jeudi 5 février 2009

La place de chacun dans l'Eglise Marc 2/1-12 pour le dimanche 22 février 2009

Marc 2:1-12

2 1 Quelques jours plus tard, Jésus revint à Capernaüm, et l'on apprit qu'il était à la maison l . 2 Une foule de gens s'assembla, si bien qu'il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. 3 Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d'entre eux. 4 Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit m au-dessus de l'endroit où était Jésus ; par le trou qu'ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. 5 Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. » 6 Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes : 7 « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il fait insulte à Dieu ? Qui peut pardonner les péchés ? Dieu seul le peut n ! » 8 Jésus devina aussitôt ce qu'ils pensaient et leur dit : « Pourquoi avez-vous de telles pensées ? 9 Est-il plus facile de dire au paralysé : «Tes péchés sont pardonnés», ou de dire : «Lève-toi, prends ta natte et marche» ? 10 Mais je veux que vous le sachiez : le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés. » Alors il adressa ces mots au paralysé : 11 « Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi ! » 12 Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l'homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d'étonnement ; ils louaient Dieu et disaient : « Nous n'avons jamais rien vu de pareil ! »







une maison palestinienne




Il n’est pas difficile de rejoindre par l’imagination cette foule tassée dans la maison qui tout à coup voit le toit s’ouvrir et un grabat descendre à l’aide de cordages d’entre les poutres que l’on a disjointes. Il est logique de penser que quand on ne peut pas entrer par la porte, on entre par le toit. Mais ce sont les voleurs qui agissent ainsi. Ici cependant, ce n’est pas le cas, même si ceux qui cherchent à s’approcher de Jésus utilisent une technique que la morale humaine réprouve. Pourtant ici personne ne semble être choqué, ni le maître, ni personne dans l’assistance. Ceux qui viennent ainsi de percer le toit voulaient s’approcher de Jésus au plus près, en espérant qu’il pourrait rendre la vie et la santé à celui d’entre eux qui était paralysé. Ces nouveaux venus n’étaient cependant pas les bien venus, sans quoi la foule se serait écartée pour les laisser passer.

Cette dernière remarque laisse entendre que les choses n’étaient pas aussi simples qu’elles le paraissaient au premier abord. Et réfléchissant un tant soit peu on va découvrir que cette scène, apparemment toute simple, n’a pas du se produire de la manière dont elle a été décrite. A quoi peut donc ressembler cette maison dans laquelle la foule se presse ? La maison palestinienne typique de l’époque est en général assez petite, elle contient une ou deux pièces où se serrent les membres de la famille pour dormir ainsi que le petit bétail. Elle est couverte d’un toit en terrasse qui sert de pièce supplémentaire. Une telle maison est trop petite pour que s’y rassemble une foule. On nous signale pourtant que les scribes avaient trouvé le moyen de s’y asseoir. Quand le toit a été éventré, personne ne semble avoir été incommodé par les gravas qui n’ont pas manqué de tomber sur le gens rassemblés. On n’a pas, non plus, entendu les protestations d’un éventuel propriétaire.

D’autre part, si Jésus parlait à l’intérieur de la maison, ceux qui étaient dehors ne pouvaient pas l’entendre. La logique voudrait qu’il se tint sur le seuil, pour que ceux du dedans et ceux du dehors puissent l’entendre, mais il n’en était rien. En effet, c’est à l’intérieur que l’on avait descendu le malade pour qu’il soit mis en présence de Jésus, c’est donc que Jésus se tenait à l’intérieur. Tous ces éléments mis bout à bout semblent indiquer que la scène ainsi décrite ne colle pas avec la réalité.

On peut certes se dire que l’auteur de l’Evangile, Marc en l’occurrence, ne connaissait rien à l’habitat de Galilée et qu’il a laissé aller son imagination. On peut aussi se risquer à imaginer que tout cela est une allégorie en vertu de laquelle, la maison serait une figure de l’église au centre de laquelle se tient Jésus entouré des divers cercles de fidèles engagés. A l’extérieur, sur le seuil, se tiendraient les sympathisants, et plus loin encore les curieux plus ou moins intéressés. Parmi eux se trouve le paralytique. On reconnaît dans cette description la structure habituelle de la communauté chrétienne qui est encore valable aujourd’hui. On remarquera qu’il est déjà difficile de passer d’un cercle dans l’autre. On notera alors que les scribes, dont seuls les pensées sont connues de Jésus sont assis en position de responsabilité. Ce ne sont plus les scribes de la synagogue du temps de Jésus, mais les docteurs de l’église, les responsables de la communauté.

Si Jésus agit avec une totale liberté, bien que les pensées des responsables le désavouent, il ne peut se mouvoir à l’intérieur de la communauté aussi facilement qu’il le voudrait, c’est pourquoi ceux qui portent le malade sont obligés de ruser pour obtenir une place qui leur est contestée par les cercles proches de Jésus.

Nous assistons ici à un conflit silencieux qui n’est pas raconté, mais qui est suggéré par le récit. Les proches de Jésus font barrage entre lui et les solliciteurs qui ne font pas partie du cercle des intimes. Ici est posé la question de l’accueil dans l’Eglise que l’on aura tant de mal à régler. Faut-il imposer une confession de foi aux nouveaux venus, faut-il un acte de repentance ou le signe du baptême ? Jésus quant à lui reconnaît une confession de foi dans leur attitude

Pourtant, en agissant comme il l’a fait, Jésus a fait éclater les limites que les hommes donnent habituellement à leurs communautés religieuses. Il a accepté que ces intrus puissent se tenir au cœur de la communauté, à l’endroit où il se tient lui-même. Ces gens qui arrivent d’en haut viennent dans l’Eglise comme s’il était envoyés par le saint Esprit.

Nous avons vu, par les paroles que prononce Jésus, qu’il considère que leur action tient lieu de confession de foi. Il la considère comme assez authentique pour donner suite à leur demande. Il introduit alors le malade dans la communauté en lui pardonnant ses péchés, au grand damne de ceux qui ont autorité, car ceux-ci ne semblent pas reconnaître dans l‘attitude des solliciteurs une démarche de foi suffisante pour recevoir le pardon des péchés.

Jésus voit dans ce qu’il appelle « leur foi » la même chose que ce que nous définissons comme telle. Pour eux la foi se confond avec l’espérance. Ils espèrent que l’infirme va se trouver mieux, du fait de la présence de Jésus. Pour Jésus cette attitude est suffisante, car elle contient l’essentiel de la foi, c’est à dire la certitude que la présence de Jésus est porteuse de vie. Tout ce que, par la suite, les hommes rajouteront ne sera que commentaire. Curieusement, les autorités de l’Eglise s’attachent plus aux commentaires qu’à l’espérance de vie.

L’espérance de ces gens révèle qu’ils mettent leur confiance dans le Dieu dont Jésus parle. Or, le péché réside justement dans le fait que l’on est séparé de Dieu. Dans la mesure où ils ont manifesté leur foi de la manière que l’on vient de dire, ils ne sont plus séparés de Dieu. Il n’y a donc plus de barrière entre Dieu et eux. Jésus peut donc exprimer cette réalité en déclarant que le malade est pardonné. Il va de soi que le signe d’une vie meilleure, c’est la guérison, donc acte.

Maintenant quelles conclusions allons nous tirer ? C’est ce qu’il y a sans doute de plus difficile à faire. Il est normal que l’Eglise établissent des règles de fonctionnement sans quoi elle serait vite dépassée et ne pourrait plus se gérer. Il est claire aussi que l’attitude de Jésus manifeste que l’église doit toujours se sentir concernée quand elle est interpellée par des questions qui concernent la vie des hommes, car tout ce qui concerne la vie, concerne Dieu.

Ce récit doit sans doute rappeler à ceux qui ont autorité dans l’Eglise qu’ils doivent l’exercer avec discernement pour que personne ne soit lésé dans sa vie à cause des raisons dogmatiques qui prendraient le pas sur les questions de vie. Il paraîtrait impossible de ne pas recevoir dans nos rangs ceux qui croient que c’est le Dieu de Jésus Christ qui les fait vivre. Je laisse à chacun le soin d’examiner en conscience les situations où sa propre église ne respecte pas cette règle qui donne priorité en tous points à ceux qui se réclament de la vie telle que Dieu l’offre en Jésus Christ.

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