mardi 9 mars 2010



Dimanche 28 mars 2010, les Rameaux
L'entrée de Jésus à Jérusalem Luc 19 :28-48 28
Après avoir ainsi parlé, il partit en avant et monta vers Jérusalem. 29 Lorsqu'il approcha de Bethphagé et de Béthanie, près du mont dit des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, 30 en disant : Allez au village qui est en face ; quand vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est jamais assis ; détachez-le et amenez-le. 31 Si quelqu'un vous demande : « Pourquoi le détachez-vous ? », vous lui direz : « Le Seigneur en a besoin. » 32 Ceux qui avaient été envoyés s'en allèrent et trouvèrent les choses comme il leur avait dit. 33 Comme ils détachaient l'ânon, ses maîtres leur dirent : Pourquoi détachez-vous l'ânon ? 34 Ils répondirent : Le Seigneur en a besoin. 35 Et ils l'amenèrent à Jésus ; puis ils jetèrent leurs vêtements sur l'ânon et firent monter Jésus. 36 A mesure qu'il avançait, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin. 37 Il approchait déjà de la descente du mont des Oliviers lorsque toute la multitude des disciples, tout joyeux, se mirent à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu'ils avaient vus. 38 Ils disaient : Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire dans les lieux très hauts ! 39Quelques pharisiens, du milieu de la foule, lui dirent : Maître, rabroue tes disciples ! 40 Il répondit : Je vous le dis, si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront !
Jésus pleure sur Jérusalem
41 Quand, approchant, il vit la ville, il pleura sur elle 42en disant : Si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix ! Mais maintenant cela t'est caché. 43 Car des jours viendront sur toi où tes ennemis t'entoureront de palissades, t'encercleront et te presseront de toutes parts ; 44 ils t'écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps de l'intervention divine.
Jésus chasse les vendeurs du temple
45 Entré dans le temple, il se mit à chasser les marchands 46 en leur disant : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits.
- Dans votre enfance, n’étiez-vous pas fascinés par les aventures des Trois mousquetaires ou de Robin des bois? Si bien sûr! Et puis un jour, les personnages ont perdu leur attrait et vous n’avez plus du tout rêvé en pensant à eux, c’est que vous aviez grandi. Si vous êtes devenus moins sensibles c’est que vous avez perdu vos illusions et que votre faculté de rêver s’est affadie. Pour comprendre toute cette histoire que nous avons lue, il va falloir que nous fassions un effort sur nous-mêmes pour revenir à l’époque candide de notre enfance et retrouver en d’Artagnan et Robin des bois les héros qui nous avaient fascinés.

Ces héros avaient consacré leur vie à sauver l’honneur de leurs rois. Ils avaient accepté de tout sacrifier pour que Richard Cœur de Lion, redevienne roi d’Angleterre ou que le Roi Louis XIII ne perde pas son honneur face aux intrigues du Cardinal. Ils étaient liés corps et âme à la personne de leur roi. Jésus ranime en nous ces sentiments d’absolu que seuls les enfants du CM2 ont encore.

Il organise donc une parodie de procession royale au cours de laquelle il fait appel à nos sentiments les plus nobles. Il réclame de ceux qui participent à cette aventure qu’ils aient envers lui la même fidélité que celle que les partisans de Robin des Bois avaient pour Richard Cœur de Lion. les romanciers qui ont imaginé ces récits avaient inventé des hommes dont la grandeur d’âme était telle qu’ils s’engageaient à mourir si nécessaire pour leur roi. C’est cette loyauté là que Jésus revendique de notre part pour lui.

Il organise alors une saynète, dans laquelle il se donne le premier rôle et où il propose à ses amis de jouer le rôle des ses sujets. Bien sûr il pense aux rois David et Salomon. Pardonnez-moi si j’ai extrapolé en utilisant des héros d’un autres siècles pour introduire mon propos, mais ceux que j’ai choisis vous sont sans doute plus familiers. Jésus organise donc un jeu de rôle dont ses amis doivent tirer la leçon.

La Leçon dépasse bien sûr la fiction. Il appartient maintenant à chacun d’entre-nous de déterminer s’il accepte de se cantonner au niveau du jeu ou s’il court le risque de s’investir plus personnellement et de chercher à savoir ce que tout cela représente pour lui. Pour Jésus, on le sait, ce n’est pas seulement un jeu, il entend bien être roi, non pas roi de carnaval dont il joue le rôle ici, non pas non plus le roi politique dont Pilate cherchera à l’affubler du titre, mais il veut être le roi de nos vies intérieures, le roi qui gère notre avenir et notre devenir.

Nous seuls savons quel rôle nous décidons qu’il va tenir dans notre existence. Et si aujourd’hui, nous célébrons Jésus comme notre roi, ce ne sera pas pour le trahir demain en faisant comme s’il n’avait rien à voir dans notre existence.
Si cette histoire nous est rapportée dans l’Évangile, c’est que les évangélistes ont fort bien compris qu’il fallait proposer ce jeu de rôle à chaque génération de chrétiens. A chacun de nous, chaque année, à cette même époque, il nous est proposé de nous déterminer au sujet du pouvoir que nous laissons à Jésus le soin de prendre sur nous. Notre relation à Jésus est-elle seulement une relation de façade ou intériorisons-nous cette histoire? Acceptons-nous de rentrer dans le jeu et acceptons-nous de lui abandonner notre vie, notre âme et comme les mousquetaires acceptons-nous de mettre notre épée à son service pour le meilleur et pour le pire?

Notre épée, n'est pas pour nous une arme en acier, c’est tout ce dont nous disposons, c’est notre métier, nos capacités intellectuelles ou physiques, c’est tout ce qui nous rend forts aux yeux des hommes. Quand les mousquetaires mettaient leur épée au service du roi, ils n’en attendaient rien de lui,  leur seule récompense était la satisfaction du devoir accompli. Leur relation avec leur roi s’arrêtait là et ça leur suffisait. Quant à Jésus apparemment il ne nous en propose pas davantage, si non, et ce n’est pas rien, de remplir notre âme de paix et de sérénité. Mais le récit ne s’arrête pas là seulement.

Jésus poursuit sa montée vers le Temple dans lequel il va jeter le trouble. Il entraîne dans cette entreprise ceux qui le suivent. Là encore, dans ce Lieu Saint, il se livre à un nouveau jeu de rôle. Il bouscule les étales des commerçants et des changeurs de monnaie. Il met de l’ordre dans la maison de son Père, dit-il. Il se donne lui-même en spectacle et chacun doit en tirer la leçon en se demandant ce que signifie le fait qu’il est venu mettre de l’ordre dans le lieu de prière.

Si Jésus propose de se livrer dans le temple à un jeu de rôle, n’est-ce pas pour nous dire que notre âme est, elle aussi un temple dédié  à l’Éternel, un lieu où se formulent les prières qui lui sont adressées. L’apôtre Paul ne dira-t-il pas que notre corps est un temple pour Dieu et Jésus lui-même parlera du temple de son propre corps. Il faut donc, pour que Jésus soit parfaitement notre roi, qu’il s’empare de toute notre personne, qu’il y fasse le ménage et qu’il nous rende aptes à rendre un culte raisonnable au Seigneur.

La royauté de Jésus se fait donc en deux temps sur nous. Dans un premier temps nous l’acceptons pour roi, et dans un deuxième temps, il se met à régner en nous. Il me semble que dans ce passage pour lequel j’ai volontairement fait une lecture allégorique, il nous est suggéré que pour réaliser notre vocation de créature du Seigneur il nous faut accepter Jésus comme roi. Cela dépend de nous, de notre choix et de notre désir. Jésus ne s’impose nullement à nous, il s’offre à nous.

Si nous lui faisons allégeance, il nous, faut courir le risque d’être incompris des autres, d’être rejeté ou d’avoir l’air ridicule, l’allégeance à Jésus n’est pas gratifiante, elle n’apporte apparemment aucun avantage, mais elle fait naître en nous l’espérance et ouvre en nous une vie intérieure qui met notre âme en paix. Mais tout cela n’est que la première partie de l’opération, il faut maintenant que Jésus se mette à l’œuvre pour travailler notre âme de l’intérieur. Et c’est là que le bât nous blesse, c’est là que nous renâclons.

En effet, choisir Jésus pour roi correspond bien à notre libre choix. Et par ce libre choix, nous affirmons la gratuité du salut, le salut par la foi, "la sola fide," chère aux Réformateurs et nous nous en tenons là. Nous répugnons alors à laisser Jésus travailler en nous pour transformer notre être intérieur, afin que notre vie devienne conforme à la foi que nous professons. Nous répugnons à nous laisser manipuler par Jésus pour qu’il redresse ce qu’il y a de tordu en nous. Nous avons du mal à accepter Jésus dans le rôle de Kinésithérapeute de nos âmes. Pourtant, il faut que Jésus entreprenne un combat contre nous-mêmes pour que notre vie lui soit toute dédiée et que tout notre être devienne un Temple consacré à l’Éternel.

Cela ne peut être que le fruit d’un long combat que Jésus mène dans le cœur de tous les croyants pour qu’ils soient en accord avec la foi qu’ils professent. Ce combat provoque en nous la repentance qui entraîne le pardon et le pardon donné par Dieu approfondit l’amitié qui nous unit à lui. A mesure que Jésus s’empare de notre personne, à mesure que nous prenons conscience du pardon, à mesure que le Temple de notre corps s’ouvre aux exigences du Seigneur, s’établit en nous une sérénité qui nous fait entrer lentement dans la plénitude de Dieu. Cet effet est le fruit de la résurrection qui s’installe en nous.

Il est ainsi donné aux croyants que nous sommes de pouvoir vivre dès ici bas la réalité de la résurrection. C’est ce qui fait dire à Paul « si je vis, ce n’est pas moi qui vit, mais Christ qui vit en moi, » et Wesley de rajouter : « je sais que j’habite en Christ, je suis l’os de ses os et la chair de sa chair; »
La résurrection, on le sait, à demandé à Jésus de livrer combat contre les forces hostiles à Dieu, mais il prolonge ce combat en nous, pour que purifiés par lui , nous apportions à Dieu l’adoration qui lui est due et que nous jouissions dès maintenant de la sérénité que donne la résurrection. .



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