lundi 15 décembre 2008

Noël en prison 2008


Passer noël en prison est quelque chose de vraiment triste.
Avec un peu d'imagination, on peut penser qu'il y a quelques points communs entre le Noël que quelqu'un peut passer en prison et le Noël que l'histoire nous raconte avoir été celui de Jésus. L'enfant qui naît dans une étable ne doit la vie sauve qu'à l'exil forcé de ses parents sur une terre étrangère. C'est la même situation de rejetés qu'ils peuvent partager
Bien malin aurait été le témoin éventuel s'il avait pu imaginer le destin de l'enfant qui dort le premier soir de dans un caravansérail oriental et qui le lendemain se trouvera sur les routes de l'exil.

Le prisonnier serré dans sa cellule entre deux autres détenus peut comparer sa triste histoire avec celle non moins triste de l'enfant du voyage qui naît au hasard d'une étape.

Il se prend peut être à rêver, et peut-être découvrira-t-il qu'à l'instar de Marie il a été lui aussi visité par Dieu.
Ce sermon a été écrit pour le culte de Noël de cette année dans une prison parisienne. Le texte écrit est sans doute différent de la forme orale qu'il prendra le samedi 27 au cours de la célébration de Noël dans cette prison. Ce sera un prêche en français et traduit simultanément en anglais car les détenus anglophones protestants y sont les plus nombreux.

Vous qui lirez ces lignes ayez une pensée pour eux.

Je vous offre ce texte en avant première pour accompagner votre méditation.







Étrange histoire que celle de Noël. C'est l'histoire triste d'un Noël raté. Pourtant dans le monde entier, l'évocation de cette histoire suscite depuis longtemps des réjouissances spectaculaires. On est amené à penser que si cela dure depuis si longtemps, c'est que Dieu a quelque chose à voir dans cette histoire, mais quoi?
Vous savez tous l'histoire! Inutile de la raconter à nouveau dans le détail. C'est l'histoire d'un couple de pauvres gens qui n'ont pas eu de chance. Ils ont été contraints par les lois de leur pays de retourner dans leur village d'origine pour y être inscrits correctement sur le registre des impôts. Trop pauvres pour se payer l'hôtel ils aboutissent dans une étable pour y passer la nuit. Mais coup du sort, un ennui n'arrive jamais seul! La jeune femme enceinte doit accoucher au milieu des bestiaux.

Pas de lit pour l'enfant, un peu de paille et une mangeoire feront l'affaire. Des bergers qui étaient encore dehors entrèrent pour voir.
C'est alors que l'on a dit avoir entendu de la musique et qu'on a cru voir dans le ciel comme un orchestre d'anges. On a dit aussi que des princes étrangers, païens qui plus est, étaient venus de nuit pour apporter des cadeaux fabuleux. Mais qu'a-t-on fait de tout cet argent? Envolé? Jamais plus on en parlera! Quant aux anges et à la belle musique, ils se sont sans doute évanouis dans le ciel. Au petit matin on retrouve nos deux amis tout seuls dans le froid avec leur bébé.
La rumeur concernant cette étrange nuit parvint aux oreilles du roi. Il est inquiet, mais les rois sont toujours inquiets. Etait-ce la naissance d'un enfant roi issu de la ligné légitime? Qu'on le tue! L'enfant sera sauf, mais c'est d'autres qui mourront. Les parents déjà avertis étaient partis sur les routes de l'exil en se cachant.
C'est cette aventure que l'on célèbre chaque année depuis 2000 ans.
Pourquoi cette fête? On l'a déjà dit c'est parce que Dieu était dans le coup. On a dit que Dieu se cachait dans l'enfant, mais pourquoi faire?

Certains on fini par comprendre que c'était sa manière à lui de dire aux hommes qu'il voulait partager leur vie.
Ceux qui ont compris auraient du faire la fête et ils l'ont fait. Mais à vue humaine, ceux qui font la fête ne sont pas forcément ceux qui croient en Dieu. Ce qui est étrange c'est que des hommes fassent la fête pour un Dieu auquel ils ne croient pas. C'est peut être là le miracle?
Les hommes ont toujours eu du mal à comprendre que c'est Dieu qui vient vers eux et non le contraire. Ils pensent que c'est à eux d'aller vers Dieu, pour cela il faut en être digne. Il faut être bon et saint. Mais c'est le contraire que tout cela veut dire. Les hommes qui pensent ainsi ont tout faux.
On a dit que les bergers avaient fait la fête. Il faisaient pourtant partie du sous prolétariat de l'époque, mais ils ont compris que pour une fois, Dieu s'intéressait à eux et que cet événement allait tout changer: La preuve, c'est que les princes étrangers ont tout laissé, même si on ne sait pas ce qu'on en a fait de leurs cadeaux, car ils ont compris eux aussi que Dieu les attendaient à un tournant de leur chemin.
Pourtant si Dieu vient dans le monde, le monde ne change pas, car c'est dans le coeur des hommes que cela doit changer, et cela ne se voit pas forcément. Par contre, celui qui ouvre sa vie à Dieu et qui lui demande de l'aider à l'organiser, celui là comprend et peut se réjouir, même s'il n'a rien.
Il faut du temps pour comprendre cela.

Mais si on ne le comprend pas maintenant, on le comprendra l'an prochain, car chaque année, ça recommence. Chaque année, Noël nous rappelle que Dieu se propose de venir dans notre vie.
Si cette année, je ne suis pas prêt, ce sera l'an prochain.
Si aujourd'hui je suis encore trop révolté ou si j'ai trop de haine en moi, cela attendra.
Mais souviens-toi que Dieu a déjà frappé à la porte de ton coeur et il souhaite que tu ouvres, le plus tôt sera le mieux.


Bon Noël
















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