lundi 30 novembre 2009

Marie fait une expérience qui pourrait être la nôtre: Luc 1:39-45 dimanche 20 décembre 2009


Luc 1


39 En ces jours-là, Marie partit en hâte vers la région montagneuse et se rendit dans une ville de Juda. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41 Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son ventre. Elisabeth fut remplie d'Esprit saint 42et cria :

Bénie sois-tu entre les femmes,

et béni soit le fruit de ton ventre !

43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? 44 Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon ventre. 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira !


La meilleure des choses qui puisse se produire dans la vie d’un homme, c’est de vivre une expérience semblable à celle qui nous est racontée ici au sujet de Marie. Cette expérience peut se produire en lui toutes les fois qu’il a conscience que Dieu intervient dans sa vie. Elle ne fait pas de lui quelqu’un d’exceptionnel, car cette expérience est tout à fait habituelle pour un homme de foi. Marie, dans un premier temps a découvert que Dieu s’est fait si proche d’elle qu’il est venu habiter en elle. Il est donnée à beaucoup de croyants de faire un rencontre avec Dieu de la même nature. Seulement, pour Marie, ce qui est unique et exceptionnel, c’est que cette expérience s’accompagnera de la certitude que l’enfant qu’elle porte deviendra le « Sauveur du monde » . C’est sur ce point que son expérience diffère de la nôtre et en fait un événement unique.


La première chose que Marie constate, c’est que Dieu avait décidé de venir habiter en elle. C’est parce qu’elle a fait cette première expérience et qu’elle en a été complètement transformée que le Seigneur a pu mettre son empreinte en elle et que la suite, c’est à dire la naissance du messie, sera possible. Pour chacun de nous Dieu place également son empreinte en nous, et ce qui nous est demandé est propre à chacun de nous. Quant à Marie, nous savons déjà ce que Dieu lui a demandé : il s’agira de porter celui qui sera son fils.


La suite va prendre une dimension plus symbolique. Marie aurait pu partager son émotion avec Joseph son époux, mais contrairement à notre logique, c’est vers Elisabeth sa parente qu’elle porte ses pas. Pour cela elle doit la rejoindre à l’autre bout du pays. Nous allons tenter de découvrir tout ce que cela signifie. Les réponses que nous apporterons serviront peut-être à consolider notre foi ?


Nous sommes obnubilés par le personnage de Marie, nous lui réservons une place particulière parce que la tradition l’a chargée de valeurs spirituelles considérables, qui ne sont d’ailleurs pas les mêmes suivant l’église à la quelle nous nous référons. Il nous paraît donc difficile de nous comparer à elle et de nous approprier des valeurs qui semblent lui appartenir. Pourtant, l’expérience de Marie a des points communs avec les nôtres, c’est ce que nous avons suggéré dès le début de ce propos. Évidemment, l’Evangile a apporté un relief particulier à ce récit si bien qu’il semble ne pas nous concerner. La visite solennelle de l’ange établit entre nous et elle une barrière que nous ne pouvons pas franchir au risque de passer pour un fou. Il en va de même pour la mission que reçoit Marie. Cette mission est unique et ne peut en aucun cas se comparer aux missions que nous pourrions recevoir au cours des expériences spirituelles que nous aurions pu faire.


Cependant, après avoir écarté tout le merveilleux du récit, nous pouvons sans doute constater que Marie a fait une expérience que beaucoup pourraient comparer à la leur. Quiconque a fait une rencontre avec Dieu trouvera des points communs avec l’événement qui a bouleversé la vie de Marie. Il y a dans la vie de chaque croyant un moment privilégié où il prend conscience de la réalité de Dieu.


Cette expérience est propre à chacun et s’ impose à lui comme une certitude selon laquelle Dieu frappe à la porte de son cœur et mobilise toute sa personne. Non seulement Dieu se manifeste à lui mais s’installe au plus profond de son être pour devenir un interlocuteur privilégié.


Dieu fait corps avec lui et devient partie prenante de son intériorité. Si pour Marie la réalité de Dieu a pris corps en elle pour devenir le Messie, il n’en demeure pas moins que pour nous, Dieu se fait aussi présent en nous mais d’une manière spirituelle seulement. Il ne s’incarne pas de la même façon, bien évidemment, mais il n’en demeure pas moins qu’il se fait « présent en nous. » Ainsi nous devenons aptes à saisir la réalité du Messie qui sortira du corps de Marie. C’est parce que l’expérience de la « conversion » est une expérience de même nature que celle de Marie que nous pouvons saisir tout le mystère de l’incarnation.


Après cette expérience particulièrement forte, Marie toute possédée par Dieu et porteuse du futur Messie part vers les hauteurs de Judée auprès d’Elisabeth sa parente. Elisabeth n’est pas seulement sa parente, elle porte, elle aussi un enfant dans son sein, le futur Jean baptiste. Il sera le dernier des grands prophètes de jadis, en lui se récapituleront toutes les promesses que Dieu avait faites depuis Abraham. La rencontre des deux femmes établit un lien de continuité entre ce qui a été et ce qui sera. Tout le mystère de Dieu se récapitule en Jean baptiste et se prolonge en Jésus. Nous savons sans doute tout cela, mais ce que nous ne réalisons pas forcément c’est qu’il est dit que Marie monta vers sa cousine.


S’il est dit que Marie monte, ce n’est pas seulement pour apporter une précision de géographie. Les montagnes de Judée où réside Elisabeth ne sont sans doute pas plus élevées que les montagnes de Galilée où réside Marie. Son déplacement vers le haut n’a pas une valeur spatiale mais une valeur spirituelle. Marie en venant voir Elisabeth mère de Jean Baptiste vient se charger auprès d’elle de toute la tradition qu’elle porte en elle. Elle s’enrichit de tout ce que la révélation passée a pu apporter aux hommes et qui se récapitulent dans la personne de Jean Baptiste. En s’enrichissant elle-même, elle enrichit également l’enfant qu’elle porte en elle. Par cette visite de sa mère à Elisabeth, Jésus s’approprie toute la tradition par laquelle Dieu a façonné son peuple au cours des siècles.


Fondé sur cette expérience, le nouveau croyant qui découvre la réalité de Dieu au cours d’une expérience spirituelle qui lui est propre est invité à suivre le même itinéraire que Marie puisque leurs expériences se ressemblent. Pour s’approprier le mystère de Dieu qui cherche à habiter en lui il doit à son tour s’imprégner de la révélation qui était avant lui et qui réside dans les Ecritures dont Jésus lui-même sera l’aboutissement. Le nouveau croyant doit habiller sa foi de toute la tradition biblique façonnée par tous ceux qui l’ont précédé.


Quand nous percevons la présence de Dieu en nous, ce n’est pas pour devenir un électron libre, comme si notre nouvelle expérience nous mettait à part de nos frères humains. Notre expérience spirituelle ne nous dispense pas de celle que d’autres ont fait avant nous depuis des siècles voire des millénaires. Nous devenons un maillon de l’immense chaîne de témoins, qui a commencé le jour où Abraham a entendu l’appel de Dieu et qui s’achèvera un jour qui ne nous est pas révélé. Nous ne sommes pas pour autant, ni plus forts, ni plus nobles ni plus sages que les autres.


La découverte de la foi en nous, nous fait suivre le même itinéraire que Marie. Elle portait en elle le Messie, celui dont l’action révolutionnera la condition humaine. A notre tour, quand Dieu se manifeste en nous, c’est pour nous incorporer à la longue lignée des témoins qui portent chacun à sa manière un des aspects du Messie dont le monde a besoin, car Jésus a besoin de chacun des croyants de ce temps pour être accessible au monde contemporain. A la différence de Marie qui a porté physiquement le Christ, nous continuons cependant à le porter spirituellement aujourd’hui pour qu’il soit présent au monde. C’est dire que la rencontre que Dieu fait avec nous ne se fait pas à usage interne. Nous ne devenons pas seulement croyants pour enrichir notre vie d’une expérience nouvelle. Notre expérience spirituelle ne peut pas être un événement dont nous pourrions faire état pour nous valoriser. Il est impossible d’être un croyant dont la foi serait à usage interne. C’est ce que dénonçait Rick Warren dans le Réforme du 26 novembre quand il disait qu’il y a des croyants qui ont une grosse tête et un gros derrière pour s’asseoir dessus mais qui ont de toutes petites mains, de touts petits pieds et un tout petit cœur.


Notre incorporation à la longue série des croyants nous met en contact avec ceux qui avant nous ont fait l’expérience de la rencontre avec Dieu et avec ceux qui à leur tour feront la même expérience sans l’avoir faite encore. C’est peut être à notre contact qu’ils découvriront que Dieu cherche à les rencontrer. Dieu a pour cela

un but précis, celui de donner du sens à la vie de chacun. Il nous invite alors, à être au service de l’événement afin de le faciliter quand il se produira. Pour cela, il nous suffit, comme l’a fait, Marie de se laisser emplir du saint Esprit et de le laisser orienter notre existence dans la direction qui sera toujours la bonne.









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