mercredi 28 avril 2010

L'avenir de l'Eglise Actes 15:1-29 dimanche 9 mai 2010



Actes 15 : 1-29

Chapitre 15

Désaccord à propos de la circoncision


1 Quelques hommes, qui étaient descendus de Judée, enseignaient aux frères : Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. 2 Paul et Barnabé ayant eu avec eux une violente dispute au cours du débat qui s'ensuivit, on décida que Paul, Barnabé et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem, devant les apôtres et les anciens, pour parler de cette question. 3 L'Eglise leur fournit ce dont ils avaient besoin pour le voyage. Comme ils passaient par la Phénicie et la Samarie, ils racontaient en détail la conversion des non-Juifs et causaient une grande joie à tous les frères. 4Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Eglise, les apôtres et les anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. 5 Alors quelques membres du parti des pharisiens qui étaient devenus croyants se levèrent pour dire qu'il fallait circoncire les non-Juifs et leur enjoindre d'observer la loi de Moïse. Le débat à Jérusalem 6 Les apôtres et les anciens se rassemblèrent pour examiner cette affaire. 7 Après un vif débat, Pierre se leva et leur dit : Mes frères, vous le savez : dès les tout premiers jours, Dieu a fait un choix parmi vous pour que, par ma bouche, les non-Juifs entendent la parole de la bonne nouvelle et deviennent croyants. 8 Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant l'Esprit saint tout comme à nous ; 9 il n'a fait aucune différence entre nous et eux, puisqu'il a purifié leur cœur par la foi. 10 Maintenant donc, pourquoi provoquez-vous Dieu en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons été capables de porter ? 11En fait, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu'eux. 12Toute la multitude fit silence, et l'on écouta Barnabé et Paul raconter tous les signes et les prodiges que Dieu avait produits, par leur entremise, parmi les non-Juifs. 13Lorsqu'ils se turent, Jacques dit : Mes frères, écoutez-moi ! 14 Syméon a raconté comment, pour la première fois, Dieu est intervenu pour prendre parmi les nations un peuple à son nom. 15 Les paroles des prophètes s'accordent avec cela, comme il est écrit : 16 Après cela, je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée, j'en relèverai les ruines et je la redresserai, 17 afin que le reste des humains recherchent le Seigneur, oui, toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, dit le Seigneur, qui fait ces choses 18 connues depuis toujours. 19 C'est pourquoi, moi, je suis d'avis de ne pas créer de difficultés aux non-Juifs qui se tournent vers Dieu, 20 mais de leur écrire qu'ils s'abstiennent des souillures des idoles, de l'inconduite sexuelle, des animaux étouffés et du sang. 21 Depuis les générations anciennes, en effet, Moïse a dans chaque ville des gens qui le proclament, puisqu'on le lit chaque sabbat dans les synagogues.

Une décision et une lettre communes

22 Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu'à toute l'Eglise, de choisir parmi eux des hommes et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé : Judas, appelé Barsabbas, et Silas, des dirigeants parmi les frères. 23 Ils les chargèrent de cette lettre : Vos frères, les apôtres et les anciens, aux frères non juifs qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, bonjour ! 24 Nous avons appris que quelques individus sortis de chez nous, auxquels nous n'avions donné aucun ordre, vous ont troublés et inquiétés par leurs discours. 25 Après nous être mis d'accord, il nous a paru bon de choisir des hommes et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, 26 eux qui ont livré leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. 27 Nous avons donc envoyé Judas et Silas, qui vous apporteront de vive voix le même message. 28 En effet, il a paru bon à l'Esprit saint et à nous-mêmes de ne pas vous imposer d'autre fardeau que ce qui est indispensable : 29 que vous vous absteniez des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de l'inconduite sexuelle ; vous ferez bien de vous garder de tout cela. Adieu.


Périodiquement des changements de situation provoquent les chrétiens et les amènent à s’interroger sur les comportements à suivre pour rester dans la droite ligne du salut. Les situations ont varié suivant les époques et chaque fois, il a fallu faire des choix. Ces choix ont imposé des ruptures qui ont provoqué des citions. Le Livre des Actes nous rapporte ici le récit de la première crise qui a bousculé l’Eglise naissante jusque dans ses fondations. Même si le ton du texte semble apaisant, on sent bien que la crise a été chaude. La question qui se posait était de savoir comment accueillir dans les rangs des fidèles des gens qui ne partageaient pas les mêmes traditions. En d’autres termes, il fallait savoir si la tradition millénaire, héritée de Moïse était toujours porteuse de salut et si elle n’était pas un obstacle sur le chemin de la foi pour les nouveaux venus d’origine grecque.

La question n’était pas anodine, elle concernait les fondements de la foi juive. Il fallait savoir si les fondements du Judaïsme et du Christianisme étaient les mêmes. Jésus le Christ était-il aussi le Messie d’Israël ? N’avait-il pas été circoncis le huitième jour ? Il n’avait d’ailleurs nullement interdit de pratiquer la circoncision. Avait-il remis en cause la Loi de Moïse ? Non bien sûr ! On pouvait tout au plus se souvenir qu’il avait interprété la Loi d’une manière libérale face au rigorisme des pharisiens, mais il n’avait jamais préconisé de rupture avec une tradition qui était chère à tous. Pouvait-on aller plus loin que l’avait fait Jésus ? Pouvait-on même formuler de nouvelles vérités qu’il n’avait pas lui-même formulées?


Il ne s’agissait plus d’apaiser les rigueurs d’une Loi devenue trop lourde à supporter. Il était question d’abolir tout un fragment de celle-ci. Il s’agissait de pratiquer une rupture radicale pour permettre l’expression de la foi en Jésus. Il s’agissait donc pour la première fois de définir les fondamentaux de la foi chrétienne, indépendamment du judaïsme, voire même, contre le judaïsme. Il fallait savoir si on pouvait quand même être sauvé si on rompait avec la tradition de Moïse que Jésus avait lui-même respectée, mais qui était étrangère aux nouveaux convertis. En fait, qu’est-ce que cela voulait dire qu’être sauvé ? Cela signifiait que notre vie actuelle et future était toute entière dans les mains de Dieu selon la Parole de Jésus. La question était de savoir si la tradition pouvait faciliter cette emprise de Dieu sur nous.

Dans leurs débats ils répondirent clairement à cette question et préconisèrent donc la rupture car seule la grâce était source de salut et de vérité. Jusque là, je n’ai fait que paraphraser le texte pour lui donner raison ! Pourtant il subsiste une question que les apôtres ne semblaient pas s’être posée, mais que nous nous posons en réfléchissant sur cet événement. C’est celle de l’action du saint Esprit. Nulle part, au cours de ce récit, on ne nous dit que les apôtres s’étaient mis en prière pour demander à Dieu de les éclairer par son Esprit. Il semble pourtant que la question était assez importante pour laisser du temps à l’inspiration plutôt qu’à la discussion. Il n’est pas dit qu’ils ne l’ont pas fait, mais cela n’a pas paru nécessaire à l’auteur de le dire, et c’est sur ce point que j’aimerais attirer votre attention.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une pareille situation se produisait. Jadis, quand il avait fallu pourvoir au remplacement de Judas, c’est eux qui avaient désigné Matthias par le sort, et quand ils avaient institué le ministère des diacres, c’est toujours à la suite d’une discussion qu’ils avaient pris la décision. Ce n’est qu’ensuite qu’ils avaient demandé au saint Esprit de sanctionner leur choix. Ici, ils avaient agi de la même façon, mais cette fois-ci, les enjeux étaient plus sévères. Dans les affaires précédentes, il s’agissait d’organiser l’Eglise, cette fois-ci, il s’agissait de la manifestation publique de leur foi. C’est dans le débat qu’ils ont eu entre eux qu’ils ont trouvé la bonne solution au problème et non pas dans une vérité qui leur aurait été manifesté mystérieusement par Dieu lui-même.

Tout se passe comme si, depuis la résurrection de Jésus ils se considéraient eux-mêmes comme responsables de l’expression de leur foi. Le saint Esprit, quant à lui, semblait n’avoir d’autre rôle à jouer que celui qui consistait à cautionner leurs décisions quand l’affaire était conclue. Ici, la question était décisive puisqu’il s’agissait de trancher entre deux manières de dire la foi. L’une et l’autre avaient été ordonnée par Dieu en leur temps.

La réponse ne leur était pas tombée d’en haut. Au contraire, on peut même dire qu’ils y avaient longuement réfléchi. Cette question avait été sous-jacente tout au long des chapitres précédents. Deux considérations s'étaient imposées à eux dans leurs débats. La première était liée à la croissance de l’Eglise qui se produisait parce que des personnes d’origine païenne avaient trouvé du sens à leur vie dans la foi en Jésus Christ. Tous s’en réjouirssaient. C’est alors qu’ils buttèrent sur une autre considération, c’ètait le constat selon lequel la tradition des anciens agissait comme un obstacle à l’épanouissement de leur foi.

Ils trouvèrent la réponse dans leurs propres facultés de raisonnement. Grâce à ces facultés ils trouvèrent la bonne solution en s’appuyant sur les fondements de la foi en Jésus Christ selon lequel la grâce seule peut sauver. Puisque le salut gratuit est donné par grâce, la décision de la rupture s’imposait, la Loi de Moïse ne jouait plus aucun rôle dans l’acquisition du salut.

Ici, l’Ecriture rendait hommage à l’intelligence dont Dieu avait fait la qualité première des hommes. Mais cette intelligence n’était pas universelle. Pour être efficace et éclairer les chemin de la foi, elle devait être partagée. On a l’impression que Dieu lui-même s’était imposé de ne pas intervenir afin de laisser les hommes agir, car il les avait rendus capables de se sortir de toutes les difficultés s'ils mettaient leurs facultés de raisonnement au service de la cause de Dieu d’une manière collective.

S’il nous est désormais possible de dépasser les contraintes de la tradition quand elles occultent la manifestation de la foi, il nous est aussi possible de déterminer les critères qui vont définir notre foi quand des conditions de vie nouvelles nous sont imposées par une société qui change et qui évolue. La fidélité à Jésus Christ devient alors notre seule point de repère.

Est-il besoin de dire maintenant que les hommes mettent d’autres critères que leur brillante intelligence pour chercher à définir les voies de Dieu? Il suffit de regarder nos sociétés actuelles pour constater le rôle déterminent que jouent la cupidité, l’égoïsme, la vanité et bien d’autres réalités qui conditionnent et faussent notre raisonnement. Ainsi, ce ne sont pas nos facultés de raisonnement qui nous empêchent aujourd’hui de discerner la voie à suivre quand des conflits nous divisent sur des questions de foi.

Notre problème est de faire taire les arguments d’ordre passionnel, de mettre de côté les questions de vanité, de tradition et d’orgueil pour laisser la seule raison guider nos choix. L’histoire nous a démontré que ce n’était pas si simple. La première Eglise avait donc pris la bonne décision, et le saint Esprit s’il avait été consulté n’aurait pas pu lui inspirer un autre choix, mais il était fondamental que ce soit les hommes eux-mêmes qui soient parvenus à déterminer la direction que Dieu souhaitait qu’ils prennent. Ce récit nous montre que Dieu pousse les hommes à devenir responsables dans ce monde, des projets où Dieu souhaite qu’ils s’investissent. Pour y arriver, ils ne doivent jamais se séparer des fondamentaux de la foi selon lesquels tous les hommes sont appelés à la vie telle que Jésus nous l’a acquise par sa résurrection.



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