mardi 25 février 2014

Matthieu 17: 1-9 - la transfiguration

Matthieu 17/1-9 - La transfiguration  - dimanche 16 mars 2014

La transfiguration : Ce même texte a déjà été publié le 17 mars 2011

1 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. 2 Il fut transfiguré devant eux : Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3 Moïse et Élie leur apparurent, ils s'entretenaient avec lui. 4 Pierre prit la parole et dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. 5 Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les enveloppa. Et voici qu'une voix sortit de la nuée qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Écoutez-le ! 6 Lorsqu'ils entendirent (cela), les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d'une crainte violente. 7 Mais Jésus s'approcha, les toucha et dit : Levez-vous, soyez sans crainte ! 8 Ils levèrent les yeux et ne virent que Jésus seul.

9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. 10 Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? 11 Il répondit : Il est vrai qu'Élie vient rétablir toutes choses. 12 Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et qu'ils ne l'ont pas reconnu et qu'ils l'ont traité comme ils l'ont voulu. De même le Fils de l'homme va souffrir de leur part.


Beaucoup d’entre nous ont sans doute entendu parler du discours prononcé par Martin Luther King à Washington le 28 août 1963 au cours duquel il évoqua son rêve d’un peuple américain libre et uni. Il l’exprima en décrivant la vision qu’il avait d’une Amérique nouvelle : « I have a dream : j’ai la vision » avait-il commencé à dire depuis les marches du monument de Lincoln où il haranguait une foule de deux cent mille manifestants noirs. Ses propos laissaient entendre qu’il devinait déjà les signes d’une vie nouvelle qui attendait le peuple noir la bas au-delà des collines de l’Alabama.

Chacun de ses auditeurs, pétri des récits de la Bible, reconnaissait certainement en l’entendant la vision de Moïse sur la montagne contemplant la Terre Promise. Grâce à l’espérance que Jésus avait déposée en lui, Martin Luther King put entrevoir la promesse d’un peuple noir et d’un peuple blanc réconciliés formant une seule nation.

Jésus nous enseigne à l’imiter. Il nous apprend à rechercher la compagnie des hommes et des femmes de la Bible pour être enseignés par eux. A la lumière de l’Evangile leur message prend une valeur éternelle et parle à chaque génération d’une manière durable.

Bien que Jésus ait affirmé que Dieu aime les hommes d’un amour incommensurable, ceux-ci ne s’en rendent pas vraiment compte. Ils sont plus revendicateurs des grâces de Dieu, que témoins de son amour. Ils se comportent comme si Dieu leur devait aide et assistance pour prix de leur foi en lui.

La seule manière de nous rendre compte de l’action de Dieu au milieu des hommes c’est de voir comment il a agi envers ceux qui nous ont précédés dans la foi. C’est en les rencontrant, que nous comprendrons comment les femmes et les hommes de la Bible ont rendu compte de l’amour de Dieu. Dieu les a aimés du même amour que celui dont il nous aime aujourd’hui. S’il a mis en eux sa sagesse, il n’a cependant pas voulu que les épreuves leur soient enlevées, mais il n’a jamais cessé de les accompagner quand celles-ci surgissaient. Grâce à la foi qui était en eux, ils ont su les surmonter et ils ont pu, chacun avec sa sensibilité témoigner de la manière dont Dieu s’est intéressé à eux.

Cette expérience de la vie en Dieu telle que je suis en train de l’évoquer n’est pas réservée aux intimes de Jésus, mais elle est offerte à chaque lecteur de la Bible qui y trouve des compagnons de route dont l’expérience enrichit sa compréhension des choses. L’Esprit saint habitait déjà en eux et c’est grâce à lui qu’ils étaient en contact étroit avec Dieu. Ce même Esprit habite aussi en nous. C’est grâce à lui que nous pouvons retirer un enseignement de leur témoignage. C’est ainsi que notre route peut être encore aujourd’hui éclairée par les expériences de vie de ceux qui ont vécu au contact de Dieu avant nous. L’Esprit saint qui préside à cet échange porte en lui le mystère de Dieu, selon lequel il veut sauver tous les hommes.

C’est par lui qu’il nous communique encore aujourd’hui la puissance de vie qui était déjà en Jésus et qui l’a poussé hors du tombeau. Cette même puissance de vie était déjà présente dans l’existence de tous les témoins de Dieu bien avant la venue du Christ. C’est ainsi qu’ils ont pu témoigner de lui bien avant qu’il vienne sur terre. En eux habitait déjà cette espérance qui grâce à eux nous mobilise à la suite de Jésus.

Cette vision que Pierre, Jacques et Jean reçoivent sur la montagne remplit cette fonction. Par elle ils comprennent que Jésus a assumé dans son œuvre tout ce à quoi Moïse et Elie aspiraient. Bien qu’il ne se passe apparemment rien au cours de cette vision, les trois apôtres ont été amenés à comprendre qu’il y avait un lien étroit entre Moïse Elie et Jésus. C’est le Saint Esprit qui depuis toujours a constitué ce lien.

Tous ces témoins de Dieu qui ont précédés la venue de Jésus, tels Moïse et d’Elie, ont eu leurs faiblesses. Dieu les a choisi non pas parce qu’ils étaient meilleurs que les autres, mais parce qu’ils étaient comme les autres. Ils avaient les mêmes contraintes que nous, les mêmes ambitions, les mêmes péchés aussi. Ils ont connu le désespoir et la foi leur a parfois manqué. Ils ont porté en eux des culpabilités avouées ou ignorées. Ils étaient semblables en nous en tout point. Mais si Jésus nous les désigne comme compagnons de route, c'est que leur histoire peut éclairer la nôtre. L'Esprit d'entreprendre qui les animait est le même que celui qui habitait en Jésus et qui a donné du sens à son action.

Mais prenons y garde, s’il nous est donné de croiser Moïse, Elie et les autres, comme il est raconté dans ce passage des Ecritures, il n’est pas question que nous nous réfugions avec eux dans leur passé pour le reproduire aujourd’hui dans notre temps. Leur temps est révolu et nous devons rester dans notre temps et vivre dans notre temps, enrichis par leur expérience. Il nous appartient maintenant de vivre notre propre histoire et de devenir à notre tour un chaînon dans la longue chaîne des témoins de ceux qui nous ont précédés et qui nous suivront.

Riches de leur expérience nous devons habiter cette terre que Dieu nous demande de mettre en valeur pour sa plus grande gloire. Depuis l’origine des temps, son esprit d’amour a soufflé sur elle et depuis toujours des voix se sont fait entendre pour dire le pardon et l’espérance. Le même Esprit a suscité leur message, le même Esprit a révélé que Dieu habitait en Christ pour le réconcilier avec les hommes, le même Esprit aujourd’hui nous envoie dans ce monde, chargés d’une mission de réconciliation et d’amour.

Les hommes d’aujourd’hui auraient-ils le cou plus raide que ceux de jadis car ils semblent manquer d’espérance ? Le monde moderne est rebelle à Dieu dit-on, parce que l’existence d’aujourd’hui ne fait aucune place à la spiritualité. L’égoïsme gagne du terrain et tous sont trop avides de consommer plutôt que de faire une place à Dieu.

Pourtant, si nous fréquentons ceux qui étaient avant nous, si nous prenons pour compagnons les plus illustres témoins de la Bible, nous réaliserons bien vite que de tout temps, les hommes ont résisté à Dieu. Elie qui dans le passage d’aujourd’hui se tient aux côté de Jésus n’a-t-il pas eu, seul contre tous, à s’opposer à tout un peuple gagné au paganisme et n’a-t-il pas douté du chemin à suivre ? Il avait contre lui le roi et la reine qui avaient mis sa tête à prix. Il s'est alors enfui, terrassé par le doute et le désespoir. Quant à Moïse, n’a-t-il pas cassé les tables de la loi parce qu’il était exaspéré à cause du manque de foi de son peuple?

Si vous allez à la rencontre de tous ces témoins que l’Ecriture vous donne comme compagnons de route, vous découvrirez que votre tâche n’est pas plus lourde que la leur, Dieu leur a donné l’espérance et la foi, et c’est avec elles qu’ils ont eu à marcher. Pensez à Elie qui fuyait devant les spires de la reine Jézabel quand un ange lui apparut dans la tourmente. Pour le réconforter il lui donna une cruche d’eau et une galette de pain et cela dut lui suffire pour survivre pendant les 40 jours de marches qu’il lui fallut faire en plein désert pour atteindre le mont Horeb.


Les croyants d’aujourd’hui doivent se souvenir qu’ils ont un gros avantage sur les témoins qui les ont précédés, c’est qu’ils ont la certitude que la réponse à toutes leurs questions se trouve en Jésus, alors que les autres espéraient seulement que cette réponse leur serait donnée par le Messie qu’ils espéraient. Ils espéraient en la venue d’un messager de Dieu qui ferait toute chose nouvelle, pour nous ce messager est venu et nous l’avons reconnu en Jésus. Ce que l’Esprit saint leur donnait d’espérer, il l’a réalisé en Christ qui nous accompagne parce qu’il reste vivant au milieu de nous pour l’Eternité.


Pour en savoir plus :
Raphaël qui est l’auteur de ce tableau qui sert de support iconographique à ce texte a suivi l’Evangile à la lettre. Dans la partie qui n’a pas été utilisée ci-dessus figure la suite de l’Evangile avec la guérison de l’enfant épileptique. Nous vous donnons ci-contre la reproduction de la totalité du tableau.

Il faut savoir aussi que Rubens a traité du même sujet de la même façon, mais Raphaël la traité en vertical alors que Rubens l’a traité en horizontal.

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