samedi 7 janvier 2012

Marc 1:21-28


Marc 1 : 21-28 l’autorité de Jésus
dimanche 29 janvier 2012


21 Ils entrent dans Capharnaüm. S'étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner. 22 Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité, et non pas comme les scribes. 23 Il se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui s'écria : 24 Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu !

25
Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
26 L'esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri. 27 Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu'est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ! 28 Et sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée.

Qui guérira tous ceux qui sont malades dans leur cœur, dans leur corps et dans leur âme ? Qui soignera notre société de ce mal mystérieux qui la ronge et qui fait perdre ses repères à chaque individu ? Qui pourra nous dire la vérité sur notre vie ? Nul ne sait vraiment dans quelle direction tourner les yeux, car tous sont inquiets pour eux-mêmes et leurs enfants?

Toutes ces questions étaient déjà en gestation dans le cœur des gens qui croisèrent Jésus dans la synagogue de Capharnaüm où il avait pris ses habitudes. Ils sont étonnés et surpris de l’autorité qui émane de lui. Un jour, il est bien reçu, le lendemain on ramasse des pierres pour lui faire un mauvais sort ou le précipiter en bas d’une falaise comme on voulut le faire dans la synagogue de Nazareth (1). Tout est confus pour ces gens en quête de vérité ! Une voix en rajoute à la confusion et s’élève pour lui demander quel rôle il joue et s’il n’a pas partie liée avec le démon. De qui cherche-il la perte ?

Ne soyons pas surpris si cette mise en cause de Jésus se passe dans une synagogue, un lieu de prière car c’est dans la proximité de Dieu que les gens se divisent à son sujet. N’ accuse-t-on pas les religions de jeter la discorde dans le monde et d’être souvent la cause des guerres entre les peuples? On découvre ici que les agents destructeurs ont leur place dans la « maison de Dieu » si bien qu’on y rencontre plus de haine que d’amour. Ceci se vérifie sans doute aussi dans nos églises, mais se trouve en totale opposition avec Jésus qui se plaisait à identifier Dieu à l’amour, si bien que la religion se met parfois à jouer un rôle contraire à celui pour le quel elle est faite car le but de la religion est de relier les hommes entre eux. C’est en tout cas ce que signifie le mot qui la désigne.

Ces remarques nous permettent de ne pas être trop étonnés si la contestation contre Jésus se produit dans ce lieu de prière et de méditation qu’est la synagogue. L’interpellation sort de la bouche d’un malade mental qui normalement n’ y avait pas sa place. Son intervention produit l’étonnement et la stupeur. Le malade, le possédé devrai-je dire pour rester dans le contexte, prononce une véritable confession de foi à l’envers en forme d’interrogation : « es-tu venu pour notre perte ? » La perte de qui ? De ceux qui ne sont pas normaux ou les gens qui par leur attitude perturbent les saintes assemblés ? Sans doute pas, mais cela pourrait bien être la perte des démons, de ces esprits malins qui s’opposent à Dieu, qui rendent les hommes malades et que Jésus se propose de détruire.

Beaucoup d’hommes sont malades, pas seulement de maladies mentales, mais aussi de maladies physiques et sociales. La société est malade avons-nous dit en commençant et Jésus, est venu pour soigner ceux qui souffrent, qui sont désorientés et qui désespèrent. Il n’est donc pas surprenant que l’interpellation de Jésus se produise dans la synagogue, car elle est sensée être le lieu où Dieu est le plus proche des hommes. C’est le lieu où l’on prie ou où on cherche le sens de la vie dans la tradition et les Ecritures. C’est donc ici que l’on peut découvrir quel est le rôle de Dieu dans les affaires du monde.

Si Jésus a quelque chose à voir avec Dieu, c’est bien dans ce lieu où on peut l’interpeler sur ces questions et où on est en droit d’espérer une réponse. L’Évangéliste Marc qui rapporte cet incident a déjà pris position. Il nous dit que Jésus s’adresse aux gens avec une autorité que les professionnels de la religion n’ont pas. Il accuse clairement les scribes et les pharisiens de manquer d’autorité personnelle. L’autorité qu’ils ont ne leur vient pas d’eux-mêmes, ils l’empruntent à la tradition ou à la Loi qu’ils sont sensés interpréter ; mais pour ce qui les concerne, en tant qu’individus, ils n’ont aucune autorité. Quant à Jésus qui ne cite pas forcément les Ecritures à tout bout de champ, il retire son autorité d’ailleurs, elle émane de lui et se manifeste comme une aura qui séduit. Il la reçoit directement de Dieu.

C’est vite dit. S’il ne parle pas sous l’autorité de l’Écriture sa parole risque de prendre des allures inquiétantes. Tout ceux qui sont là ne sont pas des naïfs, ils savent exercer leur esprit critique et aimeraient pourvoir identifier en Jésus le messager de Dieu à coup sûr, mais quelle preuve ont-ils ? Cette question devient du même coup la nôtre. Ce serait aller un peu vite en besogne que de dire qu’elle lui vient du saint Esprit parce qu’on ne l’entend pas qu’on ne le sent pas et qu’il reste aussi insaisissable que Dieu.

Jésus sans répondre directement à cette question nous donne des éléments de réponses. Il est suffisamment explicite pour que notre esprit se mette au travail et trouve tout seul la solution. C’est dans le dialogue avec l’individu qui l’a interpelé que cela va se passer. Tout en lui donnant raison, Jésus réfute le qualificatif de Saint de Dieu, c'est-à-dire de Messie dont il le désigne. Jésus refuse qu’on l’enferme dans un personnage qui aurait la science infuse et la réponse à tout, du fait de sa proximité avec Dieu car, c’est cela que l’on attend de lui. On attend qu’il donne une parole forte et indiscutable, qu’il opère des miracles à la demande et que sa seule présence suffise à changer le monde. Jésus ne se situe pas dans ce rôle, sans quoi depuis deux mille ans on s’en serait aperçu. Jésus a été parfois enfermé dans ce personnage, mais il a toujours réussi à s’en sortir. Pourtant les clercs ont toujours cherché à l’y ramener.

Quantité de professionnels de la religion, croient que leur science ou leur intimité avec Dieu les rend compétents pour maintenir Jésus dans ce rôle « d’être exceptionnel » que lui-même récuse et d’y enfermer Dieu avec lui. Ce sont les titres glorieux que nous lui reconnaissons dans nos confessions de foi que les plus doctes parmi-nous tentent d’imposer aux autres. Ils se divisent entre eux à son sujet. Ils s’affrontent au nom de vérités qui sans être fausses ne sont pas forcément absolues. Ils créent des mouvements de division qui les opposent aux autres et les amènent à se séparer d’eux.

Quand pour leurs malheurs l’un de ces groupes dispose de l’oreille du pouvoir temporel, il n’est pas rare que celui-ci mette à son service le bras armé de ses soldats pour forcer la mains à ceux qui ne croient pas comme eux. C’est ainsi que les religions entrent en guerre et s’en prennent à la vie des hommes. Ne soyons donc pas surpris si Dieu reste à l’extérieur de ces combats.

Si maintenant je donnais une réponse personnelle au sujet de l’autorité de Jésus, puisque c’est la question de ce jour, il faudrait que je prenne place parmi ces sages qui se divisent au nom de leur vérité. Pour éviter cela, il nous faudra donc consentir à ce que Jésus se dépouille de tous ces titres dont nous l’honorons, d’oublier les zizanies que nous maintenons à son sujet et que nous prêtions attention à ceux à qui il adresse ses actions.

C’est dans la bouche même de Jésus répondant aux envoyés de Jean Baptiste que nous trouvons la première réponse : « les aveugles voient, les infirmes marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent., et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ( 2)

Jésus se présente comme le témoin de la puissance de vie qui habite chaque individu, il s’acharne à la restaurer quand elle est déficiente, menacée ou détruite. Il ne détient pas d’autre puissance apparente de la part de Dieu que celle de susciter la vie là où elle est en difficulté. Il encourage son Église à le suivre dans cette voie là. Qui pourrait le contester ? Celui qui cherche à aller plus loin, court alors un gros risque. De nombreuses questions sur Dieu, Jésus et la trinité restent en suspens. Si elles ne trouvent pas de réponses immédiates est-ce si grave ? L’important n’est-il pas de comprendre que nous devons donner priorité à la sauvegarde de la vie chez les autres quels qu’ils soient. Il y a encore beaucoup de travail.

(1) Luc 4
(2) Matthieu 11 :5

Les photos sont celles des restes d'une synagogue à Capharnaüm, date du cinquième siècle. Ce n'est donc pas la synagogue que Jésus fréquentait.

 Un autre sermon sur le même thème 6 ans plus tart

Marc 1/21-28 : Dieu créateur dimanche 28 janvier 2018



Marc 1 : 21-28
21 Ils entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
24 « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
25 Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
26 L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
27 Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
28 Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
Le début de l’Évangile de Marc nous dit comment ici, tout a commencé. Dans un décor tout à fait banal,  dans  une   obscure synagogue  d’une petite ville de  Galilée, Jésus va prononcer quelques simples paroles   qui vont remettre en cause d’une manière radicale toutes les idées reçues jusqu’alors sur Dieu et  sur l’origine du monde.  Pourtant le lecteur que nous sommes ne comprend pas ce qu’il y a de révolutionnaire dans l’événement  qui est ici décrit.   Il nous est déjà acquis que Jésus  allait tout remettre en cause, ça on le savait ! Mais il semblerait qu’il y a quelque chose d’utopique à essayer de nous faire comprendre cela, à partir d’un événement aussi ténu que celui qui est rapporté ici. Si on veut y comprendre quelque chose,  Il va nous falloir faire un l’effort, pour oublier ce que nous savons et nous  laisser guider vers Dieu par Jésus lui-même.  Même si l’événement  semble banal  apriori,  il va remettre définitivement en cause nos  conceptions   habituelles sur Dieu.
Si le décor est banal, le personnage dont il est question ici, l’est aussi. C’est  un homme apparemment dérangé dans sa tête. Il n’est sans doute pas un fou,  il est quelqu’un qui n’est pas fini, comme on disait dans mon village, un simple d’esprit qui interpelle en termes grandiloquents Jésus qui est ici un simple prédicateur de passage. Une seule parole de sa part suffit cependant  à remettre les choses en place et à guérir le provocateur. Il n’en faut pas moins pour que le rédacteur de l’Évangile tire une conclusion en forme de question  qui concerne tout l’Évangile.     «  Est-ce là une nouvelle  doctrine donnée avec autorité » ? La question vaut affirmation ! C’est une nouvelle doctrine dont l’origine n’est pas dite, mais  il nous est facile de déduire que   c’est de Dieu qu’elle  reçoit son origine, le terme autorité utilisé ici dit bien sa provenance.

La nouvelle va désormais accompagner tous les déplacements de Jésus et se répandre comme une tache d‘huile pour mettre en cause la  religion officielle et accréditer quelque chose de radicalement nouveau, comme le suggère ce même Évangile de Marc  dans ses derniers versets. Il  s’achève en effet,  sur la description symbolique du voile du Temple qui se déchire de bas en haut et sur l’affirmation donnée par un païen : « cet homme était vraiment le Fils de Dieu » (Marc 15/38-39). L’essentiel a été dit. Cette nouvelle doctrine  a anéanti le privilège du temple  ainsi que le fondement de la religion juive,  et elle accrédite l’autorité de Jésus qui se trouve reconnu comme fils de Dieu par un païen  issu des nations. Le judaïsme est dépassé, l’univers s’élargit au monde entier.
Quelle est donc cette nouvelle doctrine que l’on a eu du mal à discerner pour l’instant ? C’est une simple parole qui a donné autorité à Jésus et  qui remet en cause l’ordre normal des choses. On est en présence d’un homme qui est victime d’un mal qui ne lui vient pas de Dieu, puisque Jésus détruit  son mal  en une seule parole. Pour ne pas qu’il y ait confusion on a bien précisé que Jésus agissait en tant que saint de Dieu. Le mal ne peut donc venir de Dieu. Les maladies, voire même les catastrophes, n’ont donc pas Dieu pour origine, sans quoi Dieu ne cautionnerait pas le fait qu’on les domine  en son nom.  Dieu ne se sert donc pas de nos maux pour nous punir de nos fautes passées  connues ou inconnues, comme on le  croyait habituellement. Il n’intervient pas par le mal pour produire du bien en nous. Si ce n’est pas Dieu qui envoie nos épreuves,  qui est-ce ? On ne sait pas, mais il est clair  aussi qu’elles ne sont pas sous le contrôle de Dieu, mais par l’action de Jésus elles y entrent.
En intervenant, Jésus prive l’esprit  impur de parole : «  tais-toi » lui dit-il. Le fait que Jésus l’invite à se taire  laisse entendre le pouvoir  que la parole  va prendre non seulement dans ce récit, mais dans beaucoup d’autres. C’est par une parole que  l’action  du mal est détruite et que l’homme possédé redevient normal.  La parole de Jésus devient créatrice et l’action de l’esprit impur est anéantie. Par la parole de Jésus, Dieu reprend le pouvoir sur cet homme et l’esprit impur le perd. L’homme entre alors dans l’univers des gens normaux ?

Vous avez sans doute remarqué que nous  étions entrés dans le cadre de la création, tel que le récit des origines nous la raconte. Il y est dit, qu’au commencement Dieu se trouva confronté par le chaos. Il le soumit  à sa discrétion par sa parole. C’est ainsi que la Bible en son tout début nous raconte la création.  On aurait tort de penser que ça s’est arrêté là.  Mais ce ne fut qu’un début et la création a continué depuis l’hors  à se faire, car il y a encore dans le monde de nombreux endroits où le chaos n’est pas encore maîtrisé et continue à défier Dieu, jusqu’à ce que Dieu en prenne possession avec l’aide de l’homme  qu’il s’est choisi pour collaborateur. C’est la scène à laquelle nous venons d’assister. Ce n’était pas l’expression d’une nouvelle doctrine, c’était la réalité de Dieu.  Mais depuis belle lurette, on a oublié que Dieu avait voulu depuis l’origine  que les choses en soient ainsi.  Etait-ce à cause du péché ?  Les théologiens  de tous les temps se sont engagés dans cette brèche. Explication facile ! Trop facile ! Or Jésus n’utilise pas ici ni le mot « péché » qu’il ne prononce pas, il ne fait même pas allusion à  l’idée ! Il nous provoque ainsi dans nos certitudes théologiques. Ce ne serait cependant pas une raison suffisante pour ne pas  tenir compte des effets du péché sur nous et sur notre relation à Dieu.
Il ressort de cette première approche que la nouvelle doctrine dont il est fait état ici correspond à cette capacité que les humains ont de collaborer avec Dieu pour que le processus de  création continue, et c’est pour cela que Dieu leur a réservé  un sort particulier dans l’ordre de la création. Son rôle est de permettre à la nature, pas encore totalement maîtrisée par Dieu de se trouver en harmonie avec lui.
Bien évidemment l’homme a du mal à entrer dans cette manière de voir les choses. Le péché, auquel nous avons fait une brève allusion, consiste à remettre ce principe en cause et à rendre difficile toute collaboration entre l’homme et Dieu. C’est dans ce domaine que Jésus va jouer un rôle particulier, celui de rétablir l’idée qu’une collaboration est  possible entre les hommes et Dieu. C’est ce qu’on appelle le salut. C’est le grand défi que Jésus propose à l’humanité. Plusieurs doctrines ont été élaborées pour soutenir cette idée. Mais au lieu de chercher à voir ce qui les harmonise les hommes se plaisent  à les opposer et à rendre, encore aujourd’hui, le projet de Dieu difficile à comprendre.

C’est maintenant que l’on peut parler  du rôle des scribes  qui jouent un rôle négatif dans ce récit qui fait une brève allusion à leur action en son  tout début. Il  y est dit simplement  qu’ils n’avaient pas d’autorité, c'est-à-dire que leur enseignement ne permettait pas de voir réellement comment Dieu et les humains pouvaient collaborer.  Ils se s’appuyaient que sur leurs théories qui contrairement à ce qu’ils croyaient et enseignaient ne relevaient pas de l’autorité de Dieu. Ils privaient ainsi le monde de l’action bénéfique de Dieu qui ne pouvait pas exercer pleinement sa fonction de créateur.  Ce qui semble important dans tout cela c’est que Dieu cherche la collaboration des hommes et que l’amour qu’il a pour eux est susceptible d’annuler l’action du péché qui fait obstacle à la compréhension de la volonté de Dieu.
Apparemment tout a été dit et se trouve confirmé par le développement  qui s’en suivradans le cours de l’Évangile. La résurrection de Jésus  détruit tous les obstacles qui pourraient encore nous séparer de Dieu et nous permettent  désormais de collaborer avec lui pour que se poursuive l’œuvre de la création  entreprise par lui dès l’origine des temps pour se poursuivre jusqu’en éternité.

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