jeudi 15 décembre 2011

Jean 1: 35-42

Dimanche 15 janvier 2012


Viens et vois


Jean 1/35-42 La péricope proposée par a liste de lecture s’arrête au verset 42, mais il est plus cohérent de lire le texte jusqu’au verset 51

Les premiers disciples de Jésus

35 Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses disciples. 36 Quand il vit Jésus passer, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu ! » 37 Les deux disciples de Jean entendirent ces paroles, et ils suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna, il vit qu'ils le suivaient et leur demanda : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Où demeures-tu, Rabbi ? » — Ce mot signifie « Maître ». — 39 Il leur répondit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc et virent où il demeurait, et ils passèrent le reste de ce jour avec lui. C’ était environ la dixième heure. ( 5 heures) 40 L'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. 41 La première personne que rencontra André fut son frère Simon ; il lui dit : « Nous avons trouvé le Messie. » — Ce mot signifie « Christ ». — 42 Et il conduisit Simon auprès de Jésus. Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; on t'appellera Céphas. » — Ce nom signifie « Pierre ». —

Philippe et Nathanaël

43 Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontra Philippe et lui dit : « Suis-moi ! » 44— Philippe était de Bethsaïda, la localité d'où provenaient aussi André et Pierre. — 45 Ensuite, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 46 Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe lui répondit : « Viens, et tu verras. » 47Quand Jésus vit Nathanaël s'approcher de lui, il dit à son sujet : « Voici un véritable Israélite ; il n'y a rien de faux en lui. » 48 Nathanaël lui demanda : « Comment me connais-tu ? » Jésus répondit : « Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle. » 49 Alors Nathanaël lui dit : « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! » 50 Jésus lui répondit : « Ainsi, tu crois en moi parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier ? Tu verras de bien plus grandes choses que celle-ci ! » 51 Et il ajouta : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme ! »

Nathanaël sous le figuier de James Tissot

Sur les rives du Jourdain, en plein désert de Judée, le printemps s'annonce déjà. Les, pèlerins s'apprêtent une fois encore à monter à Jérusalem pour la fête de Pâques. Dans ce pays meurtri par tant de vicissitudes, le rythme de l'habitude donne une illusion de paix. Tout recommence cette année là encore, comme l'année précédante et pourtant nul ne sait que le vin nouveau se prépare à couler. Dieu est en train de sceller une nouvelle alliance avec son peuple. Tout va commencer à Cana dans le récit qui fait suite à celui que nous venons de lire.

Pour lors c'est le soir du grand soir sans que personne ne s'en doute encore. Il ne s'agit pas de cet événement tant redouté qui annonce le moment où les forces populaires de jadis devaient inaugurer l'avènement d'une aire de prospérité et de bonheur pour les masses laborieuses de tous les pays. Ce ne sont pas les masses prolétaires qui vont agir ici agir ici, mais Dieu lui-même et sans violence. Nul ne le sait encore, mais les acteurs de l'événement le pressentent. Dans le soir qui va tomber la première phrase de l'Evangile est en train d'être prononcée: c'est une invitation à qui veut l'entendre : "Viens et vois;" Où aller? Que voir?


C'est la dixième heure, 5 heures de l'après- midi, le five o'clock britannique, l'heure où tout s'arrête dans les pays civilisés pour faire la pause et se préparer à la soirée. Dieu profite de ce temps de pause. Deux hommes viennent de quitter Jean le baptiste qui a annoncé violemment la venue d'un temps nouveau à coup d'immersions et de paroles retentissantes. Il a pointé le doigt en direction d'un inconnu à qui il a attribué prophétiquement la vocation d'être l'agneau du sacrifice.

L'annonce de la paix avec Dieu et de la réconciliation éternelle avec le Tout Puissant est donc accompagnée par l' annonce prophétique d'une violence dont cet homme que personne ne connaît encore fera les frais. Il porte en lui la paix de Dieu, il est revêtu de "l'aura" du Messie, mais pour que cela se produise, il faudra que toutes les violences contenues, toutes les agressivités rentrées, tous les péchés ignorés se concentrent contre lui afin que par sa mort, il exorcise à tout jamais toutes les agressions commises contre Dieu et commises contre les hommes. C'est ce que nous rappelons à chaque culte quand nous vous annonçons l'absolution de vos péchés.

Avertis par Jean baptiste que l'espérance était devant eux, 2 hommes se mettent à suivre Jésus, et Jésus, sans qu'ils ne le sachent déjà, les a déjà pris en charge. Ils suivent Jésus, mais c'est Jésus qui les attire. Au contact de Jésus, c'est toujours ainsi que cela se passe, on le suit de son plein gré mais c'est cependant lui qui a provoqué notre mouvement à le suivre jusque dans son intimité. Le « chez moi » de Jésus devient leur chez eux, il les prend avec lui pour la nuit tant redoutée du désert jusqu'au lendemain où il décide de partir avec eux, chez eux vers Bethsaïda en Galilée.

Tout chrétien retrouve là sa propre histoire. Cet attrait irrésistible pour Jésus que l'on suit librement, cette sécurité qu'il nous prodigue dans notre nuit et cet itinéraire que l'on suit en sa compagnie jusque dans notre propre maison, dans nos occupations et dans notre travail , tout cela fait partie de l'histoire de chacun. Cette aventure de Jésus qui nous prend chez lui pour nous accompagner jusque chez nous est offerte à quiconque entend Jésus lui dire, comme aux deux hommes :" viens et vois."

Cette aventure ne se limite pas à notre confort spirituel ou matériel. Nous sommes provoqués dans notre être profond, car Jésus ne s'accommode ni de la passivité ni de l'ordre établi. Il nous entraîne avec lui alors qu'il nous accompagne chez nous, et c'est lui qui gère notre aventure, même s'il nous laisse libres de nos actions. "Viens et vois" dit-il aux deux hommes, nous apprendrons par la suite qu'ils sont André frère de Simon et peut être Jean dont l’Évangile porte le nom.

A peine se mettent-ils à partager la vie de Jésus, ou à peine Jésus a-t-il commencé à partager leur vie que la fébrilité les prend et ils se mettent à rassembler autour du maître les nouveaux venus. Ils sont comme eux venus au désert écouter Jean Baptiste, comme eux ils sont avides d'absolu et de nouveauté. A peine sont-ils en contact avec Jésus que quelque chose de nouveau se produit pour eux. C'est Simon dont Jésus change tout de suite le nom,:" tu t'appelleras Pierre", c'est Nathanaël oublié par l'histoire, qu’il projette au premier rang en révélant à tous sa droiture :"voici un juif dans lequel il n'y a pas de fraude. Rien n'échappe à Jésus. Il connaît la vérité de chacun, même si chacun fait des efforts pour la dissimuler. Par avance, au seuil d'une longue aventure avec Jésus, nous avons l'assurance qu'il nous connaît et que rien ne peut lui être caché. Même sous le figuier, n'avait-il pas repéré Nathanaël. N'a-t-il pas repéré toi qui es assis ici dans ce sanctuaire. Et à toi comme jadis il avait dit aux futurs apôtres: "Viens et vois".

A celui qui a envie de se lover dans la sérénité de Dieu, à celui qui a envie de la douceur d'une existence calme et sans histoire, à celui qui désespère et qui voudrait comme Nicodème refaire machine arrière et revenir dans le sein de sa mère, Jésus dit :" viens et vois". Décevant non? Deux verbes, d'action, deux invitations à faire quelque chose. La première peut paraître simple :
- Viens : c'est le verbe venir, il s'agit de se mettre en mouvement à la suite de Jésus qui prend la responsabilité de l'action où il nous entraîne. En toute sécurité, nous pouvons donc venir quand Jésus nous appelle, car il sait où il nous entraîne et nous pouvons avoir confiance, car nous savons que ce sera bon pour nous.
- Vois: du verbe voir. Ce verbe pose d'autres problèmes, car on ne voit pas d'une manière neutre, et personne ne peut voir pour nous. L'image que reçoivent nos yeux laisse une empreinte sur notre rétine et nous devons l'interpréter. Nous voyons non seulement avec nos yeux mais avec nos facultés d'interprétation, c'est à dire notre intelligence. C’est dans la manière dont nous interprétons l’image que se crée une émotion en nous. Cette émotion provoque notre action ou notre réaction.

Elle mobilise notre conscience et notre intelligence sans que personne d'autre que nous en prenne la décision ou l'initiative. En face de ce que nous voyons nous réagissons en fonction de notre sensibilité. Par le fait que Jésus nous invite à voir, il nous rend responsables des actions que nous décidons, ou ne décidons pas de faire.

Chaque jour, nous voyons tant de choses qui ne vont pas, qui ne correspondent pas avec ce que nous savons du désir de Dieu. Il y a tant d'images choquantes et violentes que nous ne savons pas où donner de l'action. Chaque dimanche les prières d’intercession dites au cours de nos cultes font état de ces images choquantes. Au lieu de nous apaiser, elles nous culpabilisent à cause de la médiocrité décourageantes des réponses que nous donnons ou à cause de la passivité affligeante de nos inactions. Ce qui se voit et notre impuissance à y remédier provoque en nous-mêmes des insatisfactions telles que nous les retournons contre Dieu lui-même : "si Dieu existait, il n'y aurait pas tant de violence " ! Voila, c’est dit.

