projet consiste à nous enrôler dans un processus de vie pour les hommes et pour le monde.

.Cette parabole prend alors l’allure de la caricature de ce que serait le monde si Dieu s’imposait à nous comme un Dieu de justice et non comme un Dieu d’amour. C’est la caricature du Dieu qui transparaît dans les discours des pharisiens et que Jésus récuse. C’est le Dieu des intégristes qui veulent imposer aux autres une loi qu’ils ne peuvent pas s’appliquer à eux-mêmes. Le Dieu de Jésus Christ a toujours refusé de se laisser enfermer dans la notion de justice telle que les hommes la conçoivent. Il se fera connaître désormais comme celui qui vient vers tous les hommes et leur propose à tous le salut comme Michel Polnareff le chantait quand il disait que nous irons tous au paradis,… même les méchants.

Il me plait donc de regarder l’avenir avec cette conception des choses car je suis sûr que c’est aussi la conception de Dieu.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

... une véritable bouffée d'oxygène ... que ce regard régénéré sur l'Eternel ...

Patrick Laval a dit…

... une véritable bouffée d'oxygène ... que ce regard régénéré sur l' Eternel ...