mardi 30 août 2011

Matthieu 21:28-32 - La Parabole des deux fils - dimanche 25 septembre 2011


La parabole des deux fils :

Mat. 21: 28-32 28 Qu'en pensez-vous ? Un homme avait deux fils ; il s'adressa au premier et dit : Mon enfant, va travailler dans la vigne aujourd'hui. 29 Celui-ci répondit : « Je ne veux pas. » Plus tard, il fut pris de remords, et il y alla.

30 L'homme s'adressa alors au second et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : « Bien sûr, maître. » Mais il n'y alla pas. 31 Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent : Le premier.

Jésus leur dit : Amen, je vous le dis, les collecteurs des taxes et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. 32 Car Jean est venu à vous par la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru. Ce sont les collecteurs des taxes et les prostituées qui l'ont cru, et vous qui avez vu cela, vous n'avez pas eu de remords par la suite : vous ne l'avez pas cru davantage.




La racaille n’a pas d’avenir dans notre société. Certains même souhaiteraient l’éliminer de manière définitive, pourtant si on la mettait en compétition avec nous dans nos rapports à Dieu, elle aurait largement une longueur d’avance. Telle pourrait être la conclusion de cette parabole en des termes plus modernes que ceux utilisés dans le texte biblique. Mais bien sûr, l’affection de Dieu ne relève pas d’une compétition entre les humains. Tous sont égaux à ses yeux et tous ont la même part à son affection.

Pourtant, ne soyons pas naïfs, nous ne pensons pas les choses de la sortes et nous nous considérons souvent en situation de rivalité face à Dieu. Certains s’estiment meilleurs ou plus méritants que les autres. C’est pour cela que Jésus a raconté cette parabole, et beaucoup tombent dans le piège en cherchant lequel des deux fils va devancer l’autre.

Nous tombons nous aussi dans ce même piège en imaginant, mais ce n’est pas dit dans le texte, qu’il pourrait y avoir un autre fils qui dirait oui, et qui irait dans la vigne. Certains même n’hésiteraient pas à dire que ce troisième fils vertueux, serait Jésus. Ceux qui pourraient penser cela seraient encore plus dans l’erreur, car aucun des enfants ne peut supplanter l’autre dans l’affection du Père, ni celui qui dit oui, et ne répond pas favorablement à la demande, ni celui qui dit non et qui revient sur sa réponse, ni le troisième bien sûr que j’ai sournoisement proposé à votre sagacité.

Vous avez bien évidemment remarqué que Jésus a posé la question, mais s’est prudemment gardé de donner son avis. Il n’a pas tranché et n’ a pas approuvé ceux qui croyaient avoir donné la bonne réponse en désignant le fils qui dit non, mais qui est quand même allé dans la vigne. Aucun des deux enfants n’est mis en compétition avec l’autre pour savoir lequel a fait la volonté du Père, car ce n’est certainement pas la volonté du Père de les distinguer l’un par rapport à l’autre.

Pour rester dans une logique humaine qui n’est pas celle de Jésus, on va essayer de développer les arguments de l’un et de l‘autre fils et voir si la position de chacun se justifie. On peut facilement imaginer que celui qui dit oui et qui n’y va pas est trop inhibé par l’autorité du Père pour lui résister ouvertement. Son comportement pourrait être guidé par la peur, mais réflexion faite, il se dit que les ouvriers sont payés pour faire le travail, que son absence ne se verra sans doute pas et qu’il n'a aucun intérêt à se fatiguer quand d’autres sont payés pour le faire alors que lui n’aura pas de salaire puisqu’il est fils du propriétaire. L’autre ne réagit pas de la même façon. Il n’a aucune envie d’aller se fatiguer sous la chaleur et il le dit, mais réflexion faite il découvre que c’est son intérêt d’aller travailler avec les ouvriers. Il pourra les surveiller et contrôler ce qu’ils font. La vigne sera donc mieux entretenue, plus féconde et elle n’aura que plus de valeur le jour où il en héritera.

Le rapport des deux hommes par rapport à la demande du Père est réglé par leur intérêt personnel. Chacun des deux peut justifier de son attitude par rapport à l’avantage qu’il peut retirer de la situation. Bien évidemment aucun des deux arguments n’effleurent l’esprit du Père qui ne règle pas son rapport avec ses fils de cette manière, c’est pourquoi Jésus ne reconnaît aucune bonne réponse.

Pourtant les interlocuteurs de Jésus discernent une bonne réponse dans l’attitude de celui qui a valorisé l’intérêt du Père parce que ce dernier pourra bénéficier du travail de celui qui a travaillé contre son gré. C’est parce qu’il sait que nous allons tirer cette conclusion et créer un lien entre l’attitude de l’un et l’intérêt qu’elle peut avoir, que Jésus nous entraîne à réfléchir sur notre relation à Dieu.

Combien aujourd’hui, ne règlent-ils pas leurs rapports avec Dieu en fonction de l’intérêt qu’ils y trouvent ? Compte tenu de l’évolution de la manière de penser, il est de bon ton de ne pas se soucier de nos rapports avec l’au-delà. « Tout le monde est bon et tout le monde est gentil, tout le monde ira au paradis » pensent les uns, ou alors, « ce monde est tellement mauvais qu’il ne peut pas avoir de suite dans l’au-delà » pensent les autres. Il n’est alors d’aucun intérêt de perdre son temps dans une pratique religieuse. On se déclare volontiers incroyant, non pas par conviction, mais plutôt à cause du fait qu’on ne trouve aucun intérêt à fréquenter Dieu.

Ceux par contre qui ont la foi essayent de démontrer par leurs propos qu’ils trouvent un intérêt réel dans leur pratique religieuse. Ils se sentent mieux en eux-mêmes, car la pratique d’une spiritualité libère l’esprit, et permet à l’âme de s’épanouir, ils se sentent alors motivés et sont plus efficaces dans leurs responsabilités.

Dans les deux cas les arguments n’ont que la valeur que l’on veut bien leur donner, autant dire qu’ils n’en n’ont aucune, car c’est l’intérêt que chacun éprouve dans sa réponse qui lui donne sa valeur. Ils sont athées parce qu’ils y trouvent un intérêt ou ils sont croyants pour les mêmes raisons. Aux regards de Jésus, ils sont tous dans le faux quelle que soir leur attitude.

La racaille a une position plus facile. Ceux qui appartiennent à cette catégorie sont des marginaux par rapport à la société. Dévalorisés par rapport à leurs actions, ne pratiquant aucune morale, n’étant soutenus par aucune philosophie, leur rapport à Dieu, s’ils en ont un, n’appelle ni ne réclame aucun intérêt. Leur relation à Dieu est d’une toute autre nature, c’est pour cela qu’ils ont une meilleure place face à Dieu que les fidèles et les incroyants qui justifient tous d’un intérêt quelconque.

Pour Jésus il ne doit y avoir aucun code qui règle notre relation à Dieu, c’est pourquoi il utilise l’image du Père pour désigner Dieu, car normalement aucune loi ne devrait gérer notre relation à notre père. On doit penser la relation à son père en d’autres termes que ceux de l’obligation et du devoir. C’est évidemment le mot amour qui se cache derrière tout cela. Mais Jésus préfère que nous le trouvions nous mêmes plutôt que de nous le souffler.

Notre relation à notre père est une relation naturelle qui ne se règle nullement en terme d’obligation ou d’intérêt, elle se règle en termes d’affection qui ne réclament aune règle ni aucun code de bonne conduite.

Evidemment dans notre société cela ne se passe pas comme cela. C’est même bien souvent très différent de ce que je viens de dire, c’est pour cela que la société a codifié d’une manière bien particulière les relations entre parents et enfants comme si on voulait quand même donner priorité à l’amour et à l’altruisme, même s’ils n’ont pas cours dans leurs relations. En tout cas, pour Jésus c’est le principe de l’amour qui doit l’emporter sur tout le reste, car ce sont les seuls rapports qui devraient exister entre Dieu et nous.

La présence de Dieu en nous ne se démontre pas, c’est un état de fait. Son existence n’appelle aucune obligation de notre part et nous ne devrions avoir aucune obligation vis-à-vis de lui, c’est pourquoi Jésus à tant insisté dans l’Evangile sur la gratuité du pardon. Voila des affirmations qui peuvent paraître choquantes et qui pourraient ressembler à une confession de foi d’athéisme. En fait cela implique tout le contraire. Cela implique la gratuité de notre relation à Dieu. Chaque individu se sent alors tout à fait libre par rapport à lui-même et par rapport à Dieu, si bien que chacun peut s’épanouir dans une libre relation avec Dieu.

Mais cette plénitude ne cache-t-elle pas un intérêt ? Ne nous donne-t-elle pas un avantage sur les autres, ne serait-ce que celui de la plénitude ? Par une telle question nous arrivons à la limite du raisonnement humain. Mais quand l’homme arrive à une telle limite dans son raisonnement, n’est-il pas déjà arrivé dans le domaine du divin ?

Ce qui me semble clair ici, c’est que Jésus nous invite à ne pas codifier notre relation à Dieu, car c’est avant tout pour notre épanouissement que Dieu s’approche de nous. Dépassons donc sans scrupule les limites de toute contrainte et laissons pleinement l’amour, sans restriction régler notre relation à Dieu, et tant mieux si ainsi nous approchons de la plénitude de notre être.

Les illustrations sont de Serge Mogese : "Vignerons en pays Chartrain"

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