lundi 4 octobre 2010

Luc 18:9-14 le Pharisien et le péager Dimanche 24 octobre 2010



Le Pharisien et le péager

9 Il dit encore cette parabole pour certaines personnes qui se persuadaient d'être justes et qui méprisaient les autres : 10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était Pharisien, et l'autre péager. 11 Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont accapareurs, injustes, adultères, ou même comme ce péager : 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. 13 Le péager se tenait à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais se frappait la poitrine et disait : O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur. 14 Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.


Dès que nous sommes en présence de quelqu’un qui prie, nous sommes du même coup mis en présence de celui à qui la prière est adressée : Dieu ! Par sa prière, celui qui prie rend Dieu présent et cela ne nous laisse pas indifférents. Nous réagissons en faisant silence, nous baissons la voix, par respect pour celui qui prie, mais aussi par révérence à Dieu, puis nous faisons un repli sur nous-mêmes et nous nous interrogeons: « et moi est-ce que je prie ? Et quand je prie que se passe-t-il ?» 

Dans la parabole d’aujourd’hui, Jésus nous introduit dans l’intimité de deux hommes face à Dieu. Même si nous avons l’intention de critiquer leur manière de prier, leur attitude appelle d’abord le respect. Jésus nous rend témoins de leurs pensées, qui sont adressés à Dieu. Elles révèlent l’intimité de ces deux hommes devant leur Seigneur.

Bien vite cependant, nous nous situons par rapport à eux :
- « non je ne suis pas comme ce prétentieux vaniteux qui éprouve le besoin de se faire valoir devant Dieu. »
- « Non je ne suis pas non plus comme cet homme prostré qui n’ose pas lever les yeux vers le ciel, accablé par son péché»

Nous avons alors le sentiment d’appartenir à un troisième type de prieur, celui qui formule sa prière autrement: celui qui intercède, celui qui loue ou encore celui qui médite. Nous pensons donc que ce type de prière est plus élaboré que ceux qui sont décrits ici. Notre prière se situe à un autre niveau. Elle s’adresse à Dieu avec des mots, elle formule des pensées. En faisant ainsi le bilan de notre manière de prier, nous glissons inconsciemment vers une forme d’autosatisfaction qui nous apparente au premier personnage de la parabole. Comme beaucoup de gens qui sont des familiers de la prière, nous risquons de nous croire différents des autres, voire même supérieurs, et c’est là le danger qui nous guette. Pourtant nous verrons par la suite que Dieu nous invite à nous investir dans ce genre de prière faite de mots prononcés et de phrases réfléchies. C’est une entreprise difficile qu’on appelle le combat de la prière, mais c’est par elle que nous grandissons dans la foi.

 
Nous allons donc nous aventurer prudemment sur le chemin de la prière, et tout en parlant de la prière des deux hommes, nous savons bien que nous allons parler de notre relation personnelle à Dieu.

Le premier constat que nous allons  faire c’est celui qui nous fait découvrir que la prière de ces deux hommes est terriblement moderne. Cette double manière de prier révèle l’ambivalence de la personnalité de l’homme occidental moderne. Celui-ci va se reconnaître dans le premier des deux personnages avant de se réfugier dans le second.

Tout d’abord, il se félicite de vivre dans un pays favorisé, même s’il a des revenus modestes, ils sont suffisants, grâce à Dieu. Son niveau de vie, son niveau d’études, sa formation font qu’il se ressent comme un homme supérieur par rapport aux autres hommes de la planète. Il partage l’ambition de tous les occidentaux qui se plaisent à croire que le génie humain triomphera de tous les maux de la terre. S’il lui arrive de se référer à Dieu c’est pour le remercier de l’avoir fait naître dans ce havre de prospérité. En fait, il ne priera même pas Dieu, puisqu’il n’a pas besoin de lui pour se sentir bien. Il est comme le pharisien, il se contemple dans sa propre prière qui ne monte même pas jusqu’à Dieu. 

Mais le vaniteux qui dort dans le très fond de l’inconscient de beaucoup de nos concitoyens est bien souvent rattrapé par ses échecs. Un accident imprévu, le constat de l’impuissance de la science ou de la médecine à surmonter un problème, la mise en cause de notre mode de fonctionnement par un terroriste, voilà que notre concitoyen se transforme d’un seul coup. Le voilà atterré, suppliant le Tout Puissant de le sortir de là. Il se sent perdu alors qu’il n’est pas personnellement menacé. Il se tourne alors vers Dieu car il ressent un besoin de protection et d’affection, il a besoin d’être materné, et l’enfant qui se cache en lui et qui n’a jamais su grandir se réveille et cherche une protection.

L’homme moderne change de comportement par rapport à Dieu sans s’en rendre compte. Quand il se sent maître de lui comme de l’univers, il n’a pas besoin de Dieu et s’en passe fort bien. Il se forge même un Dieu à sa propre image, qui ne lui sert à rien si non à se conforter dans ses prétentions. Et puis, sans crier gare, il est capable de tomber dans l’excès contraire, de retourner à l’état le plus primitif de la conscience religieuse. Il n’ose même plus regarder vers Dieu tant son âme est bouleversée par la crainte. Quand donc les hommes deviendront-ils adultes ? Quand apprendront-ils que la prière est le meilleur moyen que Dieu leur a donné pour construire leur personnalité et devenir des individus responsables et raisonnables ?

 
On a l’impression que la Réforme est encore à refaire. Le péager de notre histoire ressemble à Luther. Luther était terrorisé par Dieu, il crevait d’angoisse dans le fond de sa cellule de moine. Un jour il découvre que cela ne sert à rien de se morfondre. Il découvre qu’aucun homme ne peut échapper au péché, mais que tous sont destinés à le surmonter par le salut.  Luther comprend alors ce que dit Paul dans l’épître aux Romains : « le juste vivra par la foi ». Le voilà donc justifié puisqu’il croit. Le voilà disponible pour ce Dieu qui l’accepte comme il est. Le pardon gratuit de Dieu le met debout et lui permet d’avancer. Cette découverte a été un des événements initiateurs de la Réforme et j’ai parfois l’impression que l’homme moderne n’a jamais vraiment assumé cette découverte car il s’arrête sur cet acquis sans comprendre qu’il doit maintenant construire cet homme nouveau.

C’est par la prière qu’il s’édifiera. Il doit maintenant se comporter comme un être responsable puisque c’est à cela que Dieu le destine. Celui qui a compris le projet que Dieu formule pour lui doit faire sienne cette parole de Dieu qui le relève : «mets-toi debout, ta foi t’a sauvé. » C’est à ce moment là que commence la vraie prière. Jusqu’alors, il a poussé des soupirs, il a balbutié, il s’est contemplé lui-même en se valorisant mais il n’a pas vraiment parlé. Or Dieu l’invite maintenant à dialoguer avec lui. Dieu lui suggère de lui faire part de ses projets, et c’est à ça que sert la prière, elle sert à associer Dieu au déroulement de son existence. 

C’est en formulant nos questionnements avec des mots et des phrases que notre pensée prend de la consistance. En se forçant à prononcer des mots devant Dieu dans l’intimité de la prière, nous donnons forme à notre désir. Nous exprimons alors des pensées que nous formulons de telle sorte qu’elles soient recevables par Dieu. Nous arrivons ainsi à exprimer les choses de la manière dont Dieu le ferait.

 
En secret Dieu nous a aidé à formuler les choses, si bien que notre pensée s’exprime alors par notre parole et notre parole prise en charge par Dieu devient créatrice. En effet, si Dieu crée les choses par sa parole nous découvrons que notre propre parole proférée devant Dieu et inspirée par lui reprend cette fonction créatrice à son compte et contribue à édifier en nous un homme nouveau qui se construit et s’embellit au fur et à mesure qu’il prie.

La prière pratiquée ainsi avec fidélité va faire de chaque individu un être qui se développe et grandit. Il ne subit plus les événements contraires, les échecs ne l’anéantissent plus, les réussites le rendent modeste et il ne se divinise plus lui-même. Il vit les événements de chaque jour avec passion en sachant que chaque jour qui passe le rapproche du Royaume où Dieu l’attend pour partager l’éternité avec lui.

Le plus grand service que nous pouvons rendre à l’humanité d’aujourd’hui, c’est de lui ré-apprendre le chemin de la prière. Il ne s’agit pas de répéter sans cesse les mêmes vaines redites ni redire des prières formulées par d’autres, Il faut aider nos semblables à entrer dans le combat de la prière qui contraint chacun à formuler ses désirs devant Dieu pour qu’il soit en adéquation avec les idées que Dieu lui inspire. Certes, ce n’est pas facile, c’est même fatigant. Cela demande une partie de notre énergie, mais n’est-ce pas ce que Dieu nous demande ?

1 commentaire:

dndmasterclub a dit…

...Oui, ce monde paradisiaque nous fait rêver. Et il existe bel et bien. Quand tout semble s'écrouler sur terre ou que le mal semble avoir gagné n'oublions pas de lever les yeux dans la bonne direction : vers notre Père qui seul connaît nos coeurs, nos chagrins et qui veut nous consoler. La prière nous propulse en espr...it dans cette atmosphère de paix, d'amour, de joie, de bonheur et d'harmonie célestes. Ne nous en privons pas, surtout que notre Père nous attend, dans sa présence, les bras ouverts. Habiter les cieux éternellement : voilà notre prochaine demeure. Voilà un rêve qui peut devenir réalité si nous persévérons jusqu'au bout. Jésus en tant que notre Emmanuel (Matthieu 1:23), est venu nous révéler le Père et ses bonnes intentions envers nous . Le nom du Père est implicitement révélé en Emmanuel. Car Emmanuel signifie ''Dieu est avec nous''.