lundi 21 juillet 2014

Esaïe 56:1 et 5-7 La justice de Dieu dimanche 17 août 2014



Esaïe 56 - 1 et 6-7 

1 Ainsi parle le SEIGNEUR : Veillez à l'équité, agissez selon la justice ; car mon salut est près d'arriver, ma justice est sur le point de se dévoiler.
2 Heureux l'homme qui fait cela, l'être humain qui s'y tient, observant le sabbat, pour ne pas le profaner, et gardant sa main de toute action mauvaise !
3 Que l'étranger qui s'attache au SEIGNEUR ne dise pas : Le SEIGNEUR me séparera de son peuple ! Que l'eunuque ne dise pas : Je suis un arbre sec !
4 Car voici ce que dit le SEIGNEUR aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent ce à quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes dans mon alliance :
5 Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais retranché.
6 Quant aux étrangers qui s'attacheront au SEIGNEUR afin d'officier pour lui, qui aimeront le nom du SEIGNEUR au point de devenir ses serviteurs, tous ceux qui observeront le sabbat en se gardant de le profaner, et qui demeureront fermes dans mon alliance,
7 je les amènerai dans ma montagne sacrée et je les réjouirai dans ma maison de prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; car ma maison sera appelée« Maison de prière pour tous les peuples ».

L’espérance est sans  doute un des mots clé de la Bible.  Quelque soit le regard que  nous portions sur la Bible et en dépit des récits les plus violents qu’on y trouve,  il y a toujours une note d’espérance qui  engage  l’humanité en recherche de Dieu, à s’impliquer dans la construction d’un avenir heureux pour tous.   

Aujourd’hui nous cueillons cette note d’espérance sur la bouche du prophète Esaïe qui par ailleurs n’avait pas l’habitude de mâcher ses mots pour fustiger un peuple rebelle à Dieu car il  cherchait les voies  de son avenir en  pratiquant une politique  contraire à la volonté divine et sa pratique du culte n’était pas toujours en accord avec les vérités reçues de Dieu.  Chacun croyait fermement  que s’il  s’appliquait  à pratiquer extérieurement les exigences de la Loi de Moïse, Dieu le conforterait  comme peuple privilégié à la face des nations. Or ça ne marchait pas.

Il faut dire  que Ia loi de Moïse n’était pas vraiment respectée, le droit et la justice étaient bafoués. Le désir de puissance habitait leurs dirigeants  et les plus riches parmi eux ne cherchaient qu’à s’enrichir au détriment du partage avec les déshérités. Le message des prophètes qui ne cessaient de  rappeler à tous la volonté de Dieu était pourtant assez simple. Il s’agissait  de changer d’attitude, de se convertir, de voir les choses autrement et l’avenir s’ouvrirait à nouveau.  Se répandait  alors l’idée que si les choses ne se passaient pas comme on l’aurait voulu c’est que Dieu était jaloux, sévère, parfois injuste et versatile. L’idée a perduré jusqu’à nos jours  au point que les peuples d’aujourd’hui se détournent de ce Dieu et qu’ils le ravalent au  rayon des produits dépassés issus  de  l’héritage d’une antiquité disparues à jamais.

Mais  qui prétend cela oublie  qu’une autre lecture des  textes est toujours possible, C’est celle que fit Jésus et que firent de nombreux prophètes avant  lui, notamment Esaïe.  Ils ont affirmés, textes à l’appui,  qu’avant d’être le Dieu redoutable  que l’on craint, Dieu est d’abord un pourvoyeur de vie pour les hommes qui le cherchent. Il  veut  orienter leurs pas et il s’offre à eux pour construire des projets qui font vivre.  Cependant  Dieu  ne cautionne  pas n’importe quel projet  et ne s’inscrit pas dans ceux des hommes qui cherchent à obtenir de lui la garantie de leurs privilèges et le maintien de leurs avantages, car c’est ce que cherchent  d’abord la plupart des humains.

S’ils sont forts et puissants, ils cherchent à s’imposer par la force ou la conviction et aussi par la violence et réclament l’aide de Dieu  parce qu’ils se considèrent dans  leur bon droit. S’ils sont faibles, ils considèrent  que Dieu pourrait s’associer à leurs projets en les favorisant  par rapport à ceux  dont ils espèrent  rejoindre les rangs de privilégiés.  Il est en effet dans notre nature humaine de chercher à supplanter les autres et à se mettre dans une situation plus avantageuse que la leur. Quand ils y arrivent ils remercient Dieu d’avoir fait d’eux ce qu’ils sont devenus. Mais Dieu y est-il pour quelque chose ? Par contre, quand le sort se retourne contre eux, ils accusent Dieu d’injustice, lui reprochent de ne pas se soucier des hommes  et d’être injuste envers eux.

Les hommes se fabriquent ainsi un Dieu à leur propre image. Ils voudraient qu’il soit le reflet de leurs propres désirs.  C’est avec cet esprit qu’ils ouvrent les Livres sacrés et qu’ils les interprètent selon leurs convenances. C’est ainsi que l’image  d’un Dieu  injuste, versatile et violent  s’impose à eux quand ils ne bénéficient pas des privilèges qu’ils voudraient se voir accordés.  Chose curieuse, c’est à partir de ces  mêmes textes que Jésus a fait de Dieu une approche  radicalement  différente et qu’il a pu nous le présenter sous les traits  d’un Dieu  paternel rempli d’amour pour les hommes, toujours prompt à les faire progresser dans la voie de l’espérance.

Puisque l’image que nous nous faisons de Dieu est grandement une projection des désirs de l’homme sur le divin, puisqu’il ne nous  est pas possible de voir Dieu autrement qu’à travers les lunettes déformantes de notre humanité, interrogeons-nous  alors sur nous-mêmes.

L’être humain est un prédateur redoutable, il ne se satisfait qu’en assouvissant son instinct de domination. Certes, tous n’entrent pas dans cette réalité, parce que tous ne le peuvent pas. Mais tous sont  en situation de se sentir désireux de supplanter les autres. Parmi eux les croyants cherchent  à utiliser les faveurs de Dieu pour atteindre ce but. Ceux qui sont au faîte de la pyramide sociale remercient Dieu de les y avoir  amenés et lui demandent de les y maintenir. Les  autres considèrent que Dieu, dans sa grande bonté pourrait  contribuer à leur élévation sociale. Les premiers pensent que leur privilège  relève de la faveur de Dieu, les   autres  pensent que leur ascension relève de sa justice. Quant à l’immense masse de  ceux  qui se considèrent  comme victimes de l’injustice de Dieu et de l’injustice des hommes tout à la fois, tout le monde les plaint sans faire vraiment  le nécessaire pour changer leur sort.

C’est alors que l’oreille attentive entendra la voix du Seigneur qui s’exprime par la bouche du prophète : «  Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut est sur le point d’arriver ». Le  mot de « justice » ici est associé à la notion de salut.  Le salut, c’est la conscience que porte en lui, le croyant qui sait qu’il est en accord avec Dieu.  Il sait que la notion de justice qu’il exprime dans le moindre de ses actes reçoit l’aval de Dieu s’il s’apparente à ce que Jésus appelle l’amour. Le « comportement juste » est le comportement, de celui qui cherche à donner à chacun  la qualité de vie qui lui permettra d’exister d’une manière plus heureuse dans une vie qui ne sera pas privilégiée, mais équitable.

Bien évidemment quand plusieurs siècles avant Jésus Christ, le prophète tenait un tel raisonnement, il n’a pas plu et il fut malmené par  ses contemporains qui ont continué  à chercher la voie de leur salut dans l’acquisition d’avantages qui les rendaient privilégiés par rapport aux autres. Bien des siècles ont passé sans que rien ne réussisse  à étouffer cette voix et c’est Jésus qui a nouveau l’a faite retentir. Il promettait à tous de leur ouvrir la voie du salut  s’ils cherchaient à  s’accorder  avec la notion de justice  selon la conception de Dieu. Cette notion consistait à préconiser pour  tous la même qualité de vie en se donnant pour seule règle, celle de l’amour qui consiste à aimer les autres voire même ses ennemis plus que soi-même.

En cherchant à aimer les autres comme Jésus  l’a enseigné, chacun doit se donner  pour règle de  vie de ne pas laisser ses instincts de domination prendre le dessus  au détriment des autres. C’est ainsi qu’avec Jésus on pourra entreprendre la construction de son Royaume de paix et d’espérance.  Il est évident que pour réussir, une telle entreprise ne doit pas rester celle d’individus particuliers dont le comportement fait aujourd’hui l’admiration de tous. Mais elle doit être celle de toutes les Eglises. Elle doit prendre priorité dans leur enseignement et leur comportement. En se comportant ainsi et en enseignant à le faire,  les églises  ne croîtront pas forcément, mais elles auront la satisfaction d’être fidèles à leur Seigneur. C’est là que se trouve leur vocation.

Illustrations de Georges Paul François Laugée, et Julien Dupré 


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