mardi 10 novembre 2009

Les projets de Dieu pour les hommes : Jérémie 33/14-22 dimanche 29 novembre 2009





Jérémie 33:

14 Des jours viennent — oracle du SEIGNEUR — où j'accomplirai la promesse que j'ai faite à la communauté d'Israël et à la communauté de Juda. 15 En ce temps-là, à ce moment même, je ferai croître pour David un rejeton légitime qui défendra le droit et la justice dans le pays. 16 En ce temps-là, Juda sera sauvée et Jérusalem habitera en sécurité. Voici le nom dont on la nommera : « Le SEIGNEUR, c'est lui notre justice. »

17 Ainsi parle le SEIGNEUR : Il ne manquera jamais aux Davidides un homme installé sur le trône de la communauté d'Israël. 18 Il ne manquera jamais aux prêtres lévitiques des hommes qui se tiendront en ma présence, faisant monter les holocaustes, brûlant des offrandes et célébrant des sacrifices tous les jours. 19 La parole du SEIGNEUR s'adressa à Jérémie : 20— Ainsi parle le SEIGNEUR — si vous réussissez à rompre mon alliance avec le jour, et mon alliance avec la nuit, en sorte que le jour et la nuit n'arrivent plus au moment voulu, 21 alors mon alliance avec mon serviteur David sera également rompue ; il n'aura plus de descendant régnant sur son trône. Il en sera de même pour mon alliance avec les prêtres lévitiques, mes ministres.




Il est difficile aujourd’hui de parler de Dieu, car le monde scientifique a considérablement réduit sa sphère d’influence. A l’opposé les mouvements intégristes nous assurent de son omniprésence et lui donnent un aspect redoutable, difficile à accepter, si bien que les croyants préfèrent ne plus du tout parler de Dieu si non dans les sphères privées de leurs églises. Dieu semble pris au piège par notre société moderne, mais qu’on se rassure il ne laissera pas l’homme prendre le pas sur lui.

A y regarder d’un peu plus près, c’est une toute autre image de Dieu que nous donnent les Ecritures. Elles nous présenteraient plutôt le monde comme enveloppé dans un univers de sollicitude que Dieu ne se lasserait pas d’aménager pour le mieux être des hommes. Il nous est dit qu’il déploie des trésors d’ingéniosité pour que la planète se développe harmonieusement. Inutile de dire que ce dernier propos fait figure d’utopie aux oreilles du commun des mortels tant on a l’impression aujourd’hui d’être ballottés dans une réalité où tout semble aller de travers. Il faut avoir une sérieuse dose d’optimisme pour imaginer que Dieu veille sur le monde avec le même amour que celui que manifesterait un Père ou une Mère pour ses enfants.

C’est justement ce mot d’amour qui nous gène le plus car il est galvaudé et utilisé à tort et à travers. C’est pourtant ce même mot que Jésus a utilisé pour définir Dieu : « Dieu est amour » dit-il. Selon l’Evangile, Dieu a une capacité à s’extraire de lui-même pour aller vers un ailleurs qui serait l’humanité. C’est ainsi que Dieu vient à la rencontre des hommes. C’est par cette pratique commune de l’amour que l’homme découvre qu’il est fait à l’image de Dieu qui partagerait ainsi avec lui ce qu’il y a de meilleur en lui. Trèves de banalité dira l’observateur attentif qui cherche à voir comment cette aimante réalité de Dieu se répand sur le monde.

Il sera d’abord frappé par les dysfonctionnements. Ce sont d’abord les inégalités entre les peuples qu’il constatera, même s’il en attribue la responsabilité aux hommes eux-mêmes et non pas à Dieu. Même si les famines sont également causées par les hommes, il se demandera pourquoi Dieu n’intervient pas. Il constatera aussi que les épidémies, les violences de la nature, les crashs et autres catastrophes n’ont pas l’homme pour origine et n’ont pas pour cause l’amour et la bonté de Dieu.

Même si l’homme porte une lourde responsabilité, dans la mauvaise gestion du monde, nous constatons cependant que Dieu vient vers lui, et que leur rencontre produit son effet. L’altruisme de Dieu qui se manifeste chez l’homme par une provocation à l’amour laisse en chaque homme une empreinte qui va conditionner toute son existence. Plusieurs possibilités s’offrent à lui. Ou bien, il utilisera cette capacité d’amour qui s’installe en lui pour s’aimer lui-même et alimenter son propre égoïsme ou alors il entretiendra avec Dieu une relation d’intimité qui lui permettra de prendre en charge les projets que Dieu lui inspire

Il y a donc en nous cette empreinte de Dieu qui se manifeste par l’amour dont nous sommes capables et dont nous pouvons faire un bon ou un mauvais usage. Nul plus que Jésus n ’a contribué à nous mettre sur la voie du bon usage que nous pouvons en faire. Si l’amour de Dieu nous a marqué depuis notre origine, il nous appartient de chercher à l’imiter pour le mettre en valeur de telle sorte que nous contribuions à épanouir la vie de tous ceux qui croisent notre chemin. Ainsi nous réaliserons la vocation qui nous est donnée par les Ecritures.

Nous pourrions maintenant nous arrêter sur ce constat en nous demandant si la capacité à aimer les autres répartie dans toutes les âmes de bonne volonté de la planète sera plus forte que la résistance que lui oppose la masse de ceux qui ne cherchent qu’à s’aimer eux-mêmes. Dans le premier cas, il sera évident que les projets d’avenir pour un monde de paix et de prospérité prévus par Dieu se réaliseront, car Dieu compte sur nous pour les mettre en œuvre. Dans le cas contraire, le projet de Dieu tournera court. Mais il est à parier que Dieu est capable, dans son amour incommensurable de formuler de nouveaux projets susceptibles de sauvegarder la plus grande partie de l’humanité qui seront mis en œuvre par la minorité capable d’amour désintéressé.

Cette manière de voir les choses, n’est pas le fait d’une théologie moderne et récupératrice qui chercherait à formuler une nouvelle approche face à un affadissement du christianisme. Elle était déjà inscrite dans la vision de l’avenir telle que la formulait le prophète Jérémie. Il l’exprime dans le texte qui sert de support à ce sermon et dans lequel il laisse transparaître un souffle prophétique qui prend une dimension bouleversante.

Il vivait dans une époque tout aussi troublée que la nôtre. Il a assisté à la chute de Jérusalem sous les assauts des armées babyloniennes. Il a vu la mort du dernier roi et il a assisté au départ en exil d’une grande partie de son peuple. Pourtant, malgré les catastrophes dont il fut témoin il a su conserver une vision positive des choses. Il a gardé sa confiance en Dieu qui semblait totalement absent du désastre final.

Dans la première partie de son message que nous avons lu, il formule clairement le projet de Dieu sur Israël. Il prête à Dieu des paroles fortes qui scelleront l’avenir en s’appuyant sur le maintient de la famille royale et la fidélité de ses sujets. Ce projet s’étendra au-delà des murs de Jérusalem pour servir de témoignage à l’intention des peuples qui verront dans cette attitude la vraie dimension de Dieu. C’est à cause de cette vision des choses que l’on a pu dire que Jérémie était le prophète des nations. Sans doute peut-on dater cette prophétie des meilleures années du règne du roi Josias, le roi réformateur.

Les choses ne vont pas se réaliser, nous le savons. L’euphorie des années de Josias va disparaître avec l’assassinat du roi et l’incapacité de ses successeurs à maintenir un régime stable. Tout sera anéanti dans la tourmente et le projet de Dieu qui avait été prévu pour durer par s’effondrera.

Certes, Jérémie avait prévu cette éventualité; le projet de Dieu reposait sur la fidélité de son peuple. Tous devinrent infidèles : Le roi, le peuple le clergé. Il ne restait plus personne pour défendre la cause de Dieu qui s’effondra avec les murailles. Dieu semblait désormais absent de l’histoire.

L’histoire ne s’arrête pas là. Il faudra le discernement de nouveaux prophètes pour comprendre que l’échec de l’exil n’était pas la fin de Dieu. Dieu n’était pas mort comme on pouvait le craindre avec la catastrophe et avec l’espérance qui se mit lentement à renaître, de nouveaux projets de Dieu furent formulés. De nouveaux fidèles se tinrent à nouveau les coudes et la foi se formula en d’autres termes, un temps nouveau s’apprêtait à naître et l’exil prit fin.

Ce récit vient aujourd’hui jusqu’à nous pour nous dire que le silence de Dieu n’est qu’en apparence. Si Dieu se tait c’est que les peuples apeurés ou en furie couvrent le son de sa voix et occultent même sa présence. Mais Dieu ne cesse de parler. Il parle jusqu’à ce que les hommes deviennent à nouveau capables de l’entendre. Il formule des projets porteurs d’espérance. Il ne se lasse pas de le faire en attendant que des hommes soient à nouveau capables de les discerner et se mettent à l’ouvrage.

Dieu est Toujours à la recherche d’hommes et de femmes pour mettre en œuvre ce qu’il projette. Il s’appuie toujours sur le petit reste capable d’amour et il espère qu’il contaminera le grand nombre d’indifférents pour que de nouveau projets puissent se mettre en œuvre. Qui donc parmi les croyants trouvera des raisons de s’inquiéter ? Personne bien sûr. Cela ne nous empêchera pas de penser qu’il serait plus simple que les hommes entrent en masse dans le projet de Dieu ! Mais si cela ne peut se faire Dieu le fera quand même avec le petit nombre de ceux qui sauront entendre et comprendre ce que Dieu souhaite faire. Nos églises sauront-elles découvrir les projets que Dieu est actuellement en train de créer ? Je ne sais, mais c’est en tout cas ce que Dieu souhaite.

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