samedi 24 octobre 2009

La venue du Fils de l'homme Marc 13 /24-32 dimanche 15 novembre 2009



La venue du Fils de l'homme

24 Mais en ces jours-là, après cette détresse-là,
le soleil s'obscurcira,
la lune ne donnera plus sa clarté,
25 les étoiles tomberont du ciel,
et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel, ceux qu'il a choisis.
La parabole du figuier
28 Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu'il est proche, aux portes.
30 Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Dieu seul connaît le moment de la fin
32 Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais le Père seul.



D’un bout à l’autre de la planète, on entend monter la même rumeur selon laquelle le monde serait pris de folie autodestructrice. L’air est devenu irrespirable par temps calme, l’eau est imbuvable en maints endroits, les glaces des pôles diminuent et les réserves en énergie fossiles s’épuisent. La jeunesse déstabilisée ne suit plus les voies de ses pères. Le tiers monde affamé cherche refuge chez les peuples nantis qui les refoulent. Le monde est malade de l’homme et ceux qui désespèrent ne trouvent plus que la voie du suicide pour changer les choses. Les conférences internationales, incapables d’apaiser les tensions, confortent les masses dans l’idée qu’il est impossible de remédier à la situation.

J’aimerais pourtant dire des choses rassurantes, mais je suis obligé de constater que non content d’être un prédateur pour la planète, l’homme apparaît aujourd’hui, comme un prédateur pour lui-même en mettant en danger l’avenir de l’humanité. Les églises en perte de vitesse se taisent tandis que les tenants des sectes se frottent les mains car les événements semblent donner raisons à leurs prédictions alarmistes.

Les hommes politiques attendent impuissants, tels sœur Anne espérant du haut de sa tour un libérateur qui ne vient pas. Tout cela se déroule dans un climat de crise mondiale dont les plus modestes font encore les frais. Comment alors apporter une bonne nouvelle au nom de l’Évangile dans ce climat de confusion et d’incertitude générale ? Qu’espérer de Dieu ?

Malgré ces propos désabusés, il me faut relever que certains pensent que le salut viendra de l’homme lui-même et que Dieu est capable d’inspirer des solutions salutaires aux hommes de bonne volonté. Une telle opinion est conforme à l’Évangile et c’est bien évidemment elle que nous allons creuser. C’est également l’impression que les croyants pourraient tirer du film de Nicolas Hulot (1) sorti il y a déjà quelques années sur nos écrans. Selon lui, nous serions embarqués avec les passagers du Titanic fonçant vers l’iceberg fatal. Cependant il est encore temps, selon lui pour qu’un pilote averti modifie le cap du navire.

C’est donc le moment de se tourner vers les Ecritures et d’essayer d’écouter ce que dit le texte de ce jour. S’il nous in-sécurise par ses descriptions de la fin du monde, c’est sans doute parce qu’il a entremêlé plusieurs descriptions qui sont en contradictions les unes avec les autres.

Il emprunte d’abord une vision à Esaïe où il décrit des événements cosmiques inquiétants : la lune s’obscurcira, les étoiles tomberont... puis il cite le prophète Daniel disant qu’alors viendra le fils de l’homme. Il raconte ensuite comment le bon observateur des choses peut repérer la venue du Fils de l’homme. Selon lui, il est aussi évident de repérer la venue du Fils de l’homme que de constater la venue du printemps.

Mais parle-t-il vraiment de la fin des temps? C’est l’impression qu’il donne, mais à y regarder d’un plus près, nous constatons qu’il dit que nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils. Ce n’est donc pas de cela qu’il parle. Cette question de la fin du monde ne le concerne pas vraiment, et nous n’avons donc pas à nous la poser.

Mais alors de quoi parle-t-il dans cette histoire d’étoiles qui tombent ou de ciel qui s’obscurcit? Pourquoi dit-il encore que c’est aussi évident que la venue du printemps? En fait, il ne parle pas de la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme. Le Fils de l’homme c’est lui, le Messie et sa venue devient réalité quand chacun et chacune de nous prend conscience que Dieu travaille en lui. Cette découverte du fait que Jésus est le fils de l’homme, celui par qui Dieu accomplit son œuvre en nous, se fait dans notre temps, au cours des événements de notre temps.

Mais nous avons tendance à pratiquer l’amalgame. Nous avons pris l’habitude de confondre, en un seul et même événement le retour du Christ, la fin des temps et l’action que Jésus mène en nous depuis sa résurrection.

Cela fait partie d’une longue tradition, de penser que la fin catastrophique du monde correspond à la venue du Messie. La théologie juive, contemporaine de Jésus nous a maintenus dans cette confusion qui ressort de certains textes bibliques et qui mêlent la bonne nouvelle de la résurrection et l’attente eschatologique du retour du Messie. Pour la pensée juive le Christ doit arriver à la fin des temps, et nous avons fait entrer cette conviction dans notre propre manière de penser. Nous avons oublié que l’action que le Christ mène en nous est actuelle. Elle se passe dans le quotidien de notre vie de tous les jours. Elle correspond à la venue du Messie en nous et non pas à ce que les juifs conçoivent. Cela ne s’accompagne pas d’une catastrophe finale.

En effet si la foi chrétienne affirme que le Christ sera présent à la fin des temps, elle affirme aussi, et c’est l’essentiel de notre foi, que depuis la Pentecôte, le Christ ne cesse pas d’être présent parmi nous. Il est dans un perpétuel retour qui ne s’achèvera qu’au terme de l'histoire du monde. Ainsi Jésus ne répond pas dans ces textes à la question qui nous hante: Comment tout cela va-t-il finir ? Il nous interroge seulement pour savoir comment nous percevons sa présence dans notre vie et dans le monde.


Les grandes catastrophes dans l’histoire des hommes ont toujours troublé les esprits. Quand elles se produisent Dieu ne nous prive ni de son Esprit, ni de sa présence. Il nous rappelle que quand les violences sont déchaînées, quand les atrocités voilent pour un temps la présence de Dieu et quand les cris d’horreur couvrent sa voix, le Fils de l’homme c’est à dire Jésus Christ reste près de nous sans jamais nous priver du soutien de son Esprit. Il continue à agir auprès de ceux qui croient sans que les hommes ne le voient ni ne l’entendent.

Si les événements contraires sèment la terreur et la mort sur leur passage, Dieu continue à maintenir ouvertes les portes de son Royaume pour accueillir ceux qui brutalement cessent de vivre. Même quand la mort est victorieuse, Dieu se présente toujours comme le vainqueur de la mort. Jésus nous a toujours dit que notre vie n’était pas seulement de ce monde. Il nous a habitués à croire que nous étions promis à la résurrection et il ne veut pas que nous perdions cette assurance même si la folie des hommes ou des éléments s’empare pour un temps de l’histoire.

Dieu laisse les hommes conduire l’histoire du monde, c’est pourquoi il parait parfois absent mais il continue silencieusement à inspirer, conduire et diriger ceux qui se confient en lui. Seuls les croyants ont alors le privilège de le reconnaître et de l’entendre, et c’est parce qu’ils l’entendent qu’ils ne cessent pas d’espérer.

Dans les événements les plus destructeurs, le Christ reste maître de la situation, même si on ne le voit pas. Au milieu de ces événements, il nous apprend à discerner les vérités. Ce n’est donc pas Dieu qui provoque les éléments dramatiques de notre histoire, c’est l’égarement des hommes qui s’écartent de Dieu. En contrepartie, Dieu compte sur nous pour savoir assumer nos responsabilités d’hommes.


Arrivé là dans mon propos, je rejoins bien volontiers Nicolas Hulot pour dire qu’il est urgent de changer notre regard sur les choses de ce monde et d’œuvrer, là où nous sommes pour modifier notre action dans la gestion des affaires dont nous avons la charge. Depuis la première page de l’Évangile Jésus ne nous a-t-il pas dit que l’avenir appartenaient à ceux qui voyaient les choses avec le regard de Dieu qui fait des pauvres ses amis et qui cache son visage dans celui des déshérités. Il est encore temps de le faire car il n’est jamais trop tard pour se mettre à une écoute efficace de l’Évangile. L’Évangile ne nous dit pas que le monde est perdu, mais qu’il est destiné à être sauvé. Il nous dit aussi que le salut passe par un changement profond de tout notre être à commencer par notre regard sur les autres.




(1) le syndrome du Titanic

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