jeudi 30 mai 2013

Luc 9:18-24 - dimanche 19 juin 2016



Luc 9 :18-24  -  Pierre déclare que Jésus est le Christ  - dimanche 19 juin 2016



18 Un jour qu'il priait à l'écart et que les disciples étaient réunis auprès de lui, il leur demanda : Au dire des foules, qui suis-je ? 19 Ils répondirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, un des anciens prophètes qui s'est relevé. 20— Et pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu. 21 Il les rabroua, en leur enjoignant de ne dire cela à personne, 22 ajoutant qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il se réveille le troisième jour.



23 Il disait à tous : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive. 24 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 25 Et à quoi sert-il à un être humain de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? 26 En effet, quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, dans la gloire du Père et des saints anges. 27 Et je vous le dis, en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu.





Et vous, que dites-vous de Jésus?  Il est Dieu, fils de Dieu, Messie peu importe, chacun a sa réponse, chacun a sa relation personnelle à Dieu, mais, quoi qu’on en dise, on est obligé de reconnaître que Jésus est venu vers les hommes sous des apparences modestes. Il a tenu à rester humble. Il a choisi de nous présenter une image de Dieu que nous aurions plutôt tendance à réfuter. Il présente Dieu comme le Dieu de l’impossible. Il montre Dieu sous les traits de celui que l’on rejette. Le Dieu tel que Jésus le présente se plaît à ressembler à celui qui souffre, à celui qui est humilié ou incompris. Il s’identifie à celui qui est méprisé à celui que l’on abandonne quand la mort le menace. Il est aussi celui qu’on  ne reconnaît plus quand la résurrection le propulse dans notre existence d’humain. Jésus nous propose une image de Dieu qui nous provoque car elle ne correspond pas à nos désirs. Nous aspirons à reconnaître en Dieu une puissance qui se voit et qui intervient d’une manière manifeste dans la vie des hommes. Comme cela ne se voit pas d’une manière évidente,  Dieu semble absent de notre monde.

Sans vraiment vouloir être provoquant et en regardant simplement fonctionner notre société française, nous constatons que nous vivons dans un monde qui nie l’existence de Dieu ou plutôt qui se passe de lui. Notre référence à Dieu reste floue et on n’a pas l’impression de le voir intervenir dans le cours des choses. On le dit attentif aux hommes et pourtant cela ne se voit pas, cependant, cela n’empêche pas que beaucoup  parmi eux s’appliquent à lutter contre les souffrances et les exclusions, contre  les maladies et contre la mort même. Le  monde des humains,  si détaché de Dieu en apparence ne l’est pas tellement en profondeur. En effet,  les plus entreprenants parmi les humains s’appliquent à intervenir dans les lieux où Jésus a dit que Dieu se  cachait, c’est à dire les lieux de détresse.  A force d’intervenir là où Dieu se cache, on finira bien par le trouver, même si cela prend du temps.



Jésus donc, nous présente l’image d’un Dieu qui se cache derrière tous les scandales humains qui nous provoquent et nous interpellent: Les guerres d’hégémonie qui oppriment les minorités ethniques, les enfants contraints au travail ou à la prostitution, les vieillards enfermés dans la solitude de l’oubli, les jeunes en quête d’espérance, les adultes dans leur combat contre le chômage, les immigrés dans leurs désirs de papiers régularisés, les femmes, dans leur provocation à l’égalité, autant de lieux où Dieu se cache.

Mais pourquoi avoir choisi les misères humaines pour s’y dissimuler?  pourquoi avoir choisi l’inacceptable afin de se révéler?

Parce qu’il nous attend sur les lieux même où  son adversaire semble le plus fort et il veut l’affronter là où il nous opprime pour mieux le tourner en dérision. Son adversaire qui est-il? Le diable, le mal, la mort ou l’homme lui-même?

Certains, peut être, en entendant parler du diable commencent à se demander où je vais les embarquer; d’autres par contre se réjouissent en pensant que j’ai enfin compris les enjeux du monde de demain. Ils espèrent que  je vais vous enjoindre à vous retirer hors de ce monde pervers, et que je vais vous inviter à vous enfermer dans la bulle confortable d’une communauté toute attentive à la prière et à la morale. Et bien  non, je ne vais pas le faire parce que le texte que nous avons lu ne nous entraîne pas dans cette direction. Le texte nous dit simplement que la mort, sous tous ses aspects est un obstacle à la manifestation de Dieu et que Jésus nous attend dans les lieux où le pouvoir de la mort la rend insupportable. La mort est insupportable parce que ni elle, ni la souffrance qui l’accompagne, ni l’injustice ne font partie du programme de Dieu. En Jésus Christ, Dieu se désolidarise définitivement de tout ce qui porte atteinte à l’homme.

Mais s’il se désolidarise du mal et de la mort, il n’en ignore pas pour autant les effets, c’est pourquoi il se place  sur le terrain de la mort et du mal, non pas pour les anéantir mais pour les surmonter. Il semble que  le mal  et la mort ne soient pas voulu par Dieu,  mais ils font partie  du mystère du monde où nous vivons, même si cela dépasse notre compréhension, cela fait partie de notre monde ! Tout se passe comme si, Dieu, ayant maîtrisé le cahot au commencement de toute chose avait continué  son œuvre en libérant le monde. Pour participer à cette entreprise de libération il a  confié à « l’homme pensant » que nous sommes le soin de continuer son combat contre la mort et le mal. Le mal et la mort restent donc les ennemis à abattre.



Depuis que l’homme existe, Dieu a passé avec lui un contrat de collaboration qui consiste à travailler en association avec lui afin d’organiser le monde pour qu’il évolue harmonieusement pour le mieux être des hommes. Dieu envoie au  combat tous ces hommes et toutes ces femmes  qui acceptent de faire  alliance avec lui.  Ils se mettent à l’œuvre pour que  sans relâche et avec ingéniosité ils repoussent l’adversaire. Ils deviennent ainsi les témoins d’ une vie qui dépasse la mort et que faute de mieux on appelle la résurrection.

En effet,  la résurrection fait partie du programme de Dieu, ce n’est pas un palliatif qu’il aurait inventé pour contrecarrer un dérapage  supposé de la création. La résurrection fait partie intégrante de la vie chrétienne et de l’espérance. Elle en est l’aboutissement normal, c’est pourquoi Jésus se situe là où elle risque d’être le plus contestée, c’est à dire au cœur  même de la violence et de la mort.

Jésus s’y trouve  et nous invite à l’y rejoindre afin que par la manifestation de notre espérance la fatalité du mal se trouve tellement contestée qu’elle finira par disparaît.

Après ces réflexions, la question posée au début « qui dites vous de Jésus » n’a plus de raison d’être.  Inutile de chercher à expliquer ou à justifier ou à démontrer la réalité de Dieu en Jésus Christ. Nous découvrons dans tout cela que Dieu ne s’invente pas et qu’il ne se démontre pas. Il se manifeste et ceux qui ont compris tout ça et qui  s’efforcent de le rejoindre là où il est le moins visible: dans les lieux de la souffrance et du rejet, dans les lieux de la provocation et du désordre afin que tout cela s’apaise.

On découvre,  encore une fois, que les autorités religieuses, contemporaines de Jésus, n’avaient rien compris. Elles avaient voulu enfermer Dieu dans des rites religieux, tels les sacrifices et les pèlerinages et même les prières rituelles alors  que lui, voulait se faire reconnaître en partageant la vie des hommes. N’ayant rien compris  ils ont réclamé la tête de Jésus, prenant ainsi le parti de la violence pour défendre la dignité d’un Dieu qui ne leur demandait  rien, si non de le suivre sur le chemin des hommes. Les Églises d’aujourd’hui l’ont-elles mieux compris?

Ainsi, ni la violence ni la haine, ni l’injustice ne sont des éléments que l’on peut faire valoir pour nier la réalité de Dieu. Combien de fois faudra-t-il entendre encore cette affirmation, tant de fois répétée qu’elle fait concurrences à l’Évangile: «puisqu’il y a tant de mal dans le monde, c’est que Dieu n’existe pas ». Bien au contraire, Dieu nous invite à le rejoindre sur les lieux de violence afin que la violence cesse, puisqu’elle est contraire à Dieu et que la résurrection apparaisse comme une réalité normale qui s’inscrit dans le cours des choses. Dieu l’ a créée  de toute éternité afin de nous en revêtir l’heure venue.

J'ai emprunté les images et le texte ci-dessous à G. Castelnau dans  son site "protestants dans la ville" comme si pour moi cette peinture donnait une réponse au sens de la vie que Jésus est venue établir sur terre.
 7 mai 2013

Keith Haring est un jeune artiste américain au dessin vigoureux et expressif. dont toute la volonté, toute la passion, tout l’engagement s’est focalisé dans la lutte contre toutes les forces mauvaises oppressant, aliénant l’homme. Son art est populaire dans la mesure où, devant ses dessins, tout le monde se sent immédiatement concerné et interpellé par un message parfaitement clair et saisissant violent et sympathique, dans un humour décapant dont chacun saisit sans peine la vérité de l’humanisme. 

« L’Arbre aux Singes » qui est en exergue montre de petits êtres que le titre appelle des singes mais qui font penser à notre humanité, nombreuse, agitée, animée et gaie, avec les couples qui s’entraident, se caressent s’épouillent, s’accouplent sans complexe. Un monde heureux, coloré et bien vivant. Vision optimiste de la vie.

 

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