lundi 3 décembre 2012

Luc 1:39-45


Luc 1 :39-45 Visite de Marie à Elisabeth - 
dimanche 23 décembre 2012

39 En ces jours-là, Marie partit en hâte vers la région montagneuse et se rendit dans une ville de Juda. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41 Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son ventre. Elisabeth fut remplie d'Esprit saint 42et cria :
Bénie sois-tu entre les femmes,
et béni soit le fruit de ton ventre !
43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? 44 Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon ventre. 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira !

La meilleure des choses qui puisse se produire dans la vie de quelqu’un, c’est de vivre une expérience semblable à celle qui nous est racontée ici au sujet de Marie. Même si l’expérience qu’elle a vécue  ce jour-là a un caractère unique et exceptionnel, elle fait quand même partie de ces expériences que tout individu est appelé à faire un jour ou l’autre avec  Dieu. Cela se produit toutes les fois qu’il a conscience que Dieu intervient dans sa vie mais cela ne fait pas de lui un être exceptionnel, car Dieu se propose de venir à la rencontre  de chacun de nous et de  s’installer dans sa vie.

Le but de notre propos aujourd’hui est d’aider tout croyant à prendre conscience de ce qui est susceptible de se passer en lui quand il prend conscience que Dieu a pris place dans sa vie. 

 Marie, en faisant cette même expérience  de la rencontre avec Dieu,  découvre que Dieu s’est fait non seulement tout  proche d’elle  mais qu’il est venu habiter en elle. De ce constat, s’installe en elle  la certitude que l’enfant qu’elle porte deviendra le « Messie d’Israël». C’est ce qui lui confère un caractère unique et exceptionnel.  Sur ce point  son expérience diffère de  toutes celles que nous avons pu faire ou que nous pourrons faire encore.

La première chose que Marie constate, c’est que Dieu l’avait  choisie  pour réaliser ce projet. Le Seigneur a mis son empreinte en elle et elle est devenue sa partenaire. Cette aventure a eu la suite que l’on sait et la naissance  de Jésus a ainsi été inscrite dans un projet de Dieu. Chaque croyant est amené à faire  tôt ou tard une expérience comparable à la sienne qui fait de lui un partenaire de Dieu.

A la suite de cette expérience,  Marie aurait pu partager normalement son émotion avec Joseph son époux, mais contrairement à toute logique, c’est vers Elisabeth sa parente qu’elle porte ses pas. Pour cela, elle doit la rejoindre à l’autre bout du pays. Ce déplacement  qui nous surprend, a  bien entendu une valeur symbolique qu’il va  falloir décrypter.

Comme nous sommes obnubilés par le personnage de Marie depuis des siècles, nous lui réservons une place particulière dans  notre approche des événements. La tradition l’a chargée de valeurs spirituelles extraordinaires, qui ne sont d’ailleurs pas les mêmes d’une église à l’autre, si bien qu’il nous paraît difficile de nous comparer à elle et de nous approprier des valeurs qui lui appartiennent. Pourtant, l’expérience de Marie a des points communs avec ce qu’il nous est donné de vivre avec Dieu, c’est ce que nous avons suggéré dès le début de ce propos.

 Évidemment, l’Evangile a apporté un relief particulier à ce récit, si bien qu’il semble ne pas nous concerner personnellement. La visite solennelle de l’ange établit entre nous et Marie une barrière que nous ne pouvons pas franchir au risque de passer pour un fou. Il en va de même pour la mission qu’elle reçoit. Cette mission est unique et ne peut en aucun cas se comparer aux missions que nous pourrions recevoir au cours des expériences spirituelles que nous aurions pu faire ou que nous ferons.

Cependant, après avoir écarté tout le merveilleux du récit, nous pouvons sans doute constater que Marie a fait une expérience que beaucoup pourraient comparer à la leur. Quiconque a fait une rencontre avec Dieu trouvera des points communs avec l’événement qui a bouleversé la vie de Marie  car, comme pour elle, il y a dans la vie de chaque croyant un moment privilégié où il prend conscience de la réalité de Dieu.

Cette expérience est propre à chacun et s’impose à lui comme une certitude. Dieu, un jour a frappé à la porte de son cœur et il a  mobilisé toute sa personne. Non seulement Dieu s’est manifesté à lui mais toute sa vie spirituelle a été modifiée par cette impression. Dieu a fait corps avec lui et est devenu partie prenante de son intériorité.

 Si pour Marie la réalité de Dieu a pris corps en elle pour devenir le Messie, il n’en demeure pas moins que pour nous, Dieu se fait aussi présent en nous. Il ne  prend pas chair de la même façon, bien évidemment, mais il n’en demeure pas moins qu’il se fait « présent en nous. » En réfléchissant alors à ces expériences que nous avons  déjà pu faire, nous devenons plus aptes à saisir la réalité du Messie quand il prend corps en Marie. C’est parce que l’expérience de notre « conversion » s’apparente   à l’aventure que Marie est en train de vivre que nous pouvons mieux la comprendre. 

Après cette expérience particulièrement forte, Marie toute possédée par Dieu et porteuse du futur Messie part vers les hauteurs de Judée auprès d’Elisabeth sa parente. Elisabeth n’est pas seulement sa parente, elle porte, elle aussi un enfant dans son sein, le futur Jean baptiste. Il sera le dernier des grands prophètes de jadis. En lui se récapituleront toutes les promesses que Dieu avait faites depuis Abraham. La rencontre des deux femmes établit un lien de continuité entre ce qui a été et ce qui sera. Tout le mystère de Dieu se récapitule en Jean baptiste et se prolonge en Jésus. Nous savons sans doute tout cela, mais ce que nous ne réalisons pas forcément c’est qu’il est dit que « Marie monta vers sa cousine ».

S’il est dit que Marie monta, ce n’est pas seulement pour apporter une précision  géographique. Les montagnes de Judée où réside Elisabeth ne sont sans doute pas plus élevées que les montagnes de Galilée où réside Marie. Son déplacement vers le haut n’a pas une valeur spatiale mais une valeur spirituelle. Marie en venant voir Elisabeth mère de Jean Baptiste vient se charger auprès d’elle de toute la tradition qu’elle porte en elle. Elle s’enrichit de tout ce que la révélation passée a pu apporter aux hommes et qui se récapitulent dans la personne de Jean Baptiste. Elle remonte du temps présent jusqu’aux origines de la révélation. En s’enrichissant elle-même, elle enrichit également l’enfant qu’elle porte en elle. Par cette visite de sa mère à Elisabeth, Jésus s’approprie à son tour  toute la tradition par laquelle Dieu a façonné son peuple au cours des siècles et dont il est l’aboutissement. C’est à cause de cela que la visite de Marie à Elisabeth est chargée d’une valeur symbolique particulièrement importante.

Fondé sur cette expérience, le croyant qui découvre la réalité de Dieu au cours d’une expérience spirituelle qui lui est propre est invité à suivre le même itinéraire que Marie puisque leurs expériences se ressemblent. Pour s’approprier le mystère de Dieu qui vient habiter en lui, il doit à son tour s’imprégner de la révélation qui était avant lui et qui réside dans les Ecritures. Le croyant doit habiller sa foi de toute la tradition façonnée par tous ceux qui l’ont précédé.

Quand nous percevons la présence de Dieu en nous, ce n’est pas pour devenir un électron libre, comme si notre nouvelle expérience nous mettait à part de nos frères humains. Notre expérience spirituelle ne nous rend pas étranger à celles que d’autres ont fait avant nous depuis des siècles voire des millénaires. Nous devenons un maillon de l’immense chaîne de témoins, qui a commencé le jour où Abraham a entendu l’appel de Dieu et qui s’achèvera un jour qui ne nous est pas révélé. Nous ne sommes pas pour autant, ni plus forts, ni plus nobles ni plus sages que les autres.

La découverte de la foi en nous, nous fait suivre le même itinéraire que Marie. Elle portait en elle le Messie, celui dont l’action révolutionnera la condition humaine. A notre tour, quand Dieu se manifeste en nous, c’est pour nous incorporer à la longue lignée des témoins qui portent chacun à sa manière l’empreinte du Messie. 

A la différence de Marie qui a porté physiquement le Christ, nous continuons à le porter spirituellement aujourd’hui pour qu’il soit présent au monde. C’est dire que la rencontre que Dieu fait avec nous ne se fait pas à usage interne. Nous ne devenons pas seulement croyants pour enrichir notre vie d’une expérience nouvelle. Notre expérience spirituelle ne peut pas être un événement dont nous pourrions faire état pour nous valoriser. Il est impossible d’être un croyant dont la foi serait à usage interne.

Notre incorporation à la longue série des croyants nous met en contact avec ceux qui avant nous ont fait l’expérience de la rencontre avec Dieu et avec ceux qui à leur tour feront la même expérience sans l’avoir faite encore. C’est peut-être à notre contact qu’ils découvriront que Dieu cherche à les rencontrer. Dieu a en  cela un but précis, celui de donner du sens à la vie de chacun. Il nous invite alors, à être au service des événements qui sont encore en devenir afin de participer à leur réalisation quand ils se produiront. Pour cela, il nous suffit, comme l’a fait, Marie de se laisser emplir du saint Esprit et de le laisser orienter notre existence dans la direction  que Dieu voudra bien lui donner et qui sera toujours la bonne.







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