lundi 16 mai 2011

Actes 2 :1-13 Pentecôte dimanche - 11 juin 2011





PENTECOTE Actes 2/1-13 La venue de l'Esprit saint
1  Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur chacun d'eux. 4 Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer.5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel habitaient Jérusalem. 6 Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7 Etonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? 9 Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, 10 de Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, 11 Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu ! 12 Tous étaient stupéfaits et perplexes ; ils se disaient les uns aux autres : Qu'est-ce que cela veut dire ? 13 Mais d'autres se moquaient en disant : Ils sont pleins de vin doux !




Au premier temps de l’Eglise, la grande menace qui planait sur les chrétiens était d’être pris pour des fantaisistes provocants, à l’image de ce que furent les hippies dans les années soixante dix qui préconisaient la paix universelle et l’abolition des règles contraignantes de la société. Ils réclamaient aussi l’amour libre et le non respect des règles religieuses.

La suite va justifier cette menace. Une seule phrase a suffi pour les caractériser : « ils sont pleins de vin doux » Cette phrase a été utilisée dans le Livre des Actes, vous venez de l’entendre, pour exprimer l’ impression que la première communauté chrétienne a laissée auprès des témoins de sa naissance. Elle fut perçue comme un mouvement contestataire de la société, de la morale, de la politique et de la religion qui a vite inquiété les autorités de cette époque. Sans doute ce récit résume-t-il l’impression de stupeur qui a accompagné ce mouvement.

Cette impression générale dépasse certainement le cadre simplificateur de la fête de Pentecôte dans lequel Luc a rapporté l’événement. Comme toujours le récit est réducteur, mais il donne une juste impression des conditions dans lesquelles la naissance de cette nouvelle religion a été accueillie.

Pentecôte, était une fête de pèlerinage traditionnel dans le judaïsme du 1 er siècle. Elle se déroulait, comme son nom l’indique 50 jours après Pâques. Elle drainait à Jérusalem des populations nombreuses. C’est au cours de cette fête populaire et religieuse, savamment organisée qu’est décrite la naissance de l’Eglise. Le christianisme devrait donc avoir la fête pour caractéristique, puisque c’est au cours d’une fête qu’on a pris acte de sa réalité. Si ça ne se remarque plus aujourd’hui, c’est que les choses sont à reprendre, car, le christianisme est bien décrit comme un mouvement qui jaillit au cours d’une fête populaire, j’y insiste.

Toute la symbolique de cette religion va se faire à partir des deux célébrations des fêtes juives de Pâques et de Pentecôte. Si vous vous en souvenez, Pâques est la fête de la Liberté, on y commémorait la libération de l’esclavage en Egypte. Pour les Chrétiens cette libération est devenue la libération de la mort. Elle commémore la sortie de la tombe de Jésus. Malgré la promesse que portait en elle la résurrection, les Chrétiens apeurés étaient restés cloîtrés chez eux dans la crainte de représailles à la suite de la condamnation à mort de leur maître. Ils savaient, bien sûr, que Jésus était vivant, mais ils ne savaient toujours pas ce que sa résurrection signifiait concrètement pour eux. Il leur faudra un long temps de maturation pour le comprendre et pour changer de position, et ce sera dans le cadre de la fête suivante, Pentecôte, que cela sera raconté, 50 jours plus tard.

Luc utilise tous les symboles de cette fête de Pentecôte pour dire ce qui se passe. Ce n’est pas forcément un récit purement historique, c’est plutôt un récit pédagogique. Le bruit, la fête, le feu, la glossolalie, la foule la joie, tout est rassemblé là pour dire l’indicible. Et pourtant la conclusion est stupéfiante : les premiers chrétiens sont perçus comme des excités enivrés.

Il a fallu une longue maturation dans le cœur des fidèles de Jésus pour que le Saint esprit fasse son travail. Pourtant, tout d’un coup comme un fruit qui se décroche de l’arbre à maturité, comme un feu tombant sur eux sans brûler personne, comme un coup de tonnerre dans un ciel d’azur, la vérité s’impose à eux. Quelle que soit la manière dont cela se manifeste en eux, quelle que soit la langue qu’ils utilisent pour le dire, la même vérité s’impose à eux. Mais de quelle vérité s’agit-il ? On nous en parle comme faisant partie des merveilles de Dieu propres à ravir les foules, mais de quelles merveilles s’agit-il ?

Ces merveilles, elles sont depuis cinquante jours à portée de leur intelligence, et ils ne comprennent toujours pas ce qui a changé ou ce qui doit changer. Il faut que le saint Esprit y mette vraiment du sien pour les amener à comprendre. Rassurez-vous donc si cela prend aussi du temps pour que vous aussi, vous y compreniez quelque chose, vous ne serez donc pas les seuls.

Pour en savoir plus, regardons d’un peu plus près ce texte. Le récit de l’événement ne couvre que 3 versets. C’est un peu bref si l’on songe à la portée qu’il va prendre par la suite ou si on imagine le nombre de volumes que l’on écrira à ce sujet. Luc consacrera encore 8 versets à décrire les foules concernées par le message. Il mentionne 14 peuples. A priori cette énumération des différentes nations ne nous apprend rien. Cette mention lui sert seulement a amplifier la portée de l’événement et à insister sur l’aspect merveilleux qu’il veut donner au récit. Le nombre de nations mentionnées correspond à celui des langues dans lesquelles l’esprit leur donnait de s’exprimer; et le lecteur de s’extasier, tant il est vrai qu’en matière biblique, on cherche toujours l’explication de l’événement rapporté, dans le miracle qui le concerne. Ce qui est la bonne méthode pour passer à côté la vérité du texte, car la vrai explication est ailleurs que dans le miracle.

Réflexion faite, on constatera que la plupart de ces peuples parlaient grec si bien que je ne pense pas que le prodige figure dans les langues. On a aussi cherché les symboles dans les chiffres exprimant leur nombre, 14 nations, cela faisait 2 fois 7, mais ça ne nous avance pas beaucoup. Il paraît plus vraisemblable qu’il s’agisse plutôt de l ‘énumération des peuples qui constituaient le monde civilisé de l’époque (à remarquer que les Gaulois, dont beaucoup parmi vous sont les descendants, n’y figuraient pas, la modestie nous oblige à constater que nous sommes des pièces rapportées venues de loin !)

Par contre, il nous est dit par 3 fois que ces foules entendent. Et qui dit entendre, dit aussi comprendre. Ils comprennent les merveilles de Dieu, car tel est le destin de l’Église naissante : parler des merveilles de Dieu aux nations. Et ça, ils ne l’avaient pas encore compris, tous maintenant, ont droit à connaître les merveilles de Dieu qui pour le moment sont perçues comme des délires d’ivrognes. Mais Jésus lui-même ne fut -il pas accusé d'ivrognerie? (Luc 7/34)

Quand il était parmi eux, Jésus s’était appliqué à dire qu’il fallait que tous se convertissent à la « bonne nouvelle » qu’il était venu apporter. Il expliquait que cela signifiait qu’ils devaient voir les choses autrement. C’est à Pâques qu’ils furent sensés avoir compris que la mort n’était pas la fin de toute chose, ils auraient du découvrir que Dieu bousculait les limites de la vie et que chacun devenait compagnon de Dieu jusqu’à la fin des temps sans autre condition que celle de croire. C’était ça la merveille qu’il fallait comprendre. Il n’y avait désormais plus aucune barrière humaine pour limiter l’espace réservé à Dieu, il n’y avait plus de convention sociale pour codifier nos relations avec lui. Il fallait désormais le vivre et le dire

Quand le pouvoir civil comprendra que ces propos sur Dieu bousculaient l’équilibre de la société et que la pax romana était compromise, il déclenchera des persécutions pour tenter d’éradiquer le ver qui était dans le fruit et qui désormais, y restera.

Ce ver, coïncide avec ce qu’on appelle « merveille de Dieu ». Cette merveille nous enseigne que Dieu n’est pas ce que les hommes disent de lui. Il ne se cache pas derrière des lois, fussent-elles celles de Moïse, mais il permet aux hommes de vivre en pleine liberté avec lui. Une nouvelle relation d’amour avec lui, dont aucune règle n’a été écrite à l’avance est possible. Dieu parle désormais au cœur des hommes et se fait entendre par eux. C’est cette découverte qui fait tant de bruit à Pentecôte dans le silence du cœur de chacun et qui les brûle du sentiment étrange que produit l’amour en plénitude.

Mais si chaque homme a la liberté d’écouter Dieu, il ne prend pas forcément le temps de l’entendre, car le Dieu qui s’offre aux hommes en toute liberté ne peut être reconnu par les hommes, que s’ils acceptent de l’entendre, et ça prend du temps.

Ce qu’il faut entendre, ou comprendre, c’est qu’il y a un code qui permet d’être en liberté avec Dieu. Le code de la liberté a pour clé le mot amour et le mot vie. Cela implique que l’amour sera toujours premier dans nos relations avec les autres. C’est alors que rien désormais ne s’opposera à ce que chacun ait une relation directe et personnelle avec Dieu. Même la mort n’y pourra plus rien.

Sont-ce là des propos d’ivrognes ou est-ce là l’expression ultime de la sagesse divine ?

Illustrations Sacramentaire Drogon Metz 845 voir http:www.artbible.net

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