Mais, ce n'est pas Dieu qui crée la violence, il ne la veut pas et la subit avec nous. C'est ce que signifie l’Évangile quand il nous dit qu'en mourant, Jésus accepte de drainer en lui toutes les violences pour nous permettre de les dépasser, aussi bien les violences qui sont en nous que celles des autres ou celles du monde.

En les assumant, Jésus  n'a pas d'autre but que de nous le faire voir le monde  comme Dieu voudrait que nous le voyons. Quand nous aurons vu, nous comprendrons que la construction de ce monde idéal est possible pour celui qui croit. Nous ne devons plus rester dans l’aridité du désert sans espérance, où nous nous complaisons parfois pour nous engager résolument dans sa transformation radicale, même si les paroles humaines de ceux qui nous entourent nous disent que c’est impossible.

mercredi 14 décembre 2011

Ephésiens 3:2-6


Chétiens et Païens: dimanche 8 janvier 2012

1 A cause de cela, moi, Paul, le prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les non-Juifs... 2 si du moins vous avez entendu parler de l'intendance de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour vous. 3 C'est par révélation que le mystère a été porté à ma connaissance, comme je viens de l'écrire en quelques mots. 4 En lisant cela, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ. 5 Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes : 6 à savoir que les non-Juifs ont un même héritage, sont un même corps et participent à la même promesse, en Jésus-Christ, par la bonne nouvelle 7 dont je suis devenu ministre, selon le don de la grâce de Dieu qui m'a été accordée par l'opération de sa puissance.

Si j’en crois l’apôtre Paul, païens et chrétiens, juifs et non juifs, croyants et incroyants ont une commune vocation qui leur vient de Dieu. L’Evangile de Jésus Christ les inscrit tous dans une même promesse. Mais est-il aussi facile de faire des distinctions significatives entre croyants et non croyants, chrétiens et païens. Le monde de pensée de nos contemporains est beaucoup plus confus que dans l’antiquité. Les uns se disent croyants, voire même pratiquants, mais quand ils formulent les caractéristiques de leur foi on n’y retrouve pas forcément la marque de l’espérance que Jésus Christ a voulu pour tous les hommes. Par contre cette espérance est parfois présente dans les propos de ceux qui se disent athées ou sans religion. Comment s’y retrouver ?

On est sans doute en droit de se demander où est la différence entre le monde des chrétiens et celui des païens sans être sûr d’y arriver. Les Chrétiens croient qu’ils trouvent en Jésus Christ le fondement de leur foi et de leur espérance ! Mais que de propos désabusés dans leurs rangs. Pourtant, si en théorie on repère assez bien les Chrétiens, les Païens sont plus difficiles à définir. Il y a bien sûr ceux qui se réclament d’une autre foi ou d’une autre spiritualité que la nôtre et qui s’appuient sur des révélations différentes. Sont-ils pour autant à classer parmi les païens ? En tous cas ils s’en défendent.

Il y a ceux qui disent croire en quelque chose, c’est une formule qui aujourd’hui fait tendance, sans savoir vraiment à quoi ils se réfèrent, mais ils se défendent de toute pratique religieuse. Sont-ils à classer parmi les païens ? Il y a aussi des gens qui se disent chrétiens et convaincus du salut en Jésus Christ mais qui mettent leur espérance dans leur fortune, dans leur parti politique, dans la technique, le savoir ou les sciences. Sont-ils encore chrétiens ou déjà païens ? Mais l’apôtre nous dit que tous sont les destinataires d’une même promesse.

Sans doute, ce n’est pas en raisonnant ainsi que nous découvrirons quelle est la bonne nouvelle pour le monde des païens sans vraiment savoir ce qui les caractérise. La bonne nouvelle qui les concerne, nous concerne aussi et dépasse tous les clivages que nous pourrions inventer. Cette bonne nouvelle nous la découvrirons dans le fondement de notre foi. Ce qui est fondamental pour nous et ce qui est porteur d’espérance doit l’être également pour tous les hommes. C’est donc dans cette direction que nous allons essayer de chercher.

En cette période de l’année, il est d’usage de formuler des vœux à l’intention des autres. Le vœu que tout le monde formule et sur lequel on insiste lourdement c’est celui de la bonne santé. Mais il me semble que ce souhait qui revient d’une manière récurrente cache une angoisse. Cette angoisse n’est pas seulement liée à la santé, elle est liée à l’espérance, ou plutôt au manque d’espérance que nous avons dans la vie. Nos contemporains, aujourd’hui, plus que jamais sont angoissés face à l’avenir et à la mort car ils ne savent pas ce qu’il y a derrière, ils ne savent plus ce que contient l’espérance chrétienne et faute de dire leur peur, ils la conjurent en imaginant qu’ils peuvent en faire reculer l’échéance en se maintenant en bonne santé.

Que les hommes soient inquiets, ce n’est pas nouveau. Cela semble même faire partie du fondement de la société humaine. Depuis que les hommes ont cherché à s’exprimer en décorant les murs de leurs cavernes, et en signant leurs œuvres de l’empreinte de leurs mains ils ont exprimés disent les spécialistes leurs angoisses métaphysiques. La relation avec les divinités les plus primitives est toute imprégnée d’angoisse. Depuis toujours le monde des humains a été habité par des divinités dont il fallait conjurer les sentiments hostiles pour vivre en bonne harmonie avec elles. Pourtant toute une partie du message biblique a contredit ces affirmations. Jésus a enseigné le contraire, et nous y reviendrons tout à l’heure. Mais l’enseignement de l’Eglise a été différent. La peur du jugement a hanté le haut Moyen Age, les Réformateurs n’ont pas levé l’angoisse, ils ont simplement déplacé le problème en insistant sur le poids du péché qui a éclipsé les promesses de la grâce. L’inquisition en a rajouté une couche en promettant l’enfer aux hérétiques, aux infidèles ou aux incroyants dont ils recevaient un avant goût dans les bûchers érigés à leur intention.

Pour conjurer les angoisses les hommes ont alors répondu par la rigidité de la morale, ou par des pratiques religieuses qui devenaient contraignantes sous prétextes d’être libératrices. Certes Jésus n’avait pas voulu cela, il était présenté comme un libérateur des angoisses, mais les hommes ont continué à cultiver la crainte comme par atavisme.

Le monde où nous vivons ne s’est pas forcément appuyé sur son enseignement. Pour exorciser ses peurs il a chassé Dieu de son univers mais la peur est restée. Nous continuons à nous donner l’illusion de croire que la science et la technique vont permettre de surmonter tous les obstacles mais force nous est donnée de constater que l’homme ne maîtrise pas l’avenir. Il s’affirme comme un technicien prodigieux, mais il ne maîtrise pas l’avenir. Cela ne rassure personne. Il se trouve impuissant devant des virus dont il ne sait pas contrôler les mutations. Il visite les astres lointains mais il est incapable de vérifier s’il ne les contamine pas par ses propres bactéries. Pour maintenir un confort chèrement acquis il compromet l’avenir de la planète si bien que l’humanité a toujours peur.

Si les dieux, qui n’en faisaient qu’à leur guise ont été remplacés aux commandes du monde par les hommes rien de pourtant fondamental n’a vraiment changé. Et pourtant tout doit changer affirmait Jésus.

Si vous ne changez pas disait-il à ceux qui étaient à ses côtés vous mourrez tous. C’est par ces mots qu’il commentait un événement de la vie quotidienne. Une tour venait de s’effondrer tel le toit d’un supermarché surchargé de neige. Malgré ses propos provoquants son discours était plein d’espérance parce qu’il était lié à la nécessité d’un changement profond dans la vie intérieure des hommes. Ce changement était l’œuvre de Dieu, ce même Dieu dont l’Ecriture rendait témoignage mais que les hommes méconnaissaient et continuent sans doute à méconnaître.

Il parlait d’un Dieu qui venait vers les hommes et qu’il reconnaissait comme son Père. Il prétendait qu’il donnait du sens à ce monde, malgré les apparences. Jésus faisait ainsi une relecture des Ecritures et grâce à elle il constatait que depuis Moïse, et même avant lui Dieu était venu vers les hommes comme celui qui habite les forces de vie du monde. Il soufflait sur les humains un esprit qui leur donnait de l’énergie. Dieu se servait du génie de chacun pour donner du sens à ses projets. Si Moïse n’avait pas été habité par ce souffle, si son peuple ne l’avait pas reçu comme porteur d’une grâce venue de Dieu, les Hébreux seraient encore tous en Egypte en train de casser des cailloux ou de faire des briques. Dieu vient ainsi donner de l’espérance à des hommes sur qui il envoie son esprit pour la réaliser !.

A la suite de Jésus, l’Evangile affirme que tous les hommes ont la possibilité de se placer sous le souffle de Dieu pour qu’il les habite et les transforme. Païens et incroyants, fidèles et pêcheurs, Dieu leur permet de se laisser porter par lui pour donner du sens à l’avenir qu’il veut que nous construisions avec lui. Nous reconnaissons l’esprit de Dieu dans la puissance de vie qu’il communique à tous. Jésus nous enseigne à le repérer dans les valeurs d’amour qu’il met en nous

Si vous croyez que l’esprit de Dieu vous remplit d’éternité sans que la mort ne vous atteigne, si vous croyez que Dieu vient habiter les projets de tous ceux qui se sentent responsables, si vous croyez que Jésus a balisé le chemin de l’espérance en défiant la mort , alors, vous cesserez de regarder votre propre vie avec inquiétude, vous cesserez d’avoir peur pour l’avenir du monde et vous goûterez de la résurrection avant même que la mort ne vous touche de son aile.

Cette espérance, offerte à tous vous est donnée, mais elle doit se construire jour après jour. On ne peut la vivre vraiment qu’en partageant l’intimité de Dieu dans la prière et l’écoute de la parole, mais ça, c’est un autre chapitre.


Les illustrations sont de Hélène Serre pour les épîtres de Paul

jeudi 8 décembre 2011

Luc 2:16-21

Naissance de Jésus: Dimanche 1 janvier 2012

Luc 2 :16-21 15 Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons donc jusqu'à Bethléem : il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » 16 Ils se dépêchèrent d'y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. 17 Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l'ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant. 18 Tous ceux qui entendirent les bergers furent étonnés de ce qu'ils leur disaient. 19 Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et y réfléchissait profondément. 20 Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, car tout s'était passé comme l'ange le leur avait annoncé. 21 Le huitième jour après la naissance, le moment vint de circoncire l'enfant ; on lui donna le nom de Jésus, nom que l'ange avait indiqué avant que sa mère devienne enceinte.

Voici qu’une nouvelle année s’ouvre devant nous et nul ne sait ce qu’elle sera. Mais nous pouvons déjà dire qu’elle sera telle que nous l’avons préparée avec l’œuvre du hasard en plus. L’année qui s’ouvre portera en elle toutes les promesses que nous avons reçues dimanche dernier le jour de Noël. A Noël, nous avons proclamé, que Dieu avait fait irruption dans la société des hommes pour les accompagner sur le chemin de leur histoire. Une fois encore nous nous sommes réjouis du fait que Dieu n’habitait pas au ciel, qu’il n’était pas dans un au-delà lointain et inaccessible, mais qu’il était présent dans l’intimité quotidienne de chaque individu. Ainsi il bousculait chacun de nous dans sa vie ordinaire pour vivre avec lui une intimité parfois déroutante par laquelle il invitait chacun à prendre sa part dans la construction d’une société plus juste.

Dieu engageait les hommes à édifier sur terre les prémices de ce Royaume que Jésus était venu annoncer. Nous avons tous entendu cet appel, nous en avons été émus et nous allons nous efforcer d’y répondre, si bien que l’année s’ouvre sous de bons auspices. Nous pouvons donc nous souhaiter à tous et à toutes une bonne année.

En fait, avons-nous vraiment été sensibles à tout ce que je viens d’évoquer ? Comment nous situons-nous par rapport à ce qui vient d’être dit ? Nous avons plutôt été sensibles aux sirènes alarmistes annonçant une année de crise et d’immobilisme ? Une fois encore, pour étouffer les mauvaises nouvelles qui nous viennent de la société des hommes, nous avons plus tôt préférés nous occuper de l’aspect festif de Noël. C’est sans doute le souci des cadeaux à offrir qui a pris le dessus sur le souci de l’annonce de la « bonne nouvelle » de la venue de Dieu dans la société des hommes. Si nous sommes allés au Temple ou à l’Eglise ce jour là ce sont les chants de Noël qui nous ont sans doute attendris, plus que le sermon qui, à n’en pas douter, était peut-être plus culpabilisant que réconfortant.

Il y a un décalage entre le sens premier de Noël et la fête telle que nous la célébrons. Les prédicateurs le déplorent, mais n’y peuvent rien. Nous en avons fait une fête qui correspond davantage à nos souhaits qu’à ce que les évangélistes voudraient que nous comprenions. On a cultivé l’illusion que l’enfant-dieu descendu du ciel allait tout changer dans le monde. Et puisque ça ne se réalise pas, on a accolé à l’enfant Jésus un compagnon rondouillard qui est sensé accomplir tous les vœux que Dieu lui-même n’a jamais exhaussés. Ainsi corrigé par la légende, Noël devient accessible aux enfants de moins de 7 ans qui y croient encore. Pour les autres, ceux qui ont de 7 à 77 ans, c’est une autre histoire.

Aurait-on pu éviter ce dérapage ? Non seulement il n’était pas prévisible, mais les récits de Noël que nous lisons dans les Evangiles semblent avoir soigneusement été écrits pour éviter que ce cafouillage ne se produise.

Il ne vous a pas échappé, que le plus ancien des Evangiles, celui de Marc ne parle pas de la naissance de Jésus, celui de Jean, le plus récent, non plus. Quant à Matthieu et à Luc, ils ont raconté l’un et l’autre deux événements totalement différents concernant la naissance de Jésus. On a pris l’habitude de les harmoniser si bien qu’on ne sait plus très bien ce qui appartient à l’un ou à l’autre. A Luc appartient le récit de l’annonciation, de la visitation, des bergers, de l’enfant déposé dans la crèche. Pas de bœuf ni d’âne qui sont des ajouts très tardifs qui n’appartiennent pas à nos Evangiles. A Matthieu appartient le récit des Mages, le massacre des innocents, la fuite en Egypte. Pas de bergers, pas de crèche, pas d’anges dans nos campagnes.

Pourquoi raconter deux histoires qui n’ont rien de commun l’une avec l’autre ? Laquelle nous dit la vérité ? Sans doute est-il plus simple de penser qu’elles disent toutes les deux la vérité, mais que cette vérité n’est pas historique, elle est allégorique. Elles n’ont pas forcément été écrites pour que les grand-mères puissent émerveiller leurs petits enfants en les leur racontant. Elles contiennent une vérité théologique dont nous allons essayer de rendre compte.

En fait dès les tout débuts de l’Eglise, certains courants religieux avaient eu tendance à faire de Jésus un être céleste, un super archange qui n’avait d’humain que l’apparence. Selon cette tradition, il n’aurait pas souffert de la passion et ne serait pas vraiment mort. Il était urgent de rétablir la vérité sur l’humanité de Jésus. C’est ce à quoi se sont attachés les auteurs de l’Evangile de Luc.

La prétention royale de Jésus était-elle une légende ? Jésus était-il le Messie d’Israël issu de la ligné de David ? Il avait été ignoré par les juifs mais reconnu par les païens. Ce sont ces mêmes païens qui constituaient le noyau dur des Eglises dressées en terre païennes. Il n’est donc pas étonnant que l’Evangile Matthieu, rédigé sans doute en Asie Mineure se soit efforcé de rendre compte de cet héritage messianique de Jésus en racontant les récits de l’enfance tels qu’il les rapporte.

C’est l’Evangile de Luc qui nous interpelle ce matin. Il nous invite à la rencontre de Marie. Il en a fait l’héroïne de son récit de l’enfance, afin de nous rappeler que Jésus était bien un homme né d’une femme. Si les anges descendent du ciel au moment de sa naissance, ils se tiennent à distance et ne jouent aucun rôle dans le récit. Par contre, c’est le petit peuple des bergers qui vient à lui. Ce sont eux, les bergers et eux seulement qui forcent les portes de l’étable pour saluer l’enfant couché dans la mangeoire. L’événement ne raconte rien autre qu’une simple naissance en milieu populaire. Quant aux légions d’anges dont on a parlé, elles sont juste mentionnées, pour dire que Dieu est quand même concerné par cette histoire, mais son rôle sera pour plus tard.

En attendant, c’est une femme, dont les théologiens feront une image de l’Eglise qui remplit le premier rôle. Elle ne prononce pas un mot, mais elle a pris l’enfant en charge. Elle aura pour tâche de le faire grandir sans comprendre vraiment la portée de sa mission. Elle l’aimera de tout son cœur de mère et elle souffrira à cause de lui parce qu’elle ne comprendra pas pourquoi il la rejettera quand elle essayera d’intervenir dans sa vie pour le guider sur le chemin des hommes. « Il faut que je m’occupe des affaires de mon Père » dira-t-il à sa mère inquiète pour justifier une fugue d’enfance auprès des docteurs de la Loi. « Qui est ma mère ? » lui sera-t-il dit une autre fois alors qu’elle cherchait à le rencontrer pour trouver de la cohérence à son comportement inexplicable pour elle.

Pourtant Jésus ne rejettera personne, et surtout pas sa mère, mais il devait la remettre dans son rôle quand elle cherchait à lui dire ce qu’il devait faire. Ces paroles sont d’ailleurs adressées plus à l’Eglise naissante qu’à Marie elle-même. Fils d’homme au milieu des hommes, Jésus ne se laisse pas écarter de sa vocation, ni par sa mère, ni par son Eglise. Cette Eglise dont nous sommes, aurait tendance à chercher à enfermer Jésus dans le ciel où elle voudrait qu’il s’occupe de la survie des âmes et de leur résurrection.

Quant à nous les hommes nous nous attribuerions volontiers la tâche de gérer les choses à sa place, avec notre sagesse d’humains, comme Marie était tentée de le faire. Nous aimerions décider de ce qui est bon ou de ce qui est mauvais en contrôlant la vraie foi et en pourchassant les hérésies. L’Eglise s’est adonnée à cet exercice pendant de longs siècles au grand damne de l’Evangile et les hommes ont toujours du mal à comprendre qu’ils ne peuvent rien faire si Jésus n’est pas journellement présent à leurs côtés.

L’Evangile de l’enfance, tel que Luc nous le rapporte nous rappelle que Jésus ne veut pas quitter la terre et la société des hommes. Il tient à les éclairer par son esprit qu’il envoie sur eux pour les aider à corriger leurs initiatives malvenues au risque de leur faire de la peine quand ils se trompent en suivant leurs intuitions sans chercher à écouter ce que Dieu en pense.

L’Evangile de Noël n’est donc pas une belle histoire pour faire rêver les enfants, mais c’est une interpellation qui nous est adressée afin que le corps vivant du Christ, l’Eglise, se comporte conformément à ce que Jésus attend d’elle.






Illustrations : He Qi

jeudi 1 décembre 2011

Jean 1:1-18


NOEL : Dimanche 25 décembre 2011 Revue et modifiée pour le 25 décembre 2015  

Évangile de Jean 1 :1-18 1Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà ; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. 2 Il était donc avec Dieu au commencement. 3 Dieu a fait toutes choses par lui ; rien n'a été fait sans lui ; 4 ce qui a été fait avait la vie en lui. Cette vie était la lumière des hommes. 5 La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue. 6 Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 8 Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes.

10 Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueilli. 12Cependant, certains l'ont reçu et ont cru en lui ; il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. 13 Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.

14 Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage ; il s'est écrié : « C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 16 Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l'autre. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître.




Nous ne pouvons pas vivre un événement quel qu’il soit sans nous poser des questions à son sujet, c’est pourquoi nous nous interrogeons sur les contradictions qui nous habitent à propos de la fête de Noël. Tout nous invite à nous réjouir et au fond de nous-mêmes nous contestons le bien fondé de cette fête. Nous nous attristons parce que le religieux a fui cette manifestation et que la religiosité à pris sa place. Nous considérons que les lumières qui éclairent nos rues et nos magasins ne sont pas de la même nature que celles de l’étoile qui a guidé les mages vers Bethléem. Nous nous interrogeons même sur la réalité de cette étoile dont les savants modernes contestent l’existence. Nos doutes accompagnent les mages et nous ne sommes pas sûrs de tout ce que l’on a écrit ou dit à leur sujet. En même temps, nous nous réjouissons aussi de voir les gens heureux et les enfants s’émerveiller.

Plaçons donc toutes nos interrogations sous le regard de Dieu qui vient à notre rencontre en ce jour de fête. Il détourne notre attention de ce qui se voit. Il nous invite à nous intéresser à autre chose qu’à ce qui frappe nos regards et notre sensibilité. Il nous demande d’écouter. Il s’agit d’écouter ce qui résonne au fond de chacun de nous, car il se peut que ce soit une parole qui vienne de lui.

Cette Parole ne s’entend pas vraiment, mais provoque comme une sorte de vibration en nous. Cette impression d’une présence d'une réalité qui leur soi extérieure s’est très vite imposée aux humains. Dès que les premières communautés d'hommes de Cromagnon se sont constituées,  elles se sont tournées vers l'au-delà. Sans dire qu'elles se sont mises à croire en Dieu, on pense cependant qu'elles ont vénéré des forces qui les dépassaient. Il semblerait bien que ce phénomène était lié à la parole.

En effet, l’humanité a commencé à exister en tant que société primitive quand les hommes se sont mis à échanger des paroles entre eux. C’est alors que la harde  a commencé à se constituer en groupes humains distincts. Les êtres qui la composaient se sont alors habillés, ils ont construit des abris.  En   même temps que cela se produisait,  le  sentiment de la présence  de quelque chose qui les dépassait s’est imposé à eux. Dieu, sans même que ces premiers hommes le sachent,  s’était déjà approché d’eux. C'est en tout cas de cette manière que l'on pu a interpréter les traces  que l'on a retrouvées  dans leurs sépultures ainsi que sur les peintures dont ils ont orné les murs de leurs cavernes. Dieu avait déjà pris place parmi les hommes dès qu’ils ont constitué leurs premières sociétés et qu’ils ont échangé leurs premières paroles. Dès lors Dieu et hommes feront cause commune. Cette interprétation est voué à la critique, mais pourquoi ne pas l'envisager?

Dieu était déjà présent au milieu de l’humanité dès ses premiers balbutiements. Mais de quel Dieu s’agissait-il? Certainement, nous ne le reconnaîtrions pas, il se confondait avec les esprits de la terre, le tonnerre ou le feu, mais peu importe, il était déjà présent dans une humanité qui se cherchait.

Il est curieux de constater que le récit de Noël nous parle aussi d’une humanité qui se cherche. Elle nous raconte l’histoire de mages cherchant un roi en suivant le chemin des étoiles. L’homme moderne cherche aussi sa voie dans le bouleversement que lui impose le tumulte des nations. Il cherche vainement quelques fragments de spiritualité dans les échanges commerciaux, et comme il n’en trouve pas, il a l’impression que Dieu l’a abandonné. Comme les mages, nous cherchons aussi. Ils cherchaient un roi, et ils ne trouvèrent qu’un enfant et dans cet enfant la tradition se plait à reconnaître Dieu. Et nous qui allons-nous trouver ?

Que nos chercheurs modernes soient attentifs, le Dieu qu’ils cherchent les surprendra quand ils le trouveront. Dieu se laissera trouver, à coup sûr, car l’homme et Dieu ont une histoire commune puisqu’ils cheminent ensemble depuis les origines. La découverte de Dieu s’accompagne toujours d’une parole. Elle pousse toujours celui qui l’entend à aller plus loin.

On se souvient qu’Abraham entendit une voix qui l’enjoignit à partir, à quitter ses parents et son pays. Il partit et découvrit un avenir que Dieu devait construire avec lui. Moïse quant à lui, entendit la voix de « Celui qui est, qui était et qui vient ». Il lui parla d’une marche à travers le désert et d’un peuple qu’il devait guider vers la liberté. Les Mages à leur tour s’entendent dire, après avoir trouvé ce qu’ils cherchaient, qu’ils devaient repartir par un autre chemin. La parole en qui nous reconnaissons Dieu est toujours accompagnée d’une marche et d’un itinéraire à suivre.

C’est quand il comprend qu’il doit se mettre en mouvement que l’homme découvre que le Dieu qu’il cherche ne l’arrêtera pas dans sa course, mais le poussera en avant. L’humanité doit toujours partir à l’aventure et Dieu l’accompagnera toujours car c’est dans le mouvement que Dieu donne du sens à la vie.

Notre manière de célébrer Noël au vingt et unième siècle ne semble pas, quant à elle, nous orienter vers un lieu précis. Tout va dans tous les sens. Ceux qui nous aident à penser nous poussent  sur des chemins qui nous portent à la plus haute spiritualité  empruntée aux sages des différentes religions en même temps que nos penchants naturels nous invitent  à la plus grande prodigalité. C’est cela qui désoriente nos contemporains car ils participent aux deux mouvements à la fois. Comme personne dans leur entourage ne donne la même valeur aux choses, ils n’ont pas l’impression que tout cela ait du sens. Ils ont même le sentiment qu’ils trahissent Dieu en ne faisant pas ce qu’il faudrait faire. Mais que faudrait-il faire, pour entendre cette parole et faire ce qu’elle dit ?

Dieu n’a jamais demandé aux hommes de faire l’impossible. Il ne leur demande pas de se culpabiliser au point de se désespérer. C’est tout le contraire que répercute la Parole qui nous vient de Dieu au travers des Ecritures. Elle parle d’espérance et  annonce un  sauveur. Elle nous fait croiser le chemin de bergers qui accordent leurs voix aux chorales célestes. Nous  découvrons des savants qui découvrent dans les étoiles le bon chemin que doivent suivre les peuples. Les paroles venues de l’Écriture nous disent que Dieu est là à portée de voix et qu'il s'offre à nous guider vers un avenir heureux si nous en faisons le choix.

La voix de Dieu reste toujours fidèle à ce qui a été dit depuis bien longtemps.  Dieu ne se contredit pas. Il s’adresse à ce qu’il y a de meilleur en nous-mêmes, car c’est là qu’il a décidé de nous piquer au vif. Le meilleur de nous-mêmes, c’est cet esprit qui est en nous et qui nous invite à ne pas nous soucier de nous-mêmes, mais plutôt à consacrer nos forces  à travailler au mieux-être des autres  pour que leur vie soit plus belle. C’est ainsi qu’il nous faut chercher à écouter la voix de Dieu en nous, pour discerner les chemins de l’avenir.

Cette Parole s’adresse autant à nos émotions qu’à notre raison. Elle nous interpelle, mais elle ne prend pas pour nous les décisions. Si on l’écoute, elle deviendra une lumière pour éclairer les nations, elle éclairera tous les hommes et repoussera au loin les ténèbres qui obscurcissent leur vision de l’avenir. La balle est donc dans le camp des hommes. Il appartient aux nations de l’entendre et de mettre en pratique ce qu’elle leur dit.

La Bible a retenu cette leçon dans sa tradition millénaire. Elle a compris que la parole devient créatrice quand on pratique ce qu’elle suggère. Elle a placé dans ses premières pages l’histoire de la création. On y comprend que c’est la Parole de Dieu qui donne sa vocation à chaque élément de l’univers, et chaque élément de l’univers accepte la proposition qui lui est faite. Chaque élément du cosmos se met alors à se comporter comme il est prévu qu'il le fasse.  Pourquoi  l'homme agirait-il autrement? La question reste ouverte.

Pour que chacun découvre sa raison d’être sur cette terre, il faudra qu’il soit attentif à cette Parole qui lui vient de Dieu  et qui vise à s'imposer à lui comme une pulsion de vie bienfaisante qui orienterait son existence à chaque tournent de son histoire. C’est alors que les décisions qu’il prendra  agiront pour lui  comme un contrat de partenariat avec Dieu.