mardi 1 juin 2010

Qui est Jésus ? Luc 9:18-27 dimanche 20 juin 2010



Pierre déclare que Jésus est le Christ

18 Un jour qu'il priait à l'écart et que les disciples étaient réunis auprès de lui, il leur demanda : Au dire des foules, qui suis-je ? 19 Ils répondirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, un des anciens prophètes qui s'est relevé. 20— Et pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu. 21 Il les rabroua, en leur enjoignant de ne dire cela à personne, 22 ajoutant qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il se réveille le troisième jour.

Comment suivre Jésus

23 Il disait à tous : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive. 24 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera. 25 Et à quoi sert-il à un être humain de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? 26 En effet, quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, dans la gloire du Père et des saints anges. 27 Et je vous le dis, en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu.

Et vous, que dites-vous de Jésus? Il est Dieu, fils de Dieu, Messie peu importe, chacun a sa réponse, chacun a sa relation personnelle à Dieu, mais quoi qu’on en dise, on est obligé de reconnaître que Jésus est venu vers les hommes sous des apparences modestes. Il a tenu à rester humble. Il a choisi de nous présenter une image de Dieu que nous aurions plutôt tendance à réfuter. Il présente Dieu comme le Dieu de l’impossible. Il montre Dieu sous les traits de celui que l’on rejette. Le Dieu tel que Jésus le présente se plaît à ressembler à celui qui souffre, à celui qui est humilié ou incompris. Il s’identifie à celui que l’on rejette, à celui que l’on abandonne quand la mort le menace. Il est aussi celui qu’on ne reconnaît plus quand la résurrection le propulse dans notre existence d’humain.

Jésus nous propose une image de Dieu qui nous provoque car elle ne correspond pas à nos désirs. Nous aspirons à reconnaître en Dieu une puissance qui se voit et qui intervient d'une manière manifeste dans la vie des hommes. Comme cela ne se voit pas d'une manière évidente, Dieu semble absent de notre monde. Sans vraiment vouloir être provoquant et en regardant simplement fonctionner notre société française, nous constatons que nous vivons dans un monde qui nie l’existence de Dieu ou plutôt qui se passe de lui. Notre référence à Dieu reste floue et on n’a pas l’impression de le voir intervenir dans le cours des choses. On le dit attentif aux hommes et pourtant cela ne se voit pas, cependant, cela n’empêche pas que beaucoup parmi eux s’appliquent à lutter contre les souffrances et les exclusions, contre les maladies et contre la mort même.

Le monde des humains, si détachés de Dieu en apparence ne l’est pas tellement en profondeur. En effet, les plus entreprenants parmi eux s’appliquent à intervenir dans les lieux où Jésus a dit que Dieu se cachait, c’est à dire les lieux de détresse. A force d’intervenir là où Dieu se cache, on finira bien par le trouver, même si cela prend du temps.

Jésus donc, nous présente l’image d’un Dieu qui se cache derrière tous les scandales humains qui nous provoquent et nous interpellent: les guerres d’hégémonie qui oppriment les minorités ethniques, les enfants contraints au travail ou à la prostitution, les vieillards enfermés dans la solitude de l’oubli, les jeunes en quête d’espérance, les adultes dans leur combat contre le chômage, les immigrés dans leurs désirs de papiers régularisés, les femmes, dans leur provocation à l’égalité, autant de lieux où Dieu se cache.

Mais pourquoi avoir choisi les misères humaines pour s’y dissimuler? pourquoi avoir choisi l’inacceptable afin de se révéler? Parce qu’il nous attend sur les lieux même où son adversaire semble le plus fort et il veut l’affronter là où il nous opprime pour mieux le tourner en dérision. Son adversaire qui est-il? le diable, le mal, la mort ou l’homme lui-même?

Certains, peut être, en entendant parler du diable commencent à se demander où je vais les embarquer; d’autres par contre, se réjouissent en pensant que j’ai enfin compris les enjeux du monde de demain. Il espèrent que je vais vous enjoindre à vous retirer hors de ce monde pervers, et que je vais vous inviter à vous enfermer dans la bulle confortable d’une communauté toute attentive à la prière et à la morale.

Et bien non, je ne vais pas le faire parce que le texte que nous avons lu ne nous entraîne pas dans cette direction. Le texte nous dit simplement que la mort, sous tous ses aspects est un obstacle à la manifestation de Dieu et que Jésus nous attend dans les lieux où le pouvoir de la mort la rend insupportable. La mort est insupportable parce que ni elle, ni la souffrance qui l’accompagne, ni l’injustice ne font partie du programme de Dieu. En Jésus Christ, Dieu se désolidarise définitivement de tout ce qui porte atteinte à l’homme. Mais s’il se désolidarise du mal et de la mort, il n’en ignore pas pour autant les effets, c’est pourquoi il se place sur le terrain de la mort et du mal, non pas pour les anéantir mais pour les surmonter.

Il semble que le mal et la mort ne soient pas voulu par Dieu, mais ils font partie du mystère du monde où nous vivons, même si cela dépasse notre compréhension, cela fait partie de notre monde ! Tout se passe comme si, Dieu, ayant maîtrisé le cahot au commencement de toute chose avait continué son œuvre en libérant le monde. Pour participer à cette entreprise de libération il a confié à « l’homme pensant » que nous sommes le soin de continuer son combat contre la mort et le mal. Le mal et la mort restent donc les ennemis à abattre.

Depuis que l’homme existe, Dieu a passé avec lui un contrat de collaboration qui consiste à travailler en association avec lui afin d’organiser le monde pour qu’il évolue harmonieusement pour le mieux être des hommes. Dieu envoie au combat tous ces hommes et toutes ces femmes qui acceptent de faire alliance avec lui. Ils se mettent à l’œuvre pour que sans relâche et avec ingéniosité ils repoussent l’adversaire. Ils deviennent ainsi les témoins d’ une vie qui dépasse la mort et que faute de mieux on appelle la résurrection.

En effet, la résurrection fait partie du programme de Dieu, ce n’est pas un palliatif qu’il aurait inventé pour contrecarrer un dérapage supposé de la création. La résurrection fait partie intégrante de la vie chrétienne et de l’espérance. Elle en est l’aboutissement normal, c’est pourquoi Jésus se situe là où elle risque d’être le plus contestée, c’est à dire au cœur même de la violence et de la mort. Jésus s’y trouve et nous invite à l’y rejoindre afin que par la manifestation de notre espérance la fatalité du mal se trouve tellement contestée qu’elle finira par disparaît.

Après ces réflexions, la question posée au début « qui dites vous de Jésus » n’a plus de raison d’être. Inutile de chercher à expliquer ou à justifier ou à démontrer la réalité de Dieu en Jésus Christ. Nous découvrons dans tout cela que Dieu ne s’invente pas et qu’il ne se démontre pas. Il se manifeste et ceux qui ont compris tout ça et qui s'efforcent alors de le rejoindre là où il est le moins visible: dans les lieux de la souffrance et du rejet, dans les lieux de la provocation et du désordre afin que tout cela s’apaise.

On découvre, encore une fois, que les autorités religieuses, contemporaines de Jésus, n’avaient rien compris. Elles avaient voulu enfermer Dieu dans des rites religieux, tels les sacrifices et les pèlerinages et même les prières rituelles alors que lui voulait se faire reconnaître en partageant la vie des hommes. N’ayant rien compris ils ont réclamé la tête de Jésus, prenant ainsi le parti de la violence pour défendre la dignité d’un Dieu qui ne leur demandait rien, si non de le suivre sur le chemin des hommes.

Les Eglises d’aujourd’hui l’ont-elles mieux compris? Ainsi, ni la violence ni la haine, ni l’injustice ne sont des éléments que l’on peut faire valoir pour nier la réalité de Dieu. Combien de fois faudra-t-il entendre encore cette affirmation tant de fois répétée qu’elle fait concurrences à l’Evangile: «puisqu’il y a tant de mal dans le monde, c’est que Dieu n’existe pas ». Bien au contraire, Dieu nous invite à le rejoindre sur les lieux de violence afin que la violence cesse, puisqu’elle est contraire à Dieu et que la résurrection apparaisse comme une réalité normale qui s’inscrit dans le cours des choses. Dieu l’ a créée de toute éternité afin de nous en revêtir l’heure venue.

Arrivé à ce point de mon propos, je ne peux garder pour moi, plus longtemps ces lignes de Khalil Gibran que je livre à votre méditation en guise de conclusion.


Alors Almira parla disant : Nous voudrions maintenant vous questionner sur la mort.

Et il dit : Vous voudriez connaître le secret de la mort ? Mais comment le trouverez-vous si non en le cherchant dans le cœur de la vie?...

...Si vous voulez vraiment contempler l’Esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.

Dans les profondeurs de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse connaissance de l’au-delà Et telles des graines rêvant sous la neige, votre cœur rêve au printemps.

... qu’est-ce que mourir si non se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil?

Et qu’est-ce cesser de respirer, si non libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu’il puisse s’élever, se dilater et rechercher Dieu sans entraves?

C’est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter. Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment.

Le prophète page 80


Ce sermon est accompagné de portraits représentant Jésus, sans doute tous sont-ils loin de la réalité, mais certains peut-être parleront-ils à vos facultés d'imaginer?



Aucun commentaire: