mercredi 25 janvier 2012

Marc 2:1-12



Jésus absout des casseurs et les félicite

dimanche 19 février 2012

Le paralytique de Capharnaüm 1Quelques jours après, il revint à Capharnaüm. On apprit qu'il était à la maison, 2et il se rassembla un si grand nombre de gens qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Il leur disait la Parole. 3On vient lui amener un paralytique porté par quatre hommes. 4Comme ils ne pouvaient pas l'amener jusqu'à lui, à cause de la foule, ils découvrirent le toit en terrasse au-dessus de l'endroit où il se tenait et y firent une ouverture, par laquelle ils descendent le grabat où le paralytique était couché. 5Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. 6Il y avait là quelques scribes, assis, qui tenaient ce raisonnement : 7Pourquoi parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu ? 8Jésus connut aussitôt, par son esprit, les raisonnements qu'ils tenaient ; il leur dit : Pourquoi tenez-vous de tels raisonnements ? 9Qu'est-ce qui est le plus facile, de dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés », ou de dire : « Lève-toi, prends ton grabat et marche ! » 10Eh bien, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a l'autorité pour pardonner les péchés sur la terre — il dit au paralytique : 11Je te le dis, lève-toi, prends ton grabat et retourne chez toi. 12L'homme se leva, prit aussitôt son grabat et sortit devant tout le monde, de sorte que, stupéfaits, tous glorifiaient Dieu en disant : Nous n'avons jamais rien vu de pareil.


L’Evangile est surprenant et il vient parfois nous déranger dans notre confort spirituel parce qu’il nous bouscule dans nos sécurités. Notre lecture des Ecritures est souvent conditionnée par nos habitudes, si bien que nous ne nous laissons pas facilement interpeller par elles, surtout si elles nous provoquent dans nos idées reçues. Les lecteurs assidus de la Bible relisent avec plaisirs les passages auxquels ils sont le plus habitués parce qu’ils y trouvent confirmation des ancrages de leur foi.

Pourtant il arrive que sans y prendre garde, des événements nous appellent à porter un autre regard sur les textes que nous aimons et que nous interprétons alors d’une autre façon que celle à laquelle nous sommes habitués. Ils nous interpellent d’une manière inhabituelle et il nous faut faire un effort pour se les réapproprier, tant ils deviennent nouveaux pour nous. Nous redécouvrons alors cette vérité selon laquelle la pratique des Evangiles nous invite continuellement à faire une relecture des textes. Nous découvrons aussi que ce n'est pas toujours un exercice confortable. Cela peut même parfois nous déstabiliser profondément et il nous faut faire un effort supplémentaire pour assumer cette nouveauté.

Le résultat est quelque fois décapant, mais il nous rapproche peut-être davantage du Seigneur. Le texte de ce jour est connu par la plupart d’entre nous. Nous avons pris l’habitude de nous émerveiller à cause de la foi de ces 4 inconnus qui font un exercice périlleux pour que leur malade soit guéri par Jésus.

Nous sommes-nous cependant posé toutes les questions nécessaires pour le recevoir? Peut être pas ! Car nous avons l’habitude de zapper sur les questions qui nous dérangent. Nous avons aussi des a priori de lecture quand Jésus est au centre de l’événement. Nous considérons que ce qu’il fait est forcément bien puisque c’est lui qui en est l’auteur. Pourtant aujourd’hui, nous allons oser une question impertinente et peut être deux comme si Jésus n’avait pas agi correctement.

Est-il normal que Jésus laisse casser sa maison sans protester, et si ce n’est pas la sienne, c’est en tout cas celle où il habite. Si c’est celle d’un de ses amis, la question n’en devient que plus incisive: Est-il normal de laisser casser la maison de ses amis et de féliciter les casseurs? Dans la Palestine du premier siècle, ce sont les voleurs qui cassent les structures de la maison pour y entrer. C'est l'Evangile lui-même qui le dit à un autre endroit.

Mais puisque Jésus n’éconduit pas ces gens, nous leur trouvons des excuses. Ils considéraient que l’état de leur malade les mettait en situation de priorité sur les autres. Mais y avait-il urgence pour un paralytique qui l’était déjà depuis longtemps? De toute façon, était-ce une raison suffisante pour se transformer en casseurs? Si leur attitude est considérée comme bonne dans le contexte de l’Evangile, pourquoi ne le serait-elle pas dans celui de notre société ? Pourquoi tous ceux qui s’estiment prioritaires n’exerceraient ils pas ce même droit ? Nous nous rendons bien vite compte que ce serait ingérable ! Est-ce ce type de société que préconisait Jésus ?

Tout lecteur raisonnable de l’Evangile pense que Jésus savait ce qu’il faisait. Pourtant la question que je posais tout à l’heure reste pertinente : Pourquoi Jésus laisse-t-il casser sa maison ? Il nous faut mettre notre matière grise en ébullition pour trouver une réponse en accord avec ce que nous savons de son Evangile.

Il y avait donc des gens qui ont cassé le toit de la maison où vivait Jésus parce qu’ils revendiquaient une priorité qui ne leur était pass concédée par les autres. Pire Jésus se trouvait assiégé dans sa propre demeure car la porte était bloquée par ceux qui voulant rentrer l’empêchaient de sortir. Jésus à l’intérieur de la Maison prêchait. On nous dit exactement qu’il « disait la Parole » La parole se trouvait enfermée avec Jésus dans la maison d’où il ne pouvait sortir. Pourquoi Jésus se laissait-il assiéger ? C'est là notre deuxième question.

A quoi pouvons-nous comparer cette maison à l’intérieur de laquelle se trouve enfermée la Parole. Si non à l’Eglise, ce lieu où on sait que la parole est efficace. Beaucoup se pressent pour profiter de son message, mais tous ne peuvent y accéder. Ceux qui sont à l’intérieur bloquent les issues. Ceux qui sont à l'intérieur n’accaparent-ils pas les bénéfices de la Parole à leur profit ? La Parole leur fait du bien, et ils en sont heureux. Ils ne réalisent pas qu’au-delà de la porte il y a des gens qui ont besoin de cette même Parole et qu’en bloquant les issues, Jésus ne peut aller vers les autres. Hors de la maison, il y a des solliciteurs de la Parole qui ne peuvent l’entendre et être guéris par elle. Ceux de l’intérieur ne comprennent pas que la Parole puisse être utile pour ceux du dehors.

Nous sommes en face d’une situation qui prend l’allure d’une parabole pour l’Eglise qui n’entend pas les besoins de ceux qui sont à l’extérieur de ses structures. Il nous faut comprendre que la parole que nous possédons peut faire du bien à d’autres qu’à nous, c’est donc à l’extérieur de nos structures qu’elle doit être proclamée

Le monde d’aujourd’hui est en quête de sens. Les valeurs de jadis n’ont plus cours, la société contemporaine les récuse. La parole confinée dans nos structures semble être obsolète. Pourtant nous devons entendre dans ce passage que si nous permettons à la Parole de sortir de nos murs et se répandre ailleurs que dans nos enceintes elle peut devenir un baume réconfortant pour ceux qui ne savent plus s’orienter.

Aujourd’hui, nos institutions d’Eglise ne peuvent montrer au monde que le visage de leurs désunions. Elles n’expriment pas par leurs querelles un dynamisme qui soit porteur de vie. Les médias remettent en cause notre message en critiquant les fondements de nos livres fondateurs. Face à la critique nous ne savons opposer que des réponses floues et inintéressantes. Nous nions les faits ou nous nous engluons dans des réponses techniques alors que c'est de vérité que les hommes ont besoin.

Quatre brancardiers aimeraient que l’infirme qu’ils portent soit guéri. Totalement paralysé, le malade n’a d’espoir que dans la Parole tenue captive dans la maison avec Jésus qui ne peut en sortir. Ils décident donc de casser la baraque, c’est à dire de faire une tentative d’appropriation des lieux qui privent Jésus et sa Parole de liberté. Leur méthode propre aux voleurs réussit. Jésus ne se soucie comme d’une guigne de l’état de la maison. Il semble même que ce trou dans le toit par lequel on descend l’infirme va permettre à un supplément d’air, venu d’en haut de pénétrer dans cette demeure où l’atmosphère confiné n’est plus respirable. Jésus se trouve donc libéré par ces intrus qui cassent sa maison

Jésus les salue et les félicite parce qu’ils ont eu l’audace de s’approprier la maison, par des méthodes sans doute contestables, mais rien pour eux n’était plus important que d’arriver à lui. Il approuve semble-t-il le fait que l’on supprime tout ce qui fait obstacle à la liberté de sa Parole, même si la méthode est surprenante.

Quant à nous, nous entendons dans ce texte confirmation que le salut est bien dans la Parole que nous avons reçue et qui demeure en nous. La vérité en laquelle nous espérons et qui est dans nos structures est bien la vérité qui doit guérir le monde. Mais nous devons écouter les rumeurs qui viennent du monde pour entendre ce qu’il espère et laisser la parole aller vers lui.


Il nous appartient aussi de savoir que l’avenir n’est pas dans les structures de nos églises dont nous sommes si jaloux. Elles peuvent être ébranlées et malmenées par le monde qui met en cause leur rigidité ou leur archaïsme, mais elles restent dépositaires d’une vérité dont le monde a besoin pour sa guérison. Il n’y a donc aucun danger pour notre avenir de laisser les gens du dehors contester nos structures et les mettre à mal. C'est de l’Evangile qu’ils ont besoin et en contestant les églises, quelles qu’elles soient, ils risquent seulement de libérer la Parole qui le guérira.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'absolution des casseurs par Jésus nous invite à sortir de notre carcan quotidien et de voir le monde autrement. Etre avec Jésus apporte la guérison du corps et de l'esprit.

L'Eglise n'est pas un cercle fermé. Elle a une vocation missionnaire et communautaire.

dhom a dit…

Merci cher ami Jean

Chaque semaine, tes sermons du dimanche stimulent ma réflexion et élargissent ma foi

Est-ce toi le Jean qui a vécu un CPT à Strasbourg au début des années 90?

Dominique Burnat