lundi 7 décembre 2009

Noël, Et alors ? Luc 2:1-14 vendredi 25 décembre 2009

La naissance de Jésus Luc 2: 1-14


1 En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée. 2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville. 4 Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, 5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
6 Pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva, 7et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et l'installa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle.

8 Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9 L'ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. 10 Mais l'ange leur dit : N'ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple : 11 aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12 Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. 13 Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait :
14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir !


Qui peut rendre compte de Noël ? Tout a déjà été dit ou tout a été écrit. On y trouve des affirmations sur Dieu et sur les hommes ainsi que leur contraire et toutes prennent une allure de vérité. Un déferlement d’excès de toutes sortes célèbre la naissance d’un enfant divin. On fait la fête pour se donner l’illusion qu’il n’y a plus de pauvreté alors que la pauvreté est érigée en vertu par le contexte même de l’événement.


Dieu est venu sauver l’humanité dit-on et l’humanité célèbre l’événement dans le dérèglement. Chacun de redire à sa manière le récit dérisoire de Noël où s’entremêlent en un écheveau inextricable vérités historiques et légendes. C’est le récit de la lutte sans merci entre deux personnages contradictoires qui cherchent à prendre l’ascendant l’un sur l’autre. Jésus et le Père Noël y sont mis en rivalité. Leurs personnages s’opposent complètement. Le vieillard rondouillard et rubicond confortablement emmitouflé dans une houppelande doublée de fourrure a les faveurs des enfants. Il s’oppose au bébé grelottant, réchauffé par le souffle d’un bourricot et d’un bœuf venus là, on ne sait comment. Il a les faveurs des adultes et des croyants qui plaident son historicité contre l’origine légendaire du premier. Mais le combat de l’un contre l’autre est loin d’être gagné, d’autant plus qu’ils ne se rencontrent jamais. Pas de Père Noël dans la crèche, pas d’enfant Jésus dans la hotte ! Ce sont leurs partisans qui mènent la lutte. On les oppose en parlant de Noël païen pour le premier et de Noël chrétien pour le second. Pourtant, dans l’esprit de la plupart, ils cohabitent au grand damne de la vérité.


La vérité sur Noël est certainement ailleurs ! Mais pour en savoir plus il va falloir changer le regard que nous portons sur l’événement. La plupart du temps nous nous contentons d’être de simples témoins. Nous regardons cela comme si nous étions situés à l’extérieur de ce qui se passe. Nous laissons notre conception des choses évoluer suivant l’humeur du jour ou suivant nos dernières lectures sur le sujet.


Noël, c’est la fête des enfants dit-on ! Pourquoi pas ? On dit aussi, en en déplorant les excès que c’est une fête populaire, et que c’est une bonne chose de se réjouir au sujet de Dieu, même si on ne sait pas qui est Dieu ! On déplore cependant que Noël ne soit plus une fête chrétienne, ce qu’elle n’a jamais été puisque, nous le savons, elle correspond à la fête du solstice d’hiver qui a été christianisé. Ce n’est pas tout à fait vrai rajoutent les autres, ce serait la fête de l’Epiphanie dont on n’a changé la date. Tous ont raison, même les psychologues qui prétendent qu’il ne faut pas fausser l’esprit des enfants en les laissant croire au Père Noël alors que d’autres trouvent très sain de laisser l’imaginaire des petits gamberger. Je ne vous apprends rien, toutes ces opinons sont très honorables, toutes sont défendables, mais aucune ne se situe au bon niveau, parce qu’elles procèdent toutes du fait que nous regardons l’événement de l’extérieur. Du moment que nous avons une opinion arrêtée, peu nous chaut du reste.


Et pourtant ce matin je vais me hasarder à défendre une autre manière de voir les choses. Bien naturellement j’aurais la fausse modestie de croire qu’elle seule est pertinente. A vous d’en juger ! Il me semble que la seule manière d’aborder toutes ces questions c’est de ne pas rester à l’extérieur du sujet, et de nous demander en quoi nous sommes personnellement concernés par Noël.


La question sous-jacente à toute cette histoire concerne notre salut. Dieu est venu apporter le salut aux hommes, et cela nous interpelle forcément dans notre foi. Nous nous demandons alors quel est ce Dieu qui se révèle dans cette fête et en quoi cette fête nous apprend quelque chose de nouveau?

Les récits de Noël nous parlent d’un enfant de pauvres dont le destin est de devenir roi. Mais nous savons que l’histoire tourne court, il est resté pauvre, il a été persécuté et il est mort exécuté. Si son Royaume existe c’est dans un autre monde. Pourtant si Dieu a décidé de se révéler en cet enfant dont la vie a été apparemment un échec c’est que Dieu lui-même a changé, ou plus exactement c’est que nous n’avons pas compris comment il était avant. Notre salut dépend donc de la manière dont nous recevons ce Dieu.


A Noël, il nous est demandé de percevoir Dieu autrement que le faisaient les hommes avant la naissance de Jésus. Il est certain que son intention n’était pas de faire geler de froid un nourrisson dans une étable mais plutôt de nous apprendre par cette histoire que les plus modestes de ce monde ont la faveur de Dieu, en commençant par les plus faibles et les plus fragiles, tel cet enfant de pauvres. A Noël Dieu frappe un grand coup, il ne se résigne plus à cautionner une société où les chances sont mal réparties et où les plus forts ont forcément raison.

Mais si telle est la volonté de Dieu, pourquoi n’a-t-il pas fait un miracle pour tout changer ? Si on se souvient des paroles de Marie dans le Magnificat, il semblerait que la situation aurait du changer, que le pouvoir devait passer aux mains des plus humbles, mais les bergers s’en retournent comme ils sont venus, les païens qui étaient appelés à partager les merveilles de Dieu s’en retournent par un autre chemin et les puissants qui devaient être renversés de leur trône deviennent pires qu’avant si on en croit l’attitude du potentat local : Hérode. Alors qu’est-ce qui a changé ? Le changement se fait à partir de notre conception même de Dieu.

Dieu ne se cache pas dans son ciel d’où il ferait des miracles pour protéger les gens pieux et fidèles ou pour changer le sort de ceux qui sont bons. Il ne fait aucun prodige pour contrecarrer l’action des puissants ni pour calmer les terreurs causées par la nature en furie. Il exprime seulement son désir que les choses soient autrement. A Noël à travers ce récit de la naissance de Jésus nous entendons Dieu dire qu’il souhaite que les choses soient autrement. Ce souhait devient alors un programme pour les hommes qui se demandent à quoi ils servent. Dieu formule son désir de voir une nouvelle société supplanter l’ancienne. Il espère que les hommes réaliseront un monde où l’amour entre humains sera la seule règle valable. S’établira alors une société originale qui sera le reflet de la volonté de Dieu. Une telle société sera seule digne de subsister à l’érosion du temps pour devenir son Royaume qu’il établira dans l’éternité à tous promise.


Notre salut est semble-t-il lié à notre façon de comprendre la volonté de Dieu et d’y répondre avec sérénité. C’est sur le succès de cette collaboration entre Dieu et les hommes que se joue la crédibilité de Dieu. Pour mener à bien cette entreprise, pour que l’humanité toujours rebelle entre dans ce nouveau défi, il faudra que Jésus assume son destin jusqu’au bout au point d’en mourir.


Il vous appartient alors maintenant de vous poser la question : croyons-nous en ce Dieu que Jésus est venu révéler aux hommes ? Si c’est le cas notre salut consiste alors à suivre son enseignement et à manifester son amour dans le moindre de nos actes jusque dans l’éternité. C’est alors que nous verrons se produire le miracle de la transformation du monde.


Dieu en confiant ainsi le destin du monde à la bonne volonté des hommes court un grand risque et joue sa propre crédibilité. Si Dieu promet le salut à ceux qui suivent Jésus, il met aussi son propre salut en cause ! Que deviendra Dieu si les hommes n’entrent pas dans ce projet ? Dieu a décidé de faire confiance à son Eglise, même si elle est divisée pour être le lieu de rassemblement de tous ceux qui agissent selon sa volonté. Elle les rassemblera, les accueillera et les encouragera à agir dans toutes les directions où Dieu les pousse jusqu’à ce que le monde soit transformé. Dieu ne la laisse pas seule, il lui donne son Esprit qui sera pour chacun de ses membres non seulement une source d’énergie, mais il leur permettra de garder le cap et de rester fidèles.


Le miracle de Noël n’est donc pas dans un merveilleux conte qui finit bien, il est dans l’engagement des hommes à être les acteurs du miracle qui transformera le monde. C’est ainsi que chacune et chacun de nous est personnellement concerné dans cette aventure, et il est bon qu’on se le redise chaque année à Noël.



Les illustrations sont d'un artiste chinois He Qi ( prononcer ho chee). Elles sont issues du blog

http://www.artbible.net que je vous recommande






Aucun commentaire: