mardi 25 février 2014

Matthieu 17: 1-9 - la transfiguration

Matthieu 17/1-9 - La transfiguration  - dimanche 16 mars 2014

La transfiguration : Ce même texte a déjà été publié le 17 mars 2011

1 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. 2 Il fut transfiguré devant eux : Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3 Moïse et Élie leur apparurent, ils s'entretenaient avec lui. 4 Pierre prit la parole et dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. 5 Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les enveloppa. Et voici qu'une voix sortit de la nuée qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Écoutez-le ! 6 Lorsqu'ils entendirent (cela), les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d'une crainte violente. 7 Mais Jésus s'approcha, les toucha et dit : Levez-vous, soyez sans crainte ! 8 Ils levèrent les yeux et ne virent que Jésus seul.

9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. 10 Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? 11 Il répondit : Il est vrai qu'Élie vient rétablir toutes choses. 12 Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et qu'ils ne l'ont pas reconnu et qu'ils l'ont traité comme ils l'ont voulu. De même le Fils de l'homme va souffrir de leur part.


Beaucoup d’entre nous ont sans doute entendu parler du discours prononcé par Martin Luther King à Washington le 28 août 1963 au cours duquel il évoqua son rêve d’un peuple américain libre et uni. Il l’exprima en décrivant la vision qu’il avait d’une Amérique nouvelle : « I have a dream : j’ai la vision » avait-il commencé à dire depuis les marches du monument de Lincoln où il haranguait une foule de deux cent mille manifestants noirs. Ses propos laissaient entendre qu’il devinait déjà les signes d’une vie nouvelle qui attendait le peuple noir la bas au-delà des collines de l’Alabama.

Chacun de ses auditeurs, pétri des récits de la Bible, reconnaissait certainement en l’entendant la vision de Moïse sur la montagne contemplant la Terre Promise. Grâce à l’espérance que Jésus avait déposée en lui, Martin Luther King put entrevoir la promesse d’un peuple noir et d’un peuple blanc réconciliés formant une seule nation.

Jésus nous enseigne à l’imiter. Il nous apprend à rechercher la compagnie des hommes et des femmes de la Bible pour être enseignés par eux. A la lumière de l’Evangile leur message prend une valeur éternelle et parle à chaque génération d’une manière durable.

Bien que Jésus ait affirmé que Dieu aime les hommes d’un amour incommensurable, ceux-ci ne s’en rendent pas vraiment compte. Ils sont plus revendicateurs des grâces de Dieu, que témoins de son amour. Ils se comportent comme si Dieu leur devait aide et assistance pour prix de leur foi en lui.

La seule manière de nous rendre compte de l’action de Dieu au milieu des hommes c’est de voir comment il a agi envers ceux qui nous ont précédés dans la foi. C’est en les rencontrant, que nous comprendrons comment les femmes et les hommes de la Bible ont rendu compte de l’amour de Dieu. Dieu les a aimés du même amour que celui dont il nous aime aujourd’hui. S’il a mis en eux sa sagesse, il n’a cependant pas voulu que les épreuves leur soient enlevées, mais il n’a jamais cessé de les accompagner quand celles-ci surgissaient. Grâce à la foi qui était en eux, ils ont su les surmonter et ils ont pu, chacun avec sa sensibilité témoigner de la manière dont Dieu s’est intéressé à eux.

Cette expérience de la vie en Dieu telle que je suis en train de l’évoquer n’est pas réservée aux intimes de Jésus, mais elle est offerte à chaque lecteur de la Bible qui y trouve des compagnons de route dont l’expérience enrichit sa compréhension des choses. L’Esprit saint habitait déjà en eux et c’est grâce à lui qu’ils étaient en contact étroit avec Dieu. Ce même Esprit habite aussi en nous. C’est grâce à lui que nous pouvons retirer un enseignement de leur témoignage. C’est ainsi que notre route peut être encore aujourd’hui éclairée par les expériences de vie de ceux qui ont vécu au contact de Dieu avant nous. L’Esprit saint qui préside à cet échange porte en lui le mystère de Dieu, selon lequel il veut sauver tous les hommes.

C’est par lui qu’il nous communique encore aujourd’hui la puissance de vie qui était déjà en Jésus et qui l’a poussé hors du tombeau. Cette même puissance de vie était déjà présente dans l’existence de tous les témoins de Dieu bien avant la venue du Christ. C’est ainsi qu’ils ont pu témoigner de lui bien avant qu’il vienne sur terre. En eux habitait déjà cette espérance qui grâce à eux nous mobilise à la suite de Jésus.

Cette vision que Pierre, Jacques et Jean reçoivent sur la montagne remplit cette fonction. Par elle ils comprennent que Jésus a assumé dans son œuvre tout ce à quoi Moïse et Elie aspiraient. Bien qu’il ne se passe apparemment rien au cours de cette vision, les trois apôtres ont été amenés à comprendre qu’il y avait un lien étroit entre Moïse Elie et Jésus. C’est le Saint Esprit qui depuis toujours a constitué ce lien.

Tous ces témoins de Dieu qui ont précédés la venue de Jésus, tels Moïse et d’Elie, ont eu leurs faiblesses. Dieu les a choisi non pas parce qu’ils étaient meilleurs que les autres, mais parce qu’ils étaient comme les autres. Ils avaient les mêmes contraintes que nous, les mêmes ambitions, les mêmes péchés aussi. Ils ont connu le désespoir et la foi leur a parfois manqué. Ils ont porté en eux des culpabilités avouées ou ignorées. Ils étaient semblables en nous en tout point. Mais si Jésus nous les désigne comme compagnons de route, c'est que leur histoire peut éclairer la nôtre. L'Esprit d'entreprendre qui les animait est le même que celui qui habitait en Jésus et qui a donné du sens à son action.

Mais prenons y garde, s’il nous est donné de croiser Moïse, Elie et les autres, comme il est raconté dans ce passage des Ecritures, il n’est pas question que nous nous réfugions avec eux dans leur passé pour le reproduire aujourd’hui dans notre temps. Leur temps est révolu et nous devons rester dans notre temps et vivre dans notre temps, enrichis par leur expérience. Il nous appartient maintenant de vivre notre propre histoire et de devenir à notre tour un chaînon dans la longue chaîne des témoins de ceux qui nous ont précédés et qui nous suivront.

Riches de leur expérience nous devons habiter cette terre que Dieu nous demande de mettre en valeur pour sa plus grande gloire. Depuis l’origine des temps, son esprit d’amour a soufflé sur elle et depuis toujours des voix se sont fait entendre pour dire le pardon et l’espérance. Le même Esprit a suscité leur message, le même Esprit a révélé que Dieu habitait en Christ pour le réconcilier avec les hommes, le même Esprit aujourd’hui nous envoie dans ce monde, chargés d’une mission de réconciliation et d’amour.

Les hommes d’aujourd’hui auraient-ils le cou plus raide que ceux de jadis car ils semblent manquer d’espérance ? Le monde moderne est rebelle à Dieu dit-on, parce que l’existence d’aujourd’hui ne fait aucune place à la spiritualité. L’égoïsme gagne du terrain et tous sont trop avides de consommer plutôt que de faire une place à Dieu.

Pourtant, si nous fréquentons ceux qui étaient avant nous, si nous prenons pour compagnons les plus illustres témoins de la Bible, nous réaliserons bien vite que de tout temps, les hommes ont résisté à Dieu. Elie qui dans le passage d’aujourd’hui se tient aux côté de Jésus n’a-t-il pas eu, seul contre tous, à s’opposer à tout un peuple gagné au paganisme et n’a-t-il pas douté du chemin à suivre ? Il avait contre lui le roi et la reine qui avaient mis sa tête à prix. Il s'est alors enfui, terrassé par le doute et le désespoir. Quant à Moïse, n’a-t-il pas cassé les tables de la loi parce qu’il était exaspéré à cause du manque de foi de son peuple?

Si vous allez à la rencontre de tous ces témoins que l’Ecriture vous donne comme compagnons de route, vous découvrirez que votre tâche n’est pas plus lourde que la leur, Dieu leur a donné l’espérance et la foi, et c’est avec elles qu’ils ont eu à marcher. Pensez à Elie qui fuyait devant les spires de la reine Jézabel quand un ange lui apparut dans la tourmente. Pour le réconforter il lui donna une cruche d’eau et une galette de pain et cela dut lui suffire pour survivre pendant les 40 jours de marches qu’il lui fallut faire en plein désert pour atteindre le mont Horeb.


Les croyants d’aujourd’hui doivent se souvenir qu’ils ont un gros avantage sur les témoins qui les ont précédés, c’est qu’ils ont la certitude que la réponse à toutes leurs questions se trouve en Jésus, alors que les autres espéraient seulement que cette réponse leur serait donnée par le Messie qu’ils espéraient. Ils espéraient en la venue d’un messager de Dieu qui ferait toute chose nouvelle, pour nous ce messager est venu et nous l’avons reconnu en Jésus. Ce que l’Esprit saint leur donnait d’espérer, il l’a réalisé en Christ qui nous accompagne parce qu’il reste vivant au milieu de nous pour l’Eternité.


Pour en savoir plus :
Raphaël qui est l’auteur de ce tableau qui sert de support iconographique à ce texte a suivi l’Evangile à la lettre. Dans la partie qui n’a pas été utilisée ci-dessus figure la suite de l’Evangile avec la guérison de l’enfant épileptique. Nous vous donnons ci-contre la reproduction de la totalité du tableau.

Il faut savoir aussi que Rubens a traité du même sujet de la même façon, mais Raphaël la traité en vertical alors que Rubens l’a traité en horizontal.

Genèse 12:1-4 Abraham



Abraham : Genèse 12:1-4  Abraham, dimanche 16 mars 2014

1 Le SEIGNEUR dit à Abram : Va-t'en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Tous les clans de la terre se béniront par toi. 4 Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu'il quitta Harrân.

 5 Abram prit Saraï, sa femme, et Loth, son neveu, avec tous les biens et les gens qu'ils avaient acquis à Harrân. Ils partirent pour Canaan, et ils arrivèrent en Canaan. 6 Abram traversa le pays jusqu'au lieu de Sichem, jusqu'au térébinthe de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. 7 Le SEIGNEUR apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance. Abram bâtit là un autel pour le SEIGNEUR qui lui était apparu. 8 Puis il leva le camp pour se rendre dans la montagne, à l'est de Beth-El ; il dressa sa tente entre Beth-El, à l'ouest, et le Aï, à l'est. Il bâtit là un autel pour le SEIGNEUR et invoqua le nom du SEIGNEUR (YHWH) .  Abram repartit, en se rendant par étapes vers le Néguev.


Il arrive que parfois, le soleil ne se lève pas sur nous de la même façon qu’il le fait chaque matin. Notre âme se trouve emportée vers des pensées qu’elle n’éprouve pas habituellement. On ressent comme une sorte de vague à l’âme où des souvenirs d’enfance imprécis se mêlent à l’évocation de moments que nous croyions enfermés dans l’oubli de notre passé. Il arrive même que de tels instants  soient accompagnés du souvenir de quelques mesures de musique que notre mémoire a conservé d’un concert particulièrement émouvant qui nous a tiré des larmes des yeux. Immanquablement nous nous mettons à penser à Dieu. Mais bien vite les soucis quotidiens prennent le dessus et les pensées vaporeuses sur Dieu s’estompent dans l’oubli.

Telle est l’expérience qu’Abraham a du faire un jour et  que la Bible nous rapporte aujourd’hui. Quelle était cette voix qui semblait parler en lui ? C’était sans nul doute la voix de Dieu, et depuis qu’il s’était laissé interpeler par elle, elle ne le lâchait plus. On ne nous dit pas si cette voix ne l’avait pas déjà interpelé, mais il est vraisemblable qu’elle  avait déjà  tenté de le faire. On nous dit qu’Abraham avait soixante quinze ans quand l’événement relaté ici se produisit.  Il nous est facile d’imaginer que déjà Dieu s’y était pris à plusieurs fois et qu’il n’avait pas été entendu, c’est pourquoi, il revenait à la charge.

Comme la plupart d’entre nous, quand nos pensées sont  sollicitées par la présence de Dieu, à la manière dont nous venons de le raconter, Abraham avait négligé de prêter une attention soutenue à ces pensées qui le sollicitaient, il les avait écartées et avait songé à autre chose, à ses troupeaux de moutons qu’il fallait déplacer le long du grand fleuve, à sa femme Sarah qui ne pouvait pas avoir d’enfant, à son frère Haran disparu trop tôt pour élever son fils et il lui avait laissé le gamin sur les bras. Que de soucis qui ressemblaient aux nôtres et qui laissaient Abraham sourd à ces sollicitations de Dieu !

Si les trois courants de la pensée monothéiste font d’Abraham le Père des croyants et l’ami de Dieu, ce n’est pas pour dresser devant les faibles croyants que nous sommes, la statue d’un colosse de foi qui s’imposerait à nous comme un modèle inaccessible. Abraham ici nous est présenté comme un autre nous-mêmes dont la compagnie nous permettra de rester dans la proximité de Dieu.  Nous sommes cependant avantagés par rapport à lui, car c’est dans les expériences de sa vie que nous pouvons trouver des modèles pour la nôtre. Ces expériences nous amènent à découvrir la nature profonde de Dieu qui se fit le compagnon de sa vie et qui nous propose, de la même façon de devenir celui de la nôtre. En effet, ce n’est pas  pour suivre Dieu qu’Abraham est parti pour ce long périple au travers des déserts du Moyen Orient, il est parti parce qu’il savait que Dieu cheminait avec lui. C’est Dieu qui l’accompagnait et non  qui le précédait.

Ce Dieu, dont nous ne verrons jamais les traits se manifestait à lui comme un stimulent d’énergie, c’est pourquoi il lui demanda de se lever,  comme le faisait Jésus après avoir opéré des guérisons, il lui demanda ensuite de faire son baluchon et de se mettre en marche, laissant son passé derrière lui à la garde de son vieux père ainsi que son troupeau et de s’ouvrir à l’aventure.

Le Dieu qui le stimule pour le pousser en avant  est un Dieu patient, car cette énergie qu’il lui prodigue, il la tenait en réserve depuis soixante quinze ans, nous l’avons dit. Mais pour que se départ puisse se faire et qu’il reçoive cette dose d’énergie, il fallait qu’Abraham penne du temps pour écouter, il fallait qu’il laisse de côté tout ce qui l’agitait et qu’il accepte de prêter attention pour laisser le souffle de Dieu habiter son esprit et habiter en lui. Tel fut le démarrage d ‘Abraham dans la vie, tel sera le nôtre.

Ce Dieu qui soufflait  son dynamisme en lui ne ressemblait sans doute pas aux  dieux de la vallée de l’Euphrate avec lesquels, déçu par la vie, il avait peut être rompu. Ces dieux cherchaient à être servis et ils réclamaient les faveurs des hommes  à coup de sacrifices. Ce Dieu qui cherche à se faire connaître d’Abraham ne leur ressemble nullement. Il ne ressemble pas non plus au Dieu auquel nos traditions ont gardé l’habitude de se référer en nous prescrivant de l’aimer et de le redouter, ce Dieu qui sauve  mais qui punit aussi, ce Dieu qui favorise ceux qui sont bons et qui se détourne des mauvais,  celui qui pousse son fils  à  la mort et  qui réclame  en échange l’amour et le respect des hommes en gage de leur salut.

Pour le moment Abraham organise sa vie  avec l’aide secourable de l’esprit de Dieu qui habite en lui.  Certes, ce  n’est pas toujours facile ni gratifiant de toujours se tourner dans le sens du vent. Il est plus facile de se valoriser soi-même et d’entreprendre des actions qui vont dans le sens de nos intérêts immédiats sans se soucier de ce qui nous entoure. Parti des bords de l’Euphrate, accompagné par son Dieu, nous retrouvons alors Abraham en Egypte, monnayant la vertu de sa femme  en échange de sa sécurité. Il marchande avec le pharaon pour avoir la vie sauve en lui laissant la jouissance de son épouse au prix d’un demi-mensonge. Le trait est sans doute un peu gros, mais celui qui nous raconte l’histoire a besoin que le lecteur comprenne qu’il est loin d’être facile de suivre Dieu et d’être attentif à ce que son souffle  met en nous. Toute la vie du patriarche sera faite de compromis entre des moments d’écoute attentive de Dieu et des moments d’écoute de lui-même.

En disant cela, nous énonçons sans nous en rendre compte les premières bases de la prière telle que nous devrions l'adresser à Dieu.  Avant d’être louange et adoration, elle devrait commencer par être écoute. Dieu ne parle en nous que lorsque nous savons nous taire et écouter, c’est alors que notre esprit se met en harmonie avec celui de Dieu. Notre prière commence par un temps d’abnégation de toute velléité personnelle à agir avant que ne s’impose en nous la voix de Dieu, supplée par son esprit. C’est alors que nous pouvons  être en harmonie avec lui.

Au contact d’Abraham nous  découvrons  nos propres faiblesses     et nous découvrons comment Dieu peut nous aider à les dépasser. C’est    ainsi que voulant plaire à Dieu  et n’écoutant que son propre désir de lui être agréable, Abraham négligea  de l’écouter car il croyait être sûr  de sa propre vérité, et conformément aux us et coutumes de son temps il décida de lui sacrifier son propre fils. Il avait négligé, ou pas encore compris que Dieu ne se plaisait que dans les actions qui portent la vie, et c’est Dieu qui sauva l’enfant en décidant de sa vie. Il comprit ainsi un élément fondamental de l’action de Dieu parmi les hommes. Nous mettrons des siècles, voire des millénaires pour le comprendre, et aujourd’hui, l’avons-nous vraiment compris ?

Tout cela étant dit, Dieu nous demande encore d’aller plus loin. Il sait que notre cœur est encore trop dur pour répondre tout seul aux sollicitations de son esprit ; c’est pourquoi, aux temps opportuns, il a voulu que  son fils croise notre chemin et devienne notre frère. Depuis son passage parmi nous, il nous a entourés  de toute l’affection dont nous avons besoin afin que nous soyons avec Dieu dans un partage réciproque d’amour.  L’amour que nous partageons avec lui en harmonie avec son Père, nous permet de dépasser notre vie humaine  pour qu’elle s’accomplisse dans une espérance où la mort n’a plus de place.  Abraham a quitté  cette terre dans l’espoir de voir se réaliser un jour la perfection de l’humanité dans cette espérance enfin réalisée.

C’est en Jésus qu’il nous est donné de vivre tout cela. Il rajoute à l’action de l’esprit en nous, la force de l’amour  et installe en notre conscience la certitude que notre vie ainsi prise en main par Jésus et inspirée par l’esprit vaut bien le coup d’être vécue.




jeudi 20 février 2014

Genèse 2:7-9 et 3: 1-7 les origines de l'humanité



  Autre texte pour le dimanche 9 mars ,  Genèse 2 :7-9 et 3 :1-7. Les origines de l’homme.



Le SEIGNEUR Dieu façonna l'homme de la poussière de la terre ; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. 8 Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'est, et il y mit l'homme qu'il avait façonné. 9 Le SEIGNEUR Dieu fit pousser de la terre toutes sortes d'arbres agréables à voir et bons pour la nourriture, ainsi que l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.

1 Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la campagne que le SEIGNEUR Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ! » 2 La femme dit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3 Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez ! » 4 Alors le serpent dit à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5 Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais. 6 La femme vit que l'arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue, qu'il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. 7 Leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent, et ils surent qu'ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire des pagnes.

La Bible s’ouvre sur une image concernant la création de l' homme qui nous plonge dans un abîme de réflexions.  Elle nous désoriente beaucoup parce qu’elle est universellement connue. Elle s’impose à nos méditations  sur l’homme et elle prend souvent part à   nos plaisanteries les plus saugrenues.  Pour beaucoup, elle fait partie des  mythes auxquels plus personne ne croit encore, tandis que pour d’autre elle a une valeur d’enseignement qui nous viendrait de Dieu et dont l’ancienneté confirmerait la valeur. Le premier problème qui se pose à  nous, c’est  que ce récit des origines de l’homme nous parvient par le moyen de deux textes différents de la Bible qui se font suite l’un à l’autre. Malgré tout,  les messages de ces deux  récits sont très différents l’un de l’autre.

Le premier raconte que la création du monde se fit en six jours et qu’elle s’acheva par la création du couple humain qui est présenté comme l’achèvement de la création. Le narrateur ne peut s’empêcher  de laisser transparaître son  admiration en déclarant que cet acte fut le meilleur  de  tous le actes créateurs que fit Dieu jusqu’à ce jour. Après  quoi Dieu s’arrêta de créer et en profita pour se reposer. Quelques lignes plus loin, nous avons le récit d’un autre narrateur qui présente l’homme sous un autre aspect.  C’est le texte qu’il nous est proposé de nous approprier  dans cette méditation.

Alors qu’il est seul dans ce jardin magnifique  que Dieu a organisé pour lui, l’homme se sent seul dans cet univers tout ordonnancé pour sa jouissance.  Dieu lui adjoint  une compagne, faite de sa chair et de ses os. C’est  par ce constat que commence vraiment l’histoire de cet homme dans ce deuxième récit, très différent du premier car pour s’accomplir dans son humanité,  le couple d’humains va décider de défier Dieu et de  désobéir.
 A peine  cet acte d'indépendance commis,  qui leur procure un véritable plaisir,  nos deux partenaires  constatent  qu’il sont fragiles et vulnérables. Ils prennent conscience  qu’ils sont nus, proies faciles pour le premier  prédateur venu.

Piètre moyen de défense, ils inventent le pagne en feuille de figuier. Ainsi, l’homme en rébellion contre Dieu devint inventeur.

L’histoire l’humanité commence donc par deux textes différents que  les lecteurs ont tendance amalgamer, si bien qu’ils ont du mal à les comprendre.  Curieusement, à l’opposé de la Bible, l’histoire du nouvel homme, Jésus, commencera, elle-aussi  par deux textes différents, l’un dans l’Evangile de Luc, l’autre dans celui de Matthieu.  Là encore le lecteur a tendance à les amalgamer. Pourtant le récit des anges saluant la naissance de l’enfant par la musique d’un orchestre céleste accompagnés par les bergers  venant à la crèche n’a rien à voir avec le récit des mages et de la colère du roi Hérode. Ce constat  va jeter une lumière nouvelle  sur  notre sujet. Il établit un lien  entre l'histoire de l'origine de l'homme et la découverte du projet de salut que Dieu élabore pour l'humanité.



Pour revenir aux textes sur l’origine de l’homme,  il nous faut considérer que si ces textes sont placés  au début de la Bible, ce n’est pas parce qu’ils sont les plus anciens. Ce sont des savants, qui au retour de l’exil, à partir de 538 avant Jésus Christ  ( édit de Cyrus), quand ils se sont mis à regrouper les différents récits, ont décidé de les classer de cette façon en commençant par les récits concernant les origines de l’homme qu’ils ont été placé avant les récits les plus anciens, sans doute les récits des  prophètes. Les récits de la nativité, arrivés  cinq cents  ans plus tard, dans un autre contexte partageront la même histoire. Ils sont eux aussi, les textes les plus récents du Nouveau Testament et ils ont l’honneur de figurer au début. La raison  en sera la même. Le mystère de la naissance de Jésus est plus important que ceux qui contiennent son enseignement dont les récits sont plus anciens. Il ne faut voir là qu’une interprétation des auteurs sans qu’elle ne soit  vraiment déterminante.

En agissant ainsi les savants qui ont classé les Ecritures dans l’ordre où ils l’ont  fait, ont  voulu montrer que c’est la relation  de Dieu avec l’homme qui  était la plus importante. Leurs réflexions s’appuyaient sur deux récits qui ne portaient pas le même regard sur l’origine de l’humanité. Le premier  fait de l’homme un être parfait qui a vocation à être le maître de la création. C’est pour lui que tout l’univers avait été mis en place. Il devait en prendre la responsabilité pendant toute la duré du repos de Dieu. La destiné de l’homme était donc de devenir l’auxiliaire de Dieu et de prolonger  son œuvre de créateur dans   ce monde qui venait de naître.

Il ne fallait pas être fin scribe pour constater  que tout ce beau projet  ne fonctionnait pas au moment de la mise par écrit de ces textes. Les scribes savaient que le peuple  qui se croyait peuple de Dieu  s’était détourné de sa vocation, avait désobéi à Dieu et que, ses rois  n’avaient pas toujours été bons. Son clergé, quant à lui était corrompu. Dieu mécontent les avaient punis. Telle était la leçon qu’il fallait retirer de la catastrophe de la chute de Jérusalem et des dures années d’exil. Ce deuxième texte en contradiction apparente avec le premier semblait répondre aux questions que l’on se posait au sujet du mauvais penchant  des hommes, mais il mettait Dieu en accusation.



En effet, lors de la création, dans le deuxième texte, on peut se demander comment Dieu aurait  pu concevoir  un homme désobéissant ? L’homme conçu comme un être parfait dans le premier texte devenait un être imparfait dans le deuxième texte ? A peine sorti des mains créatrices de Dieu, il souffrait déjà de la solitude. L’homme  conçu comme capable d’être tenté pouvait-il  succomber à la tentation ? Pour échapper à la critique, l’auteur de ce  texte fait intervenir le  serpent. Par ce choix il innocente le couple humain  qui n’aurait pas décidé   par lui-même de désobéir.  Il innocente aussi  Dieu de ne pas avoir  prévu  le coup.

Quand l’homme et sa compagne suivirent l’injonction du serpent  leurs yeux s’ouvrirent est-il dit. C’est comme si leur création n’avait pas encore été complètement achevée. Quand leurs yeux s’ouvrent ils découvrent leur faiblesse et  immédiatement ils deviennent intelligents et se mettent à inventer le pagne. C’est comme si le serpent en les rendant cupides les avait rendus capables de progrès.  A partir de cet instant le couple humain entrait dans sa destinée. Il fut tenté de s’opposer à Dieu pour progresser, car s’il ne progressait pas il n’avait plus que la mort pour avenir.


On a toujours lu ce texte comme une malédiction  pour l’homme, voué à la désobéissance à Dieu et puni par lui pour l’avoir offensé.  Il n’en est rien. L’homme se découvre mortel et vulnérable, mais il l’était déjà. Dieu ne le châtie pas à proprement parler.  En le chassant, il le pousse à l’extérieur du jardin, comme s’il l’accouchait d’un ventre  maternel.  Il le pousse vers la vie et les risques qu’il encourt. C’est pour le protéger que Dieu lui fit un vêtement en peau, plus confortable et plus protecteur que la  feuille de figuier.

Le lecteur biblique a devant lui deux portraits de l’homme. Le premier, c’est celui de l’homme parfait qui doit veiller à le rester, car c’est ainsi que Dieu l’a voulu. Face à ce portrait de l’homme, il y en a un autre, plus complexe, celui de l’homme qui cherche à progresser et à mettre en valeur la terre où il se trouve. Elle lui est hostile  et lui, est faible. Il doit pour exister devenir inventif et il le deviendra au point de se croire supérieur à Dieu. L’homme reste cependant continuellement tenté de tirer la couverture à son profit et de voir son propre  intérêt avant celui des autres. Il est radicalement différent de l'homme du premier récit.

Il a pourtant, face à lui le portrait exemplaire de cet homme qui se tient comme un miroir devant lui, l’invitant à œuvrer pour le mieux être de la création qui lui est confiée et  de continuer l’œuvre de Dieu en harmonie avec lui .

Nous voyons en  ce premier Adam, fait à l’image de Dieu, se dessiner le portrait de ce nouvel Adam, dont parlera Paul,  que nous reconnaîtrons en Jésus Christ. L’histoire de sa naissance semble être copiée sur celle des origines de l’humanité.  Jésus s’est appliqué à  montrer aux hommes le bon chemin qui à partir de l’autre Adam, celui du deuxième récit doit aboutir à celui du premier récit. Le serpent  l’a aveuglé en  lui masquant le chemin qui mène de l’un à l’autre.  Jésus nous ouvre à nous, ses descendants, le chemin  qui ramène l’humanité vers la perfection entrevue dès le début dans le premier récit, mais jamais réalisée.

Quant au serpent, au diable, au mal, l’Ecriture nous  révèle son existence, mais ne nous dit rien de son origine. La seule chose que nous savons c’est que l’œuvre de Jésus  a été accomplie pour nous en  délivrer. C’est cela la bonne nouvelle de l’Evangile. 

En illustration, des images de la création vue par Jean Effel

lundi 10 février 2014

Matthieu 4:1-11


Matthieu 4:1-11 La tentation de Jésus dimanche 9 mars 2014







Tentation de Jésus-Christ Matthieu 4:1-11

1 Alors Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. 2 Il jeûna quarante jours et quarante nuits, puis il eut faim. 3 Le tentateur s'approcha et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. 4 Jésus répondit : Il est écrit : L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5 Le diable le transporta dans la ville sainte le plaça sur le haut du temple 6 et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
7 Jésus lui dit : D'autre part il est écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu
8 Le diable le transporta encore sur une montagne très haute, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, 9 et lui dit : Je te donnerai tout cela, si tu te prosternes et m'adores. 10 Jésus lui dit : Retire-toi Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et à lui seul, tu rendras un culte.
11 Alors le diable le laissa. Et voici que des anges s'approchèrent de Jésus pour le servir.
Jésus n’a pas échappé à la tentation. Il a été tenté et le tentateur n’a pas eu le dessus sur lui. 

Si Jésus s’en est sorti cela veut dire aussi, qu’il est possible à notre tour de ne pas succomber à la tentation. Si Jésus n’a pas trébuché quand le mal s’en est pris à lui, il est certain qu’il sera d’un profond secours pour nous, quand nous subirons les effets de la tentation. Et la tentation nous guette continuellement.

Présenté comme il l’est, le texte nous entraîne à imaginer je ne sais quel combat héroïque digne d’une grande production Hollywood où Le Fils de Dieu combattrait physiquement le démon un peu à l'image de "Super Man". Une telle description correspond au style de l’époque. Il nous faut le dépasser si l’on veut comprendre quelque chose.

En fait ce texte n’a pas été écrit pour parler à notre imagination. C’est à notre raison qu’il s’adresse. Il nous interpelle au niveau de notre foi. Il nous invite a considérer notre vie en tenant compte de toutes les situations où nous sommes tentés nous-mêmes. Il nous est dit que Jésus a supporté lui aussi les mêmes épreuves, si bien qu’il est particulièrement apte à nous aider. Les épreuves qui nous attendent sont de trois natures.
- Elles concernent en premier lieu nos soucis matériels, car nous aimerions que Dieu fasse tourner la chance en notre faveur.
- Elles nous provoquent en deuxième point dans notre relation à Dieu. Nous
aimerions qu’il nous distingue d’une manière ou d’une autre à cause de notre foi et qu’il nous réserve un sort particulier.
- Elles nous interpellent ensuite dans nos désirs de pouvoir, parce que nous sommes nous aussi des êtres de pouvoir.

Même si le décor s’y prête, nous n’assistons pas ici à un combat de Titan que Jésus mènerait contre le prince des démons. Dans un décor digne d’un grand péplum nous voyons Jésus confronté aux mêmes difficultés que celles que nous rencontrons dans la vie. C’est la manière que l’auteur de l’Evangile a choisi pour nous dire que Jésus nous soutiendrait fidèlement dans toutes les tentations puisque lui aussi les a subies avant nous. Il nous indique aussi comment reconnaître la volonté de Dieu dans les choix ou les provocations que la vie nous propose.

Ce sur quoi je voudrais insister, c’est que ce n’est pas le combat que mène Jésus contre le diable et qui l’accrédite comme Fils de Dieu. Ce  qui est important, c’est la manière dont Jésus affronte cette tentation et c'est ce qui l’accrédite comme Fils de l’homme. C’est à ce titre qu’il peut se présenter comme un partenaire que Dieu place sur notre chemin pour nous aider à surmonter nos tentations et à nous tenir devant Dieu debout comme des êtres responsables.

L’homme Jésus est tenté comme n’importe lequel d’entre nous, dans ses besoins et dans ses désirs. La première tentation relève de ses besoins matériels. Il a faim. il a besoin de pain : « Ordonne que ces pierres deviennent du pain » recommande le tentateur. Jésus est alors tenté d’agir comme si la faim pouvait justifier les moyens. Il est tenté de succomber à la fatalité de la nécessité et de s’approprier le pain dont il a besoin sans se soucier du fait que l’on n’acquiert pas ce dont on a besoin, sans respecter certaines règles. On ne fait pas de chantage à Dieu au nom de notre raison humaine.

Ainsi nous glissons doucement de la tentation de Jésus à la nôtre. Nous voilà renvoyés à notre situation de consommateurs. On ne consomme pas à n’importe quel prix, même quand on peut payer, car tout doit se faire en référence à Dieu. C’est ce que dit Jésus dans sa réponse au diable quand il dit qu’il faut chercher en Dieu seul la cause de notre action. : « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Cela veut dire que la plus modeste de nos actions ne peut se faire sans qu’on ait pris le temps de consulter Dieu.

C’est Dieu qui valorise les choses. Et il y a des choses qui devant Dieu prennent un tout autre prix. Il parait que le pain des pauvres fait partie de ces choses là. Le pain que nous croyons manger légitimement aujourd’hui a parfois le goût amer des choses qui ont trop de prix ou qui ont n’ont pas de prix, au point que l’on a l’impression d’être coupable quand on en consomme. A quoi cela nous servirait-il de consommer si cela nous pousse à nous écarter de Dieu et à nous écarter des hommes ? Et c’est toute la société de consommation qui se trouve mise en cause.
La seconde tentation, consisterait pour Jésus à demander le secours des anges, si d’aventure il avait l’audace de sauter du haut du toit du Temple Cela consisterait à mettre Dieu au service de notre irresponsabilité sous couvert de la foi. Forts du principe selon lequel le salut ne nous est donné que par la grâce et par la grâce seule, nous nous permettons de vivre dans un univers dont nous chassons Dieu. Au nom du principe que je viens d’évoquer, nous espérons qu’il sauvera tous les hommes au dernier jour sans tenir compte de leur péché.

Ainsi beaucoup autour de nous, qui se disent croyants vivent selon ce principe et s’écartent de Dieu toute leur vie tout en espérant qu’il réservera à chacun le salut à la fin des temps . Autant dire qu’il serait plus honnête de ne faire aucun cas de lui et de se comporter comme s’il n’existait pas. Cela ne serait-il pas plus honnête et ne rendrait-il pas les hommes plus responsables? Mais une telle affirmation leur paraîtrait insupportable car elle ferait d’eux des athées. Pour ne pas en arriver là, Ils préfèrent continuer à tenter Dieu en le privant de leurs prières, de leur louange et de leur adoration tout en espérant qu’à la fin, lui, ne les oubliera pas.

Il y a encore une troisième tentation à laquelle nous pensons le plus facilement échapper, c’est celle du pouvoir et de l’abus du pouvoir. Bien peu parmi nous en effet cherchent  à faire partie des élites et à dominer les autres. Mais est-il vrai que nous soyons si désintéressés par le pouvoir que confère l’argent et que cela ne nous fascine pas? Quelle liberté avons-nous par rapport à l’argent et au pouvoir de consommer qu’il nous donne? Mettons-nous ce que nous gagnons ou ce que nous possédons à la disposition de la gloire de Dieu, ou commençons-nous plutôt à le mettre à notre disposition en profitant de ce qu’on appelle le pouvoir d’achat ?

Le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir qui nous permet de consommer, c’est le pouvoir que nous donne l’argent ! C’était déjà le sujet de la première tentation et c’est ce qui nous permet de croire en consommant, que Dieu justifie notre bon droit et nous donne bonne conscience, c’était aussi la deuxième tentation.

Ces trois formes de tentations se rejoignent car elles consistent toutes les trois à satisfaire notre égo et à le mettre en valeur. La tentation suprême sera donc de croire que Dieu y trouve son compte, parce que nous nous permettons au nom de notre pouvoir d’achat de faire des générosités pour lesquels nous cherchons à croire que nous sommes capables d’échapper à l’égoïsme que l’on reproche aux autres de manifester. Que faut-il faire alors ? S’enfermer dans un monastère et vivre de pauvreté et de prière. Nous savons que cela n’a servi à rien à Luther. Il avait besoin d’air pour respirer c’est pourquoi, il a senti le besoin d’affronter les tentations de la vie pour pouvoir exister.

Dieu ne se satisfait pas de nos attitudes culpabilisantes qui consistent, sous prétexte de lui plaire, à toujours nous abaisser et à ne jamais nous valoriser ! Ce serait là encore une nouvelle tentation, celle de croire que nous pourrions plaire à Dieu en nous sacrifiant nous-mêmes au mépris de nos valeurs personnelles dont Dieu a besoin pour mettre en valeur sa création. Il est faux de croire que Dieu nous demande de toujours nous rabaisser, de renoncer à tout pouvoir et de ne pas profiter de l’argent que nous gagnons.

Il a mis en nous assez de sagesse pour que nous sachions discerner où est la vérité qui nous concerne. Rien ne peut se faire sans que nous l’ayons respectueusement consulté. C’est à son contact que nous apprenons à distinguer le bien du mal et que nous agissons en courant le risque de nous tromper. La pire des tentations serait de croire que nous ne sommes pas des êtres de discernement, que nous sommes incapables de faire la part des choses et de distinguer le bien du mal. Cela est possible, mais à une seule condition : la présence constante de Dieu dans notre vie. Notre vie ne peut être en harmonie avec lui que si nous prenons le temps de mener sagement notre existence et de prendre nos décisions sous son regard. C’est là tout un art qui consiste à vivre selon l’Evangile. Il a fallu 3 ans à Jésus pour l’enseigner aux hommes, combien faudra-t-il à chacun d’eux pour le comprendre ?

illustrations Jean de Flandre