dimanche 7 novembre 2010

Luc 24: 36-49 La résurrection - novembre 2010


Après avoir parcouru pendant de longues semaines l'Evangile de Luc, il m'a paru important d'achever cette série de sermons sur l'événement de la résurrection. Je vous propose ce sermon qui est une réflexion toute personnelle et qui achève cette série de sermons


Luc 24 36-49 la Résurrection
36Tandis qu'ils parlaient de la sorte, lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit : Que la paix soit avec vous. 37Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit. 38Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi ces raisonnements s'élèvent-ils dans vos cœurs ? 39Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi ; touchez-moi et voyez ; un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. 40Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. 41Comme, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore, et qu'ils étaient dans l'étonnement, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? 42Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. 43Il le prit et le mangea devant eux.
44Puis il leur dit : C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous ; il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. 45Alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Écritures. 46Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour 47et que la repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les nations à commencer par Jérusalem. 48Vous en êtes témoins. 49Et [voici] : j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis, mais vous, restez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut.

La résurrection fait irruption dans notre vie comme une réalité qui s’empare de tout notre être et qui change radicalement notre relation à tout ce qui nous entoure. Elle procède d’une expérience spirituelle qui modifie notre relation à tout ce qui existe autour de nous. Cette conviction s’impose à notre esprit par l’action du saint Esprit qui lui fait prendre lentement de la réalité au rythme de nos réflexions et de nos méditations. C’est ainsi que la foi en le résurrection réussit à prendre place en nous.
Elle est parfois le résultat d’une provocation plus intense du saint Esprit qui nous bouscule et s’impose à nous comme si les portes de notre âme avaient été forcées par Dieu qui insufflerait en nous une force de vie nouvelle et inconnue. Il n’est pas étonnant si ceux qui font ce type d’expérience n’arrivent pas à faire la différence entre ce qu’ils vivent au plus intime d’eux-mêmes et ce qui se passe à l’extérieur de leur conscience. Nous trouverons par trois fois dans le livre des Actes, le récit d’une telle expérience que fit Paul alors qu’il avait fait une chute de cheval en se rendant à Damas. D’autres tel John Wesley fondateur du méthodisme font état d’expériences analogues.
Ces remarques nous aideront à comprendre comment, deux jours après la mort de Jésus, ses apôtres, ses amis et bien entendu les femmes qui lui étaient fidèlement attachées ont tous fait des expériences semblables. Ils ont commencé par éprouver une émotion intense qui s’est emparée de tous leurs sens et qui les a entraînés au plus profond d’eux-mêmes vers une réalité inconnue dont ils auront après coup beaucoup de mal à rendre compte. Paul dans la deuxième épître aux Corinthiens (1) raconte l’histoire semblable d’un homme qui fut élevé auprès de Dieu. « Est-ce dans son corps dit-il ou est-ce hors de son corps, je ne sais ? » Pourtant la réalité selon laquelle Jésus est vraiment vivant s’impose à leurs réticences. C’est alors la certitude de la résurrection qui domine toute leur aventure. Ils savent désormais que Jésus a traversé le mur de la mort, qu’il est maintenant mystérieusement vivant, et qu’il s’offre à leur amitié.
Dès qu’ils reprennent pied dans la réalité, c’est avec angoisse qu’ils font état de leur expérience. Ils ont un double sentiment de crainte. Son premier aspect se manifeste en eux comme le sentiment de s’être aventuré, malgré eux, dans un domaine qui ne leur appartenait pas mais qui n’appartenait qu’à Dieu. Ensuite, ils éprouvèrent  de la crainte de ne pas être cru en racontant ce qu’ils avaient vécu. C’est ce que disent les Evangiles. Il faudra que plusieurs fassent cette expérience, à commencer par les femmes, pour que la croyance en la résurrection  commence à s’installer dans le groupe des intimes de Jésus.
Il serait présomptueux de vouloir approfondir l’événement et de chercher des explications pour savoir pourquoi ce même phénomène s’est produit avec une telle intensité à ce moment là chez la plupart des intimes de Jésus. Il nous suffit de savoir que le petit groupe des témoins qui n’étaient pas des illuminés, ni des déséquilibrés a acquis la certitude que Dieu leur  garantissait qu’au de-là de la mort, il y avait une promesse de vie. L’acquisition de cette certitude devenait possible à quiconque était provoqué dans sa vie intérieure par l’Esprit de Dieu qui est toujours à l’œuvre dans le monde de ceux qui croient. Cinq cent frères firent cette même expérience nous précise le Livre des Actes, et la liste n’est pas close, bien entendu, puisque nous continuons à la faire.
Prudemment, les apôtres ont-ils décidé de mettre un terme à ces expériences pour éviter qu’on en rajoute et que l’on dise n’importe quoi au risque d’exagération, c’est pourquoi ils ont insisté sur l’événement de l’Ascension qui mettait un terme aux apparitions. Mais ce type d’expérience ne s’est pas arrêté pour autant. On en a seulement changé le nom. Désormais, on parlera « de conversion », c’est à dire d’expériences intérieures au cours desquelles les uns et les autres  découvrirent la vérité des Ecritures concernant la résurrection.Bien évidemment ces dernières expériences sont généralement moins fortes que celles décrites dans les Evangiles, mais elles produisent quand même le même effet. Il s’agit toujours d’une certitude qui s’installe à l’intérieur de nous-mêmes. On ne peut la vérifier par aucune expérience mais notre cerveau tient désormais pour acquis que la résurrection est un don de Dieu auquel on ne peut accéder que par la foi.
Les Evangiles relatent toutes sortes de récits concernant les apparitions du ressuscité. Ils ont pour particularité de provoquer l’incrédulité de ceux à qui ces événements sont relatés. Ils provoquent le doute chez de nombreux lecteurs contemporains, c’est pourquoi j’ai pris soin de dire que les manifestations du saint Esprit étaient toujours en vigueur et  qu’elles sont encore aujourd’hui les instruments par lesquels la foi se propage. Avant de faire une exégèse critique de ces textes, nous devons commencer par les aborder avec attention et respect, car ceux qui nous les ont transmis l’ont fait pour stimuler notre foi et nous aider à avancer sur le chemin de la connaissance de Dieu.
Le récit des expériences des premiers témoins de la résurrection ont été fixés par écrit au moins 30 ans après l’événement qu’ils relatent. Ils sont le produit d’une longue tradition que la première Eglise a mûrie jusqu’à ce qu’ils soient couchés par écrit par les auteurs des Evangiles. Ils ont rapporté ce qui a été vécu par d’autres qu’eux-mêmes et ils n’ont pas été témoins de ce qu’ils rapportent. Ils n’ont donc pas cherché à faire la différence entre les expériences intérieures des témoins et ce qu’ils ont réellement vécu. Ils ont simplement voulu, à partir de ces récits dire comment le Christ vivant s’était emparé de leur âme. Il leur était donc  impossible de faire la part des choses et ils n’ont pas cherché à le faire.
Les narrateurs ont sans doute rajouté des détails pour donner plus de vérité à leur récit. En agissant ainsi, ils ont peut être desservi la vérité. C’est sans doute le cas du texte qui nous intéresse aujourd’hui. Il nous est dit que Jésus s’était mis à manger du poisson grillé. Or le récit se passe à Jérusalem qui est loin du lac. Le poisson s’il y en avait devait être séché. Pour être frit, il fallait qu’il soit frais, opération sans doute impossible matériellement. Si nous considérons que c’est Luc qui est le narrateur et que Luc n’est jamais venu en Palestine, on comprendra aisément qu’il n’ait pas su localiser les lieux et qu’il croyait qu’à Jérusalem comme à Capharnaüm, il y avait à disposition du poisson frais.
Luc, en précisant ainsi la situation à cherché à répondre à la question selon laquelle Jésus n’était pas un fantôme. Mais en voulant trop bien faire, il a tout compliqué (2)
en suggérant que Jésus a mangé un aliment qui ne devait pas se trouver à Jérusalem.
La foi en la résurrection des premiers croyants ne nous a pas été  rapporté par les Evangiles pour provoquer notre émerveillement, mais pour accompagner notre réflexion sur le sens de la vie. Ils ont découvert 
par les expériences sur la résurrection qu’ils venaient de faire, que le projet de Dieu était de nous entraîner à considérer la vie comme une réalité à laquelle Dieu donnait une priorité absolue. Il nous invitait à lui donner la même priorité dans tous nos comportements.
Dieu nous mobilise pour que nous devenions ses agents au service de la vie. En nous faisant partager cette expérience il nous stimule pour que nous donnions priorité dans notre existence à tout ce qui donne de la valeur à l’existence humaine. C’est pour cela que Jésus a fait un si long enseignement sur l’amour du prochain, car l’amour est le seul moyen par lequel la vie prend priorité dans nos actions. C’est en aimant le prochain que celui-ci recharge sa vie en espérance. L’amour est sans limite nous dit l’Ecriture, c’est pourquoi il doit s’étendre jusqu’aux frontières de l’impossible. L’impossible allait pour Jésus jusqu’à prendre le visage de l’ennemi : « aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous persécutent »
Mais comment peut-on avoir des ennemis quand on est tout entier habité par l’amour de Jésus ? Désormais, ce n’est plus nous qui agissons mais le Christ porteur de vie qui est en nous !


1 : (2 Corinthiens 12 :2-3)
2 :J’ai déjà développé ce thème de Jésus ressuscité mangeant du poisson sur ce blog pour le 26 avril 2009 : Qui est responsable du désordre dans le monde ?

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