mardi 11 août 2009

La vérité sur Dieu et sur l'homme Marc 7:1-23 dimanche 30 août 2009






Marc 7/1-23


1 Les pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent autour de lui. 2 Ils voient quelques-uns de ses disciples manger avec des mains souillées, c'est-à-dire non lavées. 3— Or les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être soigneusement lavé les mains, parce qu'ils sont attachés à la tradition des anciens. 4 Et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après avoir fait les ablutions rituelles. Ils sont encore attachés à beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le bain rituel des coupes, des cruches, des vases de bronze et des sièges. — 5 Les pharisiens et les scribes lui demandent : Pourquoi tes disciples mangent-ils avec des mains souillées, au lieu de suivre la tradition des anciens ?

6 Il leur dit : Esaïe a bien parlé en prophète sur vous, hypocrites, comme il est écrit :
Ce peuple m'honore des lèvres,
mais son cœur est très éloigné de moi ;
7 c'est en vain qu'ils me rendent un culte,
eux qui enseignent comme doctrines
des commandements humains.
8 Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des humains. 9 Il leur disait : Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. 10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et : Celui qui parle en mal de son père ou de sa mère sera mis à mort. 11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : « Ce que j'aurais pu te donner pour t'assister est korbân — un présent sacré » 12— vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère ; 13 vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous avez transmise. Et vous faites bien d'autres choses semblables.

14 Il appela encore la foule et se mit à dire : Ecoutez-moi tous et comprenez. 15Il n'y a rien au dehors de l'être humain qui puisse le souiller en entrant en lui. C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. [ 16]
17 Lorsqu'il fut rentré à la maison, loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette parabole. 18 Il leur dit : Etes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui, du dehors, entre dans l'être humain ne peut le souiller ? 19 Car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, avant de s'en aller aux latrines. Ainsi il purifiait tous les aliments. 20 Et il disait : C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. 21 Car c'est du dedans, du cœur des gens, que sortent les raisonnements mauvais : inconduites sexuelles, vols, meurtres, 22 adultères, avidités, méchancetés, ruse, débauche, regard mauvais, calomnie, orgueil, déraison. 23 Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l'être humain.



Que de crimes n'ont-ils pas été commis au nom de la vérité! Combien d'hommes et de femmes n'ont-ils pas perdu la vie parce qu'ils n'étaient pas en accord avec la vérité telle qu'elle était perçue à l'époque où ils vivaient! Depuis toujours, certains hommes se sont érigés en censeurs de leurs frères au nom de la vérité et en particulier de la vérité sur Dieu.

Mais sur quoi s’appuie-t-on pour savoir quelle est la vérité sur Dieu ? Elle repose semble-t-il sur la tradition que les hommes se transmettent de générations en générations et qui porte en elle le contenu de ce que l’on croit être la vérité sur Dieu. Elle s’appuie sur l’expérience des plus anciens témoins qui a été confirmée par l’expérience de ceux qui les ont suivis et qui ont ainsi créé une chaîne sans fin qui remonte à des origines qui se perdent dans la nuit des temps pour parvenir jusqu’à nous.

De grands événements tels que le don de la loi au Sinaï ou la résurrection de Jésus viennent apporter des fondements solides à cette tradition. Mais si on perd la trace des premiers témoins tels Abraham ou les patriarches, les générations qui leur ont succédé sont devenues de plus en plus fiables à mesure que l’on se rapproche de la nôtre.



Evidemment, au cours des siècles, certains témoins ont apprécié différemment des autres, les témoignages reçus. Ils ont même discrédité, parfois à juste titre, les témoins qui les précédaient et cela a donné les schismes et les divisions que l’on connaît aujourd’hui. Mais tous, avec les nuances que l’on vient de formuler étaient les témoins de la vérité sur Dieu. En dépit de ce que je vais dire par la suite, je m’inscris moi aussi dans cette longue lignée de ceux qui se veulent témoins de la vérité sur Dieu.

Cependant, si on se réfère à l’enseignement que Jésus donne au chapitre 7 de l’Evangile de Marc qui sert de support à ce sermon, il n’est pas sûr que Jésus donnerait son approbation à la notion de vérité sur Dieu telle que j’ai essayée de la définir. Jésus semble ne pas reconnaître à la tradition la vertu de transmettre la vérité sur Dieu. Il la récuse même au nom de la faculté de notre cœur à discerner la vérité. Il donne au cœur de l’homme une fonction déterminante pour discerner les voies de Dieu. C’est aussi le cœur de l’homme qui a capacité à nous détourner de Dieu et non le manquement à la tradition.

Jésus s’en prend donc à la pratique de ses contemporains qui bâtissaient leur vérité sur Dieu à partir de la tradition. Ils s’appuyaient sur les règles de piété définies par Moïse dans la stricte observance des lois sur le pur et l’impur. Déroger à la règle correspondait à une offense à Dieu qui l’avait instaurée par la voix du patriarche. Ses écrits étaient contenus dans la loi, dictée par la bouche de Dieu lui-même et pieusement conservée dans l’arche de l’Alliance, elle-même déposée dans le lieu Très saint du sanctuaire du Temple de Jérusalem. C’est donc à ce monument de la tradition qui réglait toute la vie de la communauté que s’en prenait Jésus au nom même de la vérité sur Dieu.

En fait Jésus ne s’en prenait pas vraiment aux règles du pur et de l’impur. Il ne leur reconnaissait pas de qualités susceptibles de transmettre des vérités sur Dieu. Jadis, la tradition sur laquelle Moïse et ses successeurs s’étaient appuyé, avait inscrit dans les nécessités religieuses les règles d’hygiène que l’expérience leur avait apportée : nécessité de se laver les mains avant de manger, interdiction de consommer de la viande de porc, circoncision des garçons et des centaines d’autres obligations… Toutes ces règles avaient pour but de préserver la vie. Dieu étant le Dieu de la vie, il était normal qu’il ait autorité sur les règles alimentaires, mais celles-ci n’avaient cependant aucune qualité pour dire quoi que ce soit sur la nature de Dieu ni sur ses exigences. Si le fait de ne pas manger de viande de porc était une prescription qui permettait de ne pas tomber malade, elle était bonne, mais en quoi servait-elle la cause de Dieu ? Si les règles alimentaires favorisaient la santé des hommes et que leur non-respect pouvait les rendre malades, cela ne pouvait en aucun cas les rendre mauvais ! ou irrespectueux de Dieu !

Quand les hommes sont mauvais et font du mal aux autres, ce n’est pas ce qu’ils mangent qui les rend mauvais, c’est ce qu’ils fomentent dans leur cœur, c’est ce qu’ils manigancent dans leur tête. C’est leur cupidité et leur avarice qui les rend mauvais. Cela vient du plus profond d’eux-mêmes. C’est là aussi que Dieu se plaît à nous visiter, et c’est en combattant avec nous contre nos mauvais penchants qu’il se révèle à nous comme notre « libérateur »

Si ce qui est mauvais en nous vient du plus profond de nous-mêmes, cela veut dire que chacun de nous est responsable de ce qu’il y a de mauvais en lui. S’il y a donc en lui la possibilité de provoquer des actions mauvaises, il y a aussi en lui la possibilité de provoquer des actions bonnes. Il est important de le dire, même si on est enclin à faire dire le contraire aux psy. de tout genre. Pour mener le combat contre nos penchants destructeurs, nous ne sommes pas seuls, c’est là que Dieu nous rejoint.

Dieu en prenant place en nous nous accompagne dans notre combat contre ce qui est mauvais et peut nous rendre meilleurs si nous le laissons faire. Ce combat se mène avec lui dans les parties secrètes de notre cœur qui restent invisibles à tout observateur de l’extérieur. Nul ne sait, en nous regardant, si nous sommes habités par Dieu. Ce serait une erreur de croire que parce que nous respectons les règles que la tradition nous a apportées, nous sommes habités par Dieu. Nul ne sait quelle est l’action de Dieu dans notre fort intérieur car ça ne se voit pas.

Or la curiosité malsaine des hommes voudrait que ça se voie. Si les règles alimentaires ont été proscrites dès le début du christianisme, d’autres traditions, toutes aussi incisives, se sont lentement imposées comme une nouvelle tradition dont le respect serait garant de la foi qui habitent les croyants. C’est ainsi que le respects de certaines règles et des pratiques sont requis pour faire figure de « bons chrétiens », si bien que du pur et de l’impur, on est passé du « visible au non visible » car selon nos critères il est nécessaire que la foi se voie.

C’est toujours un souhait de beaucoup de croyants de penser que ce qui est visible dans l’attitude des croyants serve de critère essentiel pour témoigner de la foi en Dieu. On pense que l’exemple de sa propre piété doit forcément amener ceux qui nous observent à se convertir et à croire en Dieu.

En fait, cela ne marche pas comme ça, car c’est au fond du cœur de l’homme que l’action de Dieu porte ses fruits. Personne n’a la possibilité d’accéder au cœur des autres, par contre, l’effet contraire peut se produire. Les mauvaises actions de ceux qui croient témoigner de Dieu en extériorisant leur foi peuvent nuire à l’action de Dieu dans le cœur des autres et créer des blocages tels qu’ils peuvent se détourner de Dieu.

Loin de mettre en cause les effets positifs des règles apportées par la tradition, Jésus nous rappelle que la seule chose nécessaire en matière de foi est celle qui se vit dans l’intériorité de son cœur. Il nous rappelle que c’est dans le secret de notre vie intérieure que se vit la réalité de la foi et que nul ne peut s’ériger en juge de la foi des autres et étayant son jugement uniquement sur ce qu’il voit.








Pagnol a fait dire au curé de Manon des Sources un sermon qui à sa manière va dans le même sens.
La source ne donne plus d’eau et Monsieur le curé fait alors son sermon, du haut de sa chaire.
...Quand j’étais jeune, nous avions un cousin qui s’appelait Adolphin, dit-il. Il ne venait jamais nous voir, ni pour les fêtes ni pour les naissances, même pas pour les mort,. mais de temps en temps, j’entendais mon père qui disait : "Tiens, voilà Adolphin qui s’amène ! Il doit avoir besoin de quelque chose !"...
Au moment de partir, quand il avait embrassé tout le monde, il disait : "A propos Félicien, tu n’aurais pas une charrue de reste ?"... Ou alors, son cheval avait des coliques. Mon père ne refusait jamais, mais je l’ai souvent entendu dire : "L’Adolphin, c’est pas un beau caractère !"...
Eh bien mes amis, ce que vous faites aujourd’hui au bon Dieu, c’est le coup de l’Adolphin ! Il ne vous voit presque jamais, et brusquement vous arrivez les mains jointes, le regard ému, tout estransinés de foi et de repentir.
Allez... allez...bande d’Adolphins !...
Le Bon Dieu, Il n’est pas naïf ! Il sait bien que vous êtes là parce que la source ne coule plus ! …Ces prières que vous avez la prétention de Lui faire entendre, ce sont des prières pour les haricots, des oraisons pour les tomates, des alléluias pour les topinambours, des hosannas pour les coucourdes !
Allez, tout ça, c’est des prières adolphines : ça ne peut pas monter au ciel, parce que ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé !"

Marcel Pagnol

Les illustrations sont de Pierre Yves Trémois : pour la naissance du surhomme : l'Apocalypse

Aucun commentaire: