dimanche 15 décembre 2013

Matthieu 2:1-12


La visite des mages  dimanche 3 janvier 2016

1 Après la naissance de Jésus, à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, .des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui. 3 A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il rassembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple pour leur demander où devait naître le Christ. 5 Ils lui dirent : A Bethléem de Judée, car voici ce qui a été écrit par l'entremise du prophète :
 
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n'es certainement pas la moins importante
dans l'assemblée des gouverneurs de Juda ;
car de toi sortira un dirigeant
qui fera paître Israël, mon peuple.

7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages et se fit préciser par eux l'époque de l'apparition de l'étoile. 8 Puis il les envoya à Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur l'enfant ; quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi je vienne me prosterner devant lui. 

9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Or l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait ; arrivée au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta. 10 A la vue de l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent l'enfant avec Marie, sa mère, et tombèrent à ses pieds pour se prosterner devant lui ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en rêve de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
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Nous rejoignons par l'imagination ces voyageurs d’Orient dont l’histoire a défrayé la chronique. A travers les embûches incompréhensibles que le hasard mettait sous leurs pas, les mages, les yeux dans les étoiles suivaient le chemin que le Tout Puissant traçait pour eux. Mais comment pouvaient-ils être sûrs de leur Dieu alors que la mort rodait autour d’eux, tel un chacal du désert ? Leur monde ne ressemblait pas à un conte oriental, même si le récit qui rapporte leur histoire en a pris la teinte. Ils cherchaient  un enfant livré aux caprices d’un tyran  et  leur monde ressemblait au nôtre. Notre monde est toujours  livré aux caprices d'autres tyrans pour qui la vie des enfants ne pèse pas très lourd.  Comment croire qu’un Dieu bienveillant guidait leurs pas, alors que plusiieurs d’enfants allaient être sacrifiés à la vindicte sanguinaire d’un despote ? Comment croire qu’un Dieu bienveillant habite notre monde alors que la mort continue à faire des ravages?  Telles sont les questions qui hantent tous les chercheurs de Dieu.

Aujourd’hui nous allons mettre nos pas dans ceux de ces illustres personnages. Nous rejoignons avec eux la longue caravane de ceux qui sont  marche  à la recherche de Dieu. Chacun va à la vitesse de sa propre monture. Les uns, juchés sur des voitures puissantes, gérées par des  ordinateurs  que  la technique moderne a rendu performante iront sans doute plus vite que les autres qui préfèreront le pas lent de leurs chameaux. Mais tous sont  invités en  ce lieu où  les légendes d’antan nous ont rapporté qu'on peut y rencontrer Dieu.

Ces  personnages mystérieux venus d’Orient suivirent le même chemin que celui suivi jadis par Abraham avant eux et que tout chercheur de vérité doit suivre. Il pense qu'il doit le chercher  ailleurs que dans son  univers personnel. On le cherche, dans le ciel, dans les étoiles, dans l’au-delà, dans les livres, dans son inconscient. Le marcheur  croit qu'il lui faut faire un parcours initiatique, au  cours du quel, à travers les déserts du monde ou tout simplement les méandres de la littérature, il arrivera forcément dans les hauts lieux de la spiritualité. Infailliblement ses pas le porteront dans les lieux saints que d’autres ont foulés avant lui et où on trouve encore la trace des mystères divins. C’est là également que les mages portent leurs pas. C’est dans cette direction que nous tournons nos regards. Mais Dieu ne se trouve pas forcément dans les lieux saints. Les mages en ont fait la triste expérience. Ils ne l’ont pas trouvé dans la ville sainte de Jérusalem où ils furent reçus avec méfiance et suspicion.

Combien parmi nous n’ont-ils pas butté sur les même pierres d’achoppement ? Ils sont allés chercher Dieu sur les sites où la tradition a conservé les traces de son passage et ils n’y ont rien trouvé. La trace indique le passage, elle nous laisse entendre que nous sommes dans la bonne direction, mais si celui que l'on cherche a laissé une trace, c'est qu'il est allé ailleurs, et qu'il est déjà plus loin. La réalité qu'ils cherchent est donc plus loin. Les hauts lieux de la tradition ne leur apportent que l'écho des grandeurs du passé, mais ne leur disent rien de la présence de Dieu.

Au  pied des cathédrales dressées par l’histoire, la tradition reste bien souvent vide d’espérance. Combien de chercheurs de Dieu, déçus par le voyage n’ont pas cherché plus loin et n’ont pas porté leurs regards ailleurs. A ce point de leurs recherches ils  n’ont pas compris que Dieu ne se laisse pas trouver dans l’expérience des autres, ni même dans l’évocation de la tradition, fut-elle hautement respectable. Il ne se laisse trouver que dans un face à face avec nous-mêmes

Qui es-tu, toi qui cherches Dieu ? Quel est le sens de ton histoire ? A quoi sers-tu sur cette terre ? Si tu trouves des réponses à ces questions, tu n’es pas très loin de Dieu. Le voyage initiatique ne se fait pas forcément par un déplacement dans l’espace, il ne se fait pas forcément en parcourant les traditions vénérables, il ne se fait peut être pas non plus en parcourant les écrits des penseurs. Il se fait dans la découverte  selon laquelle Dieu se tient dans notre intimité pour nous révéler à nous-mêmes ce que nous sommes. Il se fait dans la découverte du petit enfant que nous avons été et qui entre en dialogue avec  l’enfant de la crèche.

C’est dans cet enfant où Dieu se cache que le voyageur en quête de spiritualité doit se retrouver lui-même. Il est un être fragile lui aussi, et sa fortune, s’il en a une ne lui servira à rien. Plus besoin de myrrhe et d’encens, plus besoin de science ni de diplômes. Dieu est là dans la vérité toute nue de chacun. Dieu est présent en nous du simple fait que nous existons. Notre histoire personnelle ne trouve son origine que dans la découverte de Dieu qui habite déjà notre destin depuis notre enfance et lui donne du .sens. En se reconnaissant dans la fragilité d’un enfant,  chacun découvre que Dieu est à l’origine de sa propre vie et c'est   en sa compagnie qu'il poursuit maintenant sa vie d'adulte. Il continue sa route  riche de ce qu’il est devenu.

La rencontre avec Dieu se fait au fond de soi. Elle commence par une méditation  qui nous permet de comprendre que c’est Dieu qui donne du sens à tout ce que nous entreprenons. Cette découverte n’est cependant que le début du voyage. Nous devons maintenant suivre Jésus que l’histoire emporte vers la terre d’Égypte pour fuir la mort qui le guette. Notre itinéraire aurait pu s’arrêter là.  Il se poursuit  à travers les déserts de la vie où malgré notre foi  les obstacles qui  attendaient  Jésus bousculent nos certitudes.

La mort est la seule arme trouvée par Hérode pour s’emparer de la vie dérisoire d’un enfant devenu gênant. La mort est la seule arme dont disposent tous ceux qui veulent construire un monde sans Dieu et le régenter à leur façon. La mort est la négation de Dieu et elle rôde autour de chacun.

C’est pour cela que le récit insupportable de la mort des enfants innocents prend place ici dans l’Évangile. Il se présente à nous comme une question sans réponse, pour provoquer notre foi en recherche et alimenter nos questionnements : Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ? Pourquoi n’a-t-il pas fait le miracle espéré pour sauver les enfants frappés par le glaive des  soldats  du roi? Pourquoi ne fait-il pas le miracle espéré quand les hommes de bonnes volonté proposent la paix-des-braves aux belligérants qui préfèrent s'entretuer plutôt que de céder?  Le doute vient alors s'opposer à Dieu dans notre désert intérieur. Il se nourrit de nos pourquoi et il désoriente notre pensée ? Il se dresse comme un défi à l’espérance.

La  mort est la dernière provocation sur le chemin de la découverte de Dieu. Elle nous amène à réaliser que la vie ne prend de sens que quand nous comprenons que Dieu en est l’origine et  qu'en lui, elle n'a pas de fin. Mais ce n'est pas si facile et malgré nos certitudes nos questions subsistent.  Malgré tout nos restons insatisfaits.

En effet, le plus grand obstacle à notre foi est constitué par toutes les frustrations que les hasards de l'existence provoquent en nous. Il s’agit non seulement de la mort qui nous attend à la fin de notre vie, mais aussi de toutes ces petites provocations que constituent autant de petites morts. Nous ne nous sentons pas pleinement satisfaits de nous-mêmes. Nous sommes insatisfaits de notre apparence. Nous nous  considérons comme trop grands ou trop petits. Le visage que nous renvoie notre miroir ne nous convient pas davantage. Nous tenons Dieu pour responsable de tout ce qui nous afflige. Pourquoi nous a-t-il fait comme nous sommes? Pourquoi a-t-il laissé s'embarquer ceux et celles que nous aimons sur des avions qui ont crashé ? Suprême réaction de l’adolescent que nous n’avons jamais cessé d’être, nous jetons à la face de ce Dieu toutes ces souffrances qui nous gâchent la vie et nous lui disons que nous n'avons pas demandé  à naître pour supporter  tous ces chagrins ! »

Et bien soit ! Accusons Dieu, car nos frustrations sont bien réelles puisqu’elles nous font souffrir. Mais Dieu où est-il? N'avons-nous pas découvert que sa trace nous conduisait eu fond de notre être?

Si  Dieu est en chacun de nous, toute chose prend un sens nouveau. Avec lui, les vides de notre vie s’habillent d’espérance et notre existence devient une oasis où il plaît à Dieu d’habiter. Et si la mort nous surprend quand on ne s’y attend pas, nous devons croire que Dieu est, lui aussi provoqué,  par elle et qu'il nous accompagne dans notre destin funeste. C’est là le mystère de l'espérance que Dieu habille de résurrection, c’est une autre aventure avec Dieu qui commence ici et maintenant. Tel est le projet que Dieu fait pour chacun quand il se laisse rencontrer dans l’enfant de la crèche.

Tout cela est bel et bien pour celui qui a fait le voyage jusqu'au bout, mais pour celui qui ne l'a pas fait, qu'en est-il?

Le mystère de Dieu se trouve dans la seule notion d'amour que nous partageons avec lui et c'est dans ce seul  mot que se rassemblent toutes les réponses à toutes nos questions.

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