jeudi 5 juin 2014

Matthieu 11:25-30 la sagesse de Dieu Dimanche 6 juillet 2014




En ce temps là, Jésus prit la parole et dit : Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as réservées aux enfants. Oui, Père je te loue de ce que tel a été ton bienveillant dessein. Tout m’a été remis par mon Père et personne ne connaît le Fils si ce n’est par le Père, personne non plus ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et retenez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau léger.



On n’ose pas toujours le dire, mais parfois Jésus nous agace. Il y a des moments où on a du mal à le suivre et où ses propos nous blessent. On n’ose cependant pas le dire car de telles pensées paraîtraient inconvenantes. Aujourd’hui, il s’en prend aux sages et aux intelligents. Et naturellement, nous nous sentons visés, parce que nous nous croyons sages et intelligents, et sans nous flatter, nous le sommes vraiment. Il s’en prend à nos vertus les plus caractéristiques pour les opposer à celles des tout petits enfants qui en raison de leur manque d’expérience n’ont pas encore pu tester leur propre intelligence. En nous déstabilisant ainsi, on ne sait pas où Jésus veut en venir.

Comment peut-il s’en prendre à notre sagesse alors que la Bible valorise la sagesse humaine en commençant par celle de Salomon qui était proverbiale? Jésus s’en prend à notre intelligence. N’est-ce pas grâce à elle que le génie humain parachève la création ? N’est-ce pas grâce à elle que nous traduisons en actes les intuitions que Dieu nous donne par son Saint Esprit ? Comment pourrions-nous aider les autres et les aimer comme nous-mêmes si nous ne pouvions les considérer avec intelligence et les aider dans la mesure de nos compétences ? Jésus veut-il que nous changions de comportement ? Veut-il que nous abandonnions tout pour mendier notre bol de riz sur les chemins, comme le font certains moines bouddhistes ? Nous faut-il revenir comme les Hébreux dans le désert qui attendaient chaque soir que la manne leur vienne du ciel ?

Bien qu’il sache fort bien nos réticences à ses propos, il nous vente la sagesse des nourrissons. Ils sont encore si petits qu’ils dépendent entièrement de leur mère. Jésus sait certainement qu’à ce stade de leur évolution, ils sont entièrement égocentriques et que leur existence se réduit à la satisfaction de leurs pulsions immédiates. Quand leurs besoins de confort ne sont pas satisfaits, ils pleurent pour exiger que leurs désirs soient assouvis ? Est-ce ainsi que Jésus veut que nous soyons, tels Adam et Eve dans le jardin d’Éden vivant de tout ce qui leur était donné en abondance ? Mais ça ne marche pas ainsi, le jardin des Ecritures nous est interdit et pour vivre sur terre il nous faut être responsables de nos actes ? Il nous faut agir intelligemment pour que le plus possible d’entre nous vivent correctement. N’est-ce pas là la volonté de Dieu ? Il est évident que ce n’est pas là que Jésus eut en venir.

Si nous persistons dans ce type de raisonnement nous allons nous orienter sur une mauvaise voie. Il est évident que Jésus s’en prend pas à nos valeurs intellectuelles et à notre manière d’appréhender les problèmes avec sagesse. Par contre il veut nous mettre en garde contre nous-mêmes. Il sait que plus nous sommes compétents, plus nous avons acquis de savoir, plus nous sommes enclins à faire confiance en l’homme et en l’homme seul. Plus nous donnons du poids à nos valeurs humaines, plus nous risquons d’oublier Dieu.

Jésus nous invite à un peu de modestie par rapport à nous-mêmes et à ne pas confondre sagesse et connaissance, car bien souvent nous croyons qu’en accumulant les savoir nous croissons en sagesse. Ce qui est faux. Nous allons vérifier la justesse de ses propos à travers l’Ecriture. Le récit le plus significatif en la matière se trouve sans doute dans l’histoire de David et de Goliath. Que les récits soient historiques ou légendaires ne changent rien à l’affaire. David nous est présenté par les textes comme un garçon intelligent et avisé. Cependant, face au géant Goliath, aucune sagesse humaine ne lui aurait donné une seule chance. Il fallait donc que son intelligence et sa sagesse soient relayées par une audace dont l’intuition lui venait d’ailleurs.


Autre exemple : Le peuple d’Israël lui-même, malgré toute la sagesse de Moïse pouvait-il défier raisonnablement le pouvoir du pharaon, traverser les eaux hostiles de la mer Rouge et envisager de séjourner dans le désert au milieu des reptiles et des scorpions à la recherche d’une hypothétique terre promise ? C’était un défi au bon sens et pourtant il l’a relevé. Toute l’Ecriture nous relate ce type d’événements pour nous enseigner que la foi en Dieu repose sur ce type de défi que l’on relève en s’appuyant sur la foi et non sur la connaissance. Les hommes de la Bible avaient capacité d’affronter les obstacles de la vie grâce à l’intuition qui leur venait de Dieu et qui pouvait parfois s’opposer à la sagesse et à l’intelligence humaine. Ils ont cependant bien souvent préféré suivre leur propre sagesse en oubliant d’écouter Dieu et leur aventure a tourné court.

C’est là que Jésus attendait ses auditeurs, c’est là qu’il nous attend aussi. Il considère que notre sagesse et notre prudence risquent de neutraliser notre capacité à espérer. Notre raison nous porte à limiter raisonnablement les risques. C’est pourquoi, nous nous sentons toujours trop faibles pour entreprendre, trop pécheurs pour espérer, trop vieux ou trop peu nombreux pour entreprendre. Notre sagesse et notre intelligence établissent des limites de prudence que Jésus veut nous faire dépasser. Il veut que nous devenions des prophètes de bonheur dans une société qui passe son temps à se protéger du pire et qui méconnaît les capacités de réussite que contient l’espérance.

Un des plus gros défi que nous ayons à relever, c’est celui que nous pose notre propre savoir, car c’est sur lui que nous asseyons notre sagesse. Il constitue comme une force d’inertie qui nous empêche d’avancer parce qu’il fait de nous des êtres blasés face à l’avenir. Notre savoir  s’appuie sur tant d’expériences que nous avons l’impression du « déjà vu » qui nous prive de toute audace et qui neutralise notre faculté d’espérer. Ce savoir qui s’appuie sur l’expérience des autres neutralise notre propre intelligence et notre propre sagesse. Il pèse sur nous d’un poids comparable à celui du joug que l’on posait sur la nuque des bœufs à l’époque de la traction animale. Si le joug permettait aux bœufs de tirer

des charrettes de gros poids, il les obligeait à baisser la tête et les empêchait de voir devant eux. Leur vision de la route en était ainsi obstruée. Le poids de notre savoir nous met dans ces conditions semblables à celles des bœufs au travail, il nous empêche de voir au-delà de nous-mêmes les possibilités que Dieu dessine à l’horizon de notre route.

Jésus savait que l’Ecriture était témoin d’une autre manière de voir les choses. Il a appris par exemple que dans l’histoire de David et Goliath, David a déposé les armes trop lourdes que le roi Saül avait mises à sa disposition pour le protéger. Elles l’empêchaient de se mouvoir au lieu d’assurer sa sécurité. De même, le peuple d’Israël avait du oublier sa propre sécurité avant de quitter l’Égypte et abandonner tout ce qui aurait pu entraver sa progression dans le désert. Il n’avait pour le protéger que la certitude que Dieu l’accompagnait dans son aventure et ne l’abandonnerait pas. C’est ainsi qu’ils pouvaient courir le risque de l’entreprise. Dans une telle aventure, notre sagesse et notre intelligence peuvent agir comme des freins qui pourraient contrecarrer les projets que Dieu nous amène à formuler. Nous ne pouvons donc être audacieux dans la foi sans déposer les poids qui entravent nos désirs.

Déposer nos poids trop lourds, ne consiste pas seulement à dépasser notre savoir et nos connaissances pour laisser Dieu pénétrer en nous et faire sa demeure dans notre âme, c’est aussi agir de telle sorte que le poids des expériences que l’on a acquises ne pèse pas d’une manière négative sur les messages que Dieu nous envoie. C’est aussi accepter que les remords que l’on peut avoir ou que le dégoût que l’on peut avoir de soi-même n’encombrent plus notre avenir. Dieu a décidé une fois pour toutes, par le pardon qu’il nous donne de nous en débarrasser et d’en porter pour nous tout le poids. Il a décidé que le passé ne devait plus être un obstacle. Il se charge lui-même d’en assumer le poids et il place devant nous des projets qui font vivre. C’est cela qu’on appelle l’espérance. L’espérance, c’est la puissance de vie que Dieu met en nous et avec laquelle nous construisons notre destin.

Sermon déja proposé  le 2011

Aucun commentaire